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Pour les amoureux du Liard de France


hpdp

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Dans un contexte extrêmement difficile de désordre monétaire, apparaît à la mi-année 1654, faisant suite à plusieurs projets ayant vu le jour dès 1647, le premier Liard de France dit au L couronné. D’un cours légal à 3 deniers tournois, frappé uniquement à Corbeil, bien que des poinçons aient été distribués également vers un certain nombre de villes de province, ce type de pièce n’aura qu’une existence éphémère constituant avec une production de l’ordre de 5200 unités, plutôt un essai ou une pré-série. L’émission d’un deuxième type intervient alors l’année suivante avec le Liard de France dit au buste juvénile dont la frappe s’étalera sur quatre ans.

Après la fin des guerres de la Fronde et le début de la campagne de Flandre, la royauté ne disposait plus que d’une quantité limitée d’argent frais. Elle afferme le 1er juillet 1654, la fabrication du nouveau liard à Isaac Blandin, l’autorisant pour une durée de six ans à sous-traiter et à ouvrir huit ateliers provinciaux installés souvent dans de très petites localités et distincts des ateliers officiels de la Monnaie dont les monnayeurs regardaient de très mauvais œil, ces concurrents qu’ils jugeaient avec raison peu scrupuleux. Un chiffre colossal de l’ordre 515 millions de pièces très souvent d’un poids nettement inférieur à celui officiellement prescrit, a du être frappé entraînant des désordres populaires, contraignant même certains centres de fabrication à des déplacements successifs. Sous la pression de son entourage et des Parlements, prenant enfin conscience du désastre, le roi se décidera à stopper la fabrication deux ans avant le terme accordé. Fabriqués pour partie à partir de cuivre neuf, pour autre partie de cuivre provenant de la refonte des anciens doubles tournois de Louis XIII, le Liard de France au type juvénile voit son cours ramené à 2 deniers puis un denier à la mi-1658 avant d’être refondu pour la très grande majorité à partir de 1692.

Un nouveau Liard de France, dit au buste àgé, au cours légal fixé à nouveau à 3 deniers tournois, fera son apparition en juin 1693. Il est prévu par la Cour des Monnaies que cette nouvelle fabrication devra être limitée à 80 millions d’unités soit 1 million de livres. La frappe en sera assurée partie par la réformation (frappe directe sur pièces de monnaie anciennes) de liards de 1654-1658 ou sur des flancs neufs tirés de leur refonte, ou encore de cuivre de récupération et même occasionnellement de la fonte des canons de Rochefort ! En réalité à la fin de son existence en 1701, le quota prévu sera largement dépassé; on comptabilisera une production d’environ 121 millions de pièces (dont plus d’un dixième à Paris seulement), chiffre très important certes mais bien éloigné de celui de son illustre prédécesseur !

De diamètre égal à 23 mm et d’un poids fixé officiellement à 4,079 g., la pièce en cuivre pur présente un contour circulaire régulier à l’état neuf, agrémenté sur les deux faces d’un grènetis (double exceptionnellement pour Lyon, 1656) et à tranche lisse. Comme nous l’avions déjà signalé pour le double tournois de Louis XIII, cet aspect initial et ces caractéristiques peuvent être altérées par fraude lors de la fabrication, usure ou encore rognage intentionnel.

Quatre types principaux sont distingués : le Liard de France au L couronné (avec buste juvénile) et ceux dits au buste juvénile, au buste àgé et au buste àgé nu (ce dernier d’un poids officiel de 3,824 g. et frappé uniquement à Lille de 1713 à 1715). Un Liard de France officiel au buste àgé du Béarn est aussi répertorié.

Sur le droit ou avers est figuré le buste du souverain couronné et drapé (bustes juvéniles), non couronné et cuirassé ou nu (bustes àgés), à différents àges de sa vie. Ce buste est toujours orienté vers la droite. La légende qui entoure le portrait est toujours, tout au moins pour les liards autres que ceux du Béarn, en français et peu variable. Elle est suivie par la date d’émission sauf pour le Liard de France au L couronné et certains liards au buste àgé émis à Rennes où la date se trouve placée exceptionnellement sous le buste.

Légendes de l’avers

LOVIS.XIIII.ROY.DE. FRAN.ET.NA.

Liard de France au L couronné

L.XIIII.ROY.DE.FR.ET.DE.NA. Millésime

Liards de France au .buste juvénile et rarement au buste àgé

L. XIIII.ROY.DE.FR.ET.DE.NAV. Millésime

Liards de France au buste àgé

L.XIV.ROY.DE.FR.ET.DE.NAV. Millésime

Liard de France au buste àgé pour Besançon, 1695,1698

L.XIIII.ROY.DE.FRANCE.ET.DE.NAV. Millésime

Liard de France au buste juvénile Chàtellerault, 1657

Au revers sont frappés soit : - un L couronné accosté de deux fleurs de lis, entouré de la légende LIARD DE FRANCE et surmontant la date d’émission séparée en deux par la lettre d’atelier (Liard de France au L couronné).

soit : - 3 fleurs de lis disposées en triangle à pointe dirigée vers le bas, dans la demi-partie inférieure et entourant la lettre d’atelier. La légende LIARD . DE . FRANCE sur trois lignes, occupe quant à elle la demi-partie supérieure (Liards de France de tous les autres types).

Nota : Les exemplaires à double grènetis et différent d’atelier D (Lyon) de 1656 possèdent un flanc plus large de 24,5 mm. et un revers ponctué de petites fleurs de lis.

Lettres, différents des ateliers royaux

PARIS, CORBEIL A TOULOUSE M

METZ AA , M couronné MONTPELLIER N

ROUEN,PONT DE L’ARCHE, ACQUIGNY B RIOM O

CAEN, St LO C DIJON P

BESANCON 2 C adossés NIMES,VILLENEUVE St ANDRE R

LYON, VIMY, NEUVILLE sur SAONE D REIMS S

TOURS, MEUNG sur LOIRE E TROYES S, S couronné, V

ANGERS (Faux?) (Atelier provisoire ?) F NANTES T

POITIERS, LUSIGNAN, CHÀTELLERAULT G AMIENS X

LA ROCHELLE H BOURGES Y

LIMOGES I GRENOBLE (Faux d’époque) Z

BORDEAUX K AIX &

BAYONNE L RENNES 9

LILLE L couronné , W

Trois graveurs ont participé à l’illustration des Liards de France de Louis XIV. Parmi eux, on retrouve Jean Warin à la réputation déjà établie sous Louis XIII et qui est ici l’auteur du beau portrait de Louis XlV juvénile. Certains numismates ont cru pouvoir déceler dans ce portrait un léger changement d’aspect de l’effigie qui de juvénile aurait pris au fil du temps (4 ans !) un aspect plutôt adolescent. Les deux autres graveurs auteurs de beaux portraits également, de Louis XIV àgé sont Joseph Röettiers, Graveur général depuis le 5 décembre 1682 et son cousin Norbert Röettiers (buste nu) dont hormis le lien de parenté, nous n’avons pas su trouver d’autre information. Trois autres membres de cette même famille dont un Graveur général, exerceront leur talent sous le règne de Louis XV !

Liard de France au buste àgé du Béarn

En cuivre pur et frappé en nombre limité à Pau entre 1694 et 1698, il se caractérise essentiellement par un avers à légende peut-être en latin, commençant à 10 ou 19 h. intitulée:

- L. (?) XIII.ROY.DE.FR.ET.DE.NAV. Millésime, selon les photographies consultées ou alors :

- LVD.XIII.D.G.FR.ET.NR ou N.R. Millésime, selon Frédéric Droulers 1987.

et surtout par son revers où une vache tournée vers la gauche occupe la place de la lettre d’atelier. Une très rare variété de 1695 présente cet animal au-dessous des fleurs de lis.

Peyre Gavoué

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  • 6 years later...
Invité Jean baboux

Bonjour

merci pour ces savantes informations.

Je cherche des informations sur l'atelier de Pont-de-l'Arche, avez-vous consulté le travail de Drouet ?

Très cordialement

JB

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  • 1 year later...

Bonjour hpdp, j' ai un liard triple frappe qui est déjà sur le forum. Je ne connais pas la technique de frappe

des liards qui n' est pas indiquée dans ce sujet. Je demande cela, si possible, car ce liard de Louis XIV

1693 A n' a de triple que la légende à l' avers or je viens de voir une double frappe de 1699 et c' est l' ensemble

(buste, légende) qui sont en double ???...

Par avance merci...

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Bonjour et merci hpdp pour la réponse.

Ma question consiste à savoir si pour le buste et la légende il existait

deux coins différents, apparemment c' est le cas ici or j' ai vu des double frappes

où bustes et légendes étaient décalés. Ce qui voudrait dire que les deux procédés

ont été appliqués.

Seule la légende est triple sur ce liard de 1693,  pas le buste.

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non, les coins sont toujours fabriqués d'un bloc, avec buste et légende, ce serait ingérable d'appliquer deux coins différents, les centrer et aligner, les frapper de façon à avoir une profondeur à peu près identique...

ce qui est possible c'est que certaines pièces mal venues aient été refrappés avec d'autres coins moins usés ou usés différemment.

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Invité
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