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TRESOR


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C'est l'histoire d'un vrai faux trésor. Une cagnotte de 220 deniers, déterrée il y a une trentaine d'années par un agriculteur de Bordeaux-en-Gàtinais (Loiret), et confiée par ses héritiers, pour expertise, au cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. Une fois nettoyées, les monnaies se sont révélées dater des XIe et XIIe siècles, provenir pour la plupart de Nevers, pour les autres de Sancerre, Orléans, Blois, Chartres et Le Mans, et valoir (à l'époque) le prix de deux moutons. Mais aussi avoir été frappées dans la même matrice, indice qu'elles étaient peut-être l'oeuvre de faussaires.

Pour en avoir le coeur net, l'Institut de recherche sur les archéomatériaux (Iramat) du CNRS d'Orléans a soumis les pièces à la question, en utilisant un procédé emprunté à la physique : la spectrométrie de masse avec ablation laser. Cette technique, décrit Bernard Gratuze, directeur du laboratoire, consiste à "forer dans l'échantillon, à l'aide d'un laser de haute énergie, un microsillon aussi fin qu'un cheveu". Les poussières prélevées sont poussées par un gaz vers une torche à plasma, qui les dissocie et les ionise. Un spectromètre permet alors de quantifier les éléments qui les composent.

Verdict : les deniers ne sont pas en argent et en cuivre, comme les monnaies authentiques, mais en cuivre recouvert d'étain, qui leur donnait, à moindre coût, un aspect brillant. Une contrefaçon confirmée par la microscopie électronique à balayage. Cette découverte, commentent les enquêteurs, "montre que les faussaires disposaient d'ateliers de frappe et d'étamage, et pose la question de l'ampleur du faux-monnayage à l'époque féodale".

Ce n'est qu'un exemple des méthodes d'investigation que la brigade orléanaise, qui compte dans ses rangs des physiciens, des chimistes, des historiens, des numismates et des archéologues, met en oeuvre pour faire parler les matériaux anciens. Avec l'objectif de reconstituer les contextes historiques et les circuits marchands dans lesquels ces matériaux ont été produits, échangés et utilisés.

Elle a ainsi établi que les monnaies romaines en orichalque (alliage de cuivre et de zinc) mises en circulation sous Auguste (fin du Ier siècle avant Jésus-Christ) avaient vu leur teneur en zinc décroître au fil du temps, ce qui ne pouvait s'expliquer par les seules refontes successives, mais témoignait d'une volonté de l'autorité émettrice. La raison pouvant en être "un alliage de meilleure qualité, une frappe plus facile, ou une difficulté d'approvisionnement en zinc". Ou encore que les deniers émis à Venise sous l'empire carolingien (à partir de la fin du VIIIe siècle) contenaient moins d'argent que les autres, et que cet argent avait une origine géographique plus diversifiée : preuve que la cité lagunaire bénéficiait d'une autonomie (elle appartenait à l'aire byzantine) et qu'elle constituait une plaque tournante du commerce du Haut Moyen Age.

http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... _3244.html

A+

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La spectrométrie de masse est une méthode d'analyse destructive. Cela signifie qu'il faut couper un bout de monnaie, puis la dissoudre (acides), pour l'analyser (je l'ai souvent utilisée pour des déchets). C'est pas très cool au niveau numismatique. Il existe maintenant des moyens non destructifs d'analyses de métaux.

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