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La 2 euros Grace Kelly est le Graal des collectionneurs de 2 euros. Monnaie de Monaco non circulante, commercialisée en coffret en 2007 à 110 euros, elle se négocie maintenant à plusieurs milliers d'euros. Ses caractéristiques physiques sont celles de toutes les 2 euros : bimétallisme (coeur en laiton plaqué sur nickel, couronne en cupronickel), masse de 8,5 g, 25,75 mm de diamètre, 2,2 mm d'épaisseur, frappe médaille. Il en existe 20.001 exemplaires. Une authentique 2 euros Grace Kelly, Monaco 2007. Photo Mike Bentley pour Numista Une telle vertu lucrative a tout pour attirer les aigrefins. C'est chose faite, de longue date, avec un faux essai abondamment documenté et qui ne peut pas tromper grand monde, puisque les collectionneurs savent qu'il n'existe AUCUN essai d'euro, quels que soient la valeur faciale et le pays émetteur prétendu. Ce faux essai a même sa fiche sur Numista https://fr.numista.com/catalogue/exonumia17753.html Comme beaucoup de faux essais d'euros, tous pseudo-émetteurs confondus, il est trilingue français-anglais-allemand, alors que la seule langue officielle de Monaco est le français. Il n'est pas au module : il pèse 7,1 g pour 27 mm de diamètre et 2 mm d'épaisseur. Le faux essai de 2 euros Grace Kelly, provenance inconnue. Photo brismike pour Numista Ce 2 décembre 2024, dans le cadre de mon activité d'expertise, un client m'a demandé d'authentifier la 2 euros Grace Kelly qu'il avait apportée. J'en ai été bien en peine... car elle est fausse. Ce faux ne semble pas répertorié. Le possesseur, qui en ignorait la fausseté, m'a aimablement permis de la photographier et la publier. Les photos ont été prises à brûle-pourpoint sur un coin de table avec un mauvais éclairage, mais c'était ça ou rien. La fausse 2 euros Grace Kelly découverte en décembre 2024 Je n'ai pas pu la mesurer, mais son diamètre et son épaisseur semblent a priori conformes au module. Par contre elle n'est pas au poids : la balance affiche 8,37 g au lieu de 8,5 g. La fausse 2 euros Grace Kelly sur la balance Si le poids est l'élément imparable, et la relative grossièreté du graphisme un indice sérieux, le plus intéressant est son aspect. Il m'a fallu un petit moment pour analyser ma "mauvaise impression". Celle-ci venait in fine du fait que, si la monnaie est lourde en main et produit un son nettement métallique quand on la fait tomber dans une coupelle en métal, elle présente pourtant un aspect de matière plastique. Je suis parvenu à me faire un avis sur la cause de cette curiosité; avis que je ne pourrai pas valider, ne pouvant me permettre d'endommager la monnaie qui n'est pas à moi. Je pense que cette fausse monnaie est monométallique et entièrement peinte. La limite entre coeur et couronne est marquée à l'avers par un bourrelet, qui n'existe pas sur l'authentique, mais le revers est dépourvu de ce rebord, ce qui permet de constater que la couleur dorée du centre est en légère surépaisseur par rapport à la couronne. Pour autant, la matité et l'aspect plastique du gris de la couronne me font dire que ce gris est lui aussi une peinture, et que, par conséquent, à aucun endroit le métal qui compose le flan n'est visible. Je n'ai donc pas moyen de me prononcer sur celui-ci. Un test de densité pourrait fournir un indice, mais je n'en avais pas la possibilité. La tranche du faux est striée de façon défectueuse. Il faut noter que cette peinture est susceptible de conserver les traces de doigt, le faux en portant deux marques bien visibles. L'aspect est plus brillant dans les zones du coeur protégées par les reliefs, ce qui confirme que la peinture dorée s'oxyde. Cela fait penser que ce faux a une certaine ancienneté, et qu'il avait un aspect plus convaincant quand il était plus récent. Pourtant, même en son état actuel, je suis certain qu'il va faire des victimes. Et il en fera encore plus dans une fausse coque de société de grading, ce qui semblera normal pour une monnaie de cette pseudo valeur. Ainsi, plus d'examen du poids ni de la tranche !3 points
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Salut, dans cet article, je vais vous présenter 5 erreurs à ne pas commettre lorsque l'on débute dans la numismatique. Croyez moi, elles ne sont pas graves mais elles ralentissent l'apprentissage et la collection. J'ai créé cet article en me basant sur mon expérience et bien évidemment, sur les erreurs que j'ai commis à mes débuts. Voici donc 5 erreurs à ne pas commettre lorsque l'on débute. (Avant de continuer, sachez que cet article est disponible sous forme de vidéo sur ma chaîne YouTube "Empire Des Monnaies". Alors si vous préférez regarder une vidéo, la voici. (Désolé pour la qualité mais c'est ma première vidéo et les prochaines seront mieux). Sinon, l'article écrit est disponible sous la vidéo. Bonne lecture. Première erreur : ne pas se former Lorsque l'on débute, il est très important de se former le plus tôt possible. En effet, c'est le moyen le plus simple pour acquérir de l'expérience. Comment se former ? Pour se faire, je vous conseille de vous informer sur les monnaies romaines dans des livres ou sur internet. Se former grâce à internet : Le mieux est d'effectuer des recherches sur des types de monnaies ou un empereur en particulier et de vérifier les prix en même temps. Pour cela, je vous conseille d'aller sur le site de vente EBAY et de simplement marquer « monnaie romaine » dans la barre de recherche. Ainsi, vous apprendrez à reconnaître les monnaies et vous connaîtrez les prix des différentes monnaies. Se former grâce à la lecture : Vous pouvez aussi le faire à partir d'un livre comme Die Münzen der römischen Kaiserzeit ( voir page "mon matériel). Ce livre est malheureusement en allemand. Mais en ce qui nous concerne, seuls les chiffres et les images sont importants. Par conséquent, la barrière de la langue ne pose aucun problème. De plus, il vous permettra d'apprendre à connaître les monnaies et leurs prix en fonction de leurs états. Si vous voulez un résumé rapide sur les monnaies romaines en général, je vous conseil mon livre Petit guide pratique des monnaies romaines. (Pour plus d'informations, contactez moi). Je ne vous le conseille pas parce que c'est mon livre. Mais parce que c'est le seul livre que je connais à ce sujet. Comme j'étais débutant il y a encore quelques années, je sais qu'il est très difficile de s'y retrouver sur internet avec toutes les informations que l'on vous donne. C'est pourquoi j'ai écris ce livre pour venir en aide aux débutants. Encore une fois, je n'ai pas la prétention de dire qu'il est parfait. Mais il vous permettra d'avoir un résumé sur les principales connaissances à avoir. Vous pouvez ensuite lire des livres sur l'histoire romaine ou regarder des vidéos/documentaires sur la Rome Antique. Mais c'est surtout basé sur le contexte des monnaies romaines et moins directement sur elles. Deuxième erreur : ne pas connaître le prix des monnaies Une chose très importante est de connaître le prix des monnaies. Cela vous permettra d'éviter des erreurs qui pourrait vous faire perdre de l'argent. Un des plus grand risque lorsque l'on débute et de se faire arnaquer avec une monnaie qu'on a payé trop chère car on ne connaissait pas son prix. Pour ma part, à mes débuts, j'ai eu la chance de tomber sur un vendeur honnête. Il m'a beaucoup conseillé et en plus,il me faisait des prix plus qu'honnêtes. Pour connaître le prix des monnaies romaines, il y a plusieurs manières dont deux que je vous ai donné plus haut. Et je vous en donnerai une autre dans l'article de la semaine prochaine alors ne le ratez pas. Troisième erreur : ne pas savoir différencier les vraies des fausses (extrait de mon livre Les monnaies romaines en seulement 20 pages) Un autre risque lorsque l'on débute et de ne pas savoir différencier les véritables monnaies des fausses. C'est pourquoi je vous conseille de trouver quelqu'un pouvant vous accompagné à vos débuts car dans certains cas, on ne peut faire la différence qu'avec l'expérience. En effet, il y a trois principaux types de fausses monnaies : les fausses d'époques, les fausses de la Renaissance et les fausses actuelles. Les fausses d'époques : Les fausses d'époques sont des monnaies fourrées ou des frappes barbares. En d'autres termes, une monnaie fourrée est une monnaie composée de cuivre recouverte d'or ou d'argent qui était prise pour des vraies au temps des romains. On peut les reconnaître par leurs traces d'oxydation en surface ou les manques de métal précieux. Une frappe barbare est une monnaie avec un style « dégénéré » qui n'avait pas cours légal, mais qui était utilisée comme monnaie de nécessité. On peut les reconnaître par leur petite taille et leur style « dégénéré ». Ces deux types de monnaies sont donc de vraies-fausses monnaies mais attention. Elles ont quand même de la valeur mais moins que les vraies romaines. Ensuite, pour les fausses de la Renaissance, il y a les padouans et pour les actuelles, il y a les copies et les contre-façons. Je sais, ça fait beaucoup de fausses d'un coup alors prenons au cas par cas. Les padouans, sont des fausses monnaies qui datent de la Renaissance. Elles ressemblent fortement aux monnaies romaines mais leur diamètre est plus gros. Et comme elles étaient moulées et non frappées, les détails sont souvent flous. Tous ces éléments permettent donc de les différencier des vraies monnaies. L'avantage des padouans est qu'ils ont de la valeur car ils sont collectionnés de la même manière que les autres monnaies. Après, je ne pourrais pas vous conseiller à ce sujet car je n'ai aucune connaissance à ce propos. Les copies : Les copies sont reconnaissables très facilement car des éléments sont ajoutés à leur fabrication pour éviter les confusions comme des détails en plus. Ou encore, dans certains cas, le mot « copie » est ajouté. Donc aucune erreur n'est possible. Les contre-façons sont les pires. En effet, il est très difficiles de les différencier et seule l'expérience le permettra. C'est pourquoi, vous devez trouver des personnes pouvant vous accompagner à vos débuts. Même après plusieurs années d'expérience, il m'arrive encore d'avoir des doutes sur certaines monnaies et dans ces cas là, soit je demande conseil soit je n'achète pas. Quatrième erreur : nettoyer ses monnaies Beaucoup de personnes à leurs débuts (moi y compris) pensent que plus les monnaies brillent, plus elles ont de valeur mais c'est tout l'inverse. En effet, au cours des siècles, la monnaie s'est oxydée. Ainsi, elle a développé une fine couche verte, grise ou parfois noire en fonction du métal, appelée « patine ». Pourquoi la patine est-elle si importante ? La patine est très importante car elle permet d'une certaine manière d'authentifier la monnaie. En nettoyant vos monnaies, vous risquez de la faire partir. Et dans ce cas là, la monnaie perd beaucoup de valeur. Environ 40 % voir plus dans certains cas. De plus, cela peut faire partir en courant certains acheteurs. Moi par exemple, il ne m'arrive jamais d'acheter des monnaies ayant étaient nettoyées jusqu'à enlever entièrement la patine. A moins bien sûr, que son prix soit bien en-dessous de sa véritable valeur. Je ne dis pas qu'il ne faut pas nettoyer ces monnaies. Mais si vous le faites, utilisez juste un coton tige humide. Mais ici encore, faites très attention car certaines patines fragiles ne résisteraient pas. C'est pourquoi il faut y aller doucement au début. Des produits spéciaux pour le nettoyage existent. Mais il est préférable de les tester sur une monnaie sans valeur avant utilisation (toujours pareil : attention à la patine). Bien évidement, je vous déconseille d'utiliser tous produits comme le miror, la paille de fer, le vinaigre, le cola …, car ils effacent la patine leurs faisant perdre énormément de valeur. Il m'a déjà était donné de voir des monnaies tellement nettoyées et donc si brillantes, que j'avais l'impression que le propriétaire les avaient passées à la ponceuse, voire à la disqueuse !!! Par exemple, ce sesterce de Julia Domna a été nettoyé ce qui n'arrange en rien son mauvaise état. Pour finir, je vous déconseille de nettoyer vos monnaies surtout lorsque vous êtes débutant. Moi-même, je ne le fais pas ou que très peu avec un coton-tige humide car le nettoyage est affaire de professionnel. Cinquième erreur : rester dans son coin Lorsque vous commencez la collection de monnaie, il est très important dans parler avec des gens qui partagent votre passion. Cela vous permettra de créer des liens avec ces personnes et d'apprendre énormément de choses. Je vous conseille pour cela d'aller chez des numismates professionnels (commerçants), bourses (rassemblement de collectionneurs), d'en parler sur des forums … Bref, d'aller à la rencontre des gens car personnes ne viendra à votre rencontre si vous restez dans votre coin. C'est aussi un moyen d'acquérir de l'expérience bien plus sympas que de rester derrière son ordinateur à faire des recherches. Recevez gratuitement mon livre Autour de la monnaie romaine en cliquant ici : https://empiredesmonnaies.fr/produits-dinformation/autour-de-la-monnaie-romaine/ Ma chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/UC2Gwco3CRaA_ZxSrw25LgIA1 point
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Les monnaies et médailles sont souvent des accessoires de magie, et nous avons parfois sur le forum des monnaies trafiquées aux deux faces identiques, par exemple, qui y trouvent probablement leur origine. Certaines monnaies évidées, qu'on prend pour des boîtes de forçat ayant perdu leur autre partie, sont probablement aussi des monnaies de magicien, qui servent à dissimuler une monnaie d'un diamètre inférieur dans une monnaie plus grande et d'un autre type. L'absence de pas de vis serait-elle un élément déterminant dans leur identification ? Cet été 2024 j'ai visité le musée de la magie, 11 rue Saint-Paul, Paris. Les photos, bien que mauvaises, parlent d'elles-mêmes ou à peu près. D'abord, une 5 francs Louis-Philippe qui apparaît au bout d'une baguette. Le tour n'est pas expliqué mais d'après mes observations, la baguette doit être creuse, la monnaie est en trois morceaux qui doivent être initialement à l'intérieur de la baguette, avec un système de ressorts/tringlerie qui leur permet d'en sortir et se positionner les uns par rapport aux autres de manière à donner de loin l'illusion d'une monnaie complète, tout en étant encore attachés à la baguette. Je suppose que le tour de main du magicien consiste à rentrer les trois morceaux dans la baguette tout en exhibant une vraie monnaie qu'il pourra faire circuler parmi le public. Je n'ai pas de certitude sur l'authenticité de la monnaie en 3 morceaux, mais à l'examen en vitrine je penche pour une fausse. Ensuite, un bouquet dans lequel va apparaître une bague prise ailleurs juste avant. Dans l'exposition, cette bague est remplacée par une médaille, qui est intéressante. Il s'agit d'un grand module, genre 5 francs XIXe voire un peu plus grande, mais très probablement en aluminium. L'avers montre la légende "République française" avec un profil de Cérès (?) à cheveux longs, l'ensemble fait très "concours monétaire de 1848" (ce qui est impossible en aluminium) et je ne sais pas ce que c'est. Malheureusement le revers n'est pas directement visible, j'ai glissé mon téléphone entre vitrine et mur pour en prendre une photo mais on ne voit pas grand-chose, si ce n'est une couronne végétale avec une inscription circulaire entre elle et le pourtour, et vraisemblablement une légende centrale partiellement circulaire et partiellement horizontale. Troisièmement, un automate de diseuse de bonne aventure qui fut en service pendant des décennies dans le secteur de Pigalle, si je me souviens bien. La dame est censée être une gitane ou une Nord-africaine et les "monnaies d'or" de son bandeau sont en réalité des Lagriffoul poncées jusqu'à la disparition quasi-totale du motif (invisible sur photos). Et pour finir, les nombreuses monnaies en vente à la boutique, ainsi que quelques accessoires de manipulation monétaire. C'est du matériel pour professionnel, les trucs ne sont pas expliqués et ne sont pas compréhensibles à la simple observation en vitrine, mais les monnaies sont bien des euros authentiques, multiples ou divisionnaires, qui ont été re-travaillés. Cela se voit et le vendeur me l'a confirmé. Le musée de la magie en lui-même est bien sympathique. Le billet peut sembler chérot, mais il inclut un spectacle d'une vingtaine de minutes qui est absolument bluffant. J'ai été appelé à monter sur scène en tant que cobaye et je n'ai toujours pas compris ce qui m'est arrivé, c'est à tomber par terre. Rien que ça, ça rentabilise le prix de l'entrée. Je vous conseille de ne pas vous attarder sur la salle des mini-automates modernes, peu intéressante et dont beaucoup sont hors service. Le reste est bien mieux. "Magie" est à entendre dans un sens large, le musée concerne aussi les automates et les illusions d'optique. Il est très tourné vers l'histoire de la magie, avec beaucoup de matériel XIXe et premier tiers XXe. On peut rester toute la journée et assister autant de fois qu'on veut au spectacle, qui a lieu quelque chose comme une fois par heure. Pour ceux que les anecdotes de l'Histoire intéressent, j'ai publié ailleurs un autre petit article, non numismatique, suite à ma visite https://www.passionmilitaria.com/t273878-le-pistolet-magique-de-robert-houdin-en-algerie-contre-les-marabouts-1856 Musée de la magie 11 rue Saint-Paul 75004 Paris https://museedelamagie.com/visiter/1 point
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Introduction Notre étude s’est tout d’abord appuyée sur le recensement réalisé par BD-PAMOCH ; accessible sous le lien : http://bdpamoch.free.fr/p_c-serie.php?ID=7. Un travail immense a été réuni sur ce site et l’objectif est ici de rendre facilement accessibles les données produites dans BD-PAMOCH. Quelques modifications ont cependant été apportées à la description des monnaies dans le but de mieux les différentier. La carte de répartition de l’ensemble des bronzes à l’oiseau recensés est représentée schématiquement sur la Figure 1. On constate un déficit significatif d’émissions autour de Sens, la cité mère des Sénons. Les données réunies permettent de représenter l’aire de circulation des bronzes à l’oiseau. Cette aire dépasse significativement le territoire actuellement identifié des Sénons. On peut envisager que le territoire des Tricasses ainsi que celui des Sénons localisés au voisinage de la Seine corresponde à la zone de circulation la plus intense de ces monnaies et éventuellement à des zones d’émission importantes. Les peuples et les frontières étant imparfaitement connus, on peut envisager que la zone de circulation la plus intense de ces monnaies ne corresponde pas rigoureusement au territoire actuellement connu des Sénons. La carte serait cohérente avec une émission par des gaulois riverains de la Seine couvrant une partie des territoires Tricasses et Sénons. Une explication plausible serait que le territoire des Tricasses ait été une création augustéenne à partir des territoires originels des Sénons et des Lingons (voir Bibliographie, 1). La première classification de ces monnaies a été proposée par J. Piette à l’occasion d’une publication sur les fouilles partielles de Villeneuve-au-Châtelot (VAC). Nous appuierons nos descriptions sur cette classification qui repose sur environ 500 bronzes de types variés. Il est extrêmement difficile de produire une classification complète et celle proposée par Piette permet d’attribuer une classe à une immense majorité de monnaies y compris quand elles présentent des singularités (on peut dans ce cas leur attribuer une lettre de variante au sein de sa classe). Quelques monnaies résistent à cette classification et feront le bonheur des collectionneurs (comme par exemple les bronzes Giamilos SIINV sans la légende Giamilos ni torque devant le portait ou encore les nombreuses monnaies inclassables de la série XI). Une étude plus récente (voir Bibliographie, 3) a été menée par Bruno Foucray et Alain Bulard et s’est appuyée sur environ mille bronzes à l’oiseau dont 500 découverts principalement en fouilles lors des chantiers d’Archéologie Préventive. Les 500 autres monnaies, issues du sanctuaire de Villeneuve-au-Châtelot, représentent la moitié des bronzes à l’oiseau connus et faussent la vision du domaine de circulation quand elles sont utilisées pour cartographier la provenance des monnaies sans suffisamment de précautions. Bruno Foucray et Alain Bulard ont pris en compte ce biais, dans leur étude, pour analyser la répartition des monnaies. Il est aussi prévisible qu’après un temps suffisant des monnaies émises depuis un lieu donné diffusent et se répartissent de manière de plus en plus homogène sur son territoire de circulation. Ce second biais vient progressivement masquer le territoire d’émission. C’est la raison invoquée pour le déficit apparent de monnaies découvertes à Sens. La Seine ayant déjà donné leur nom aux Séquanes, peuple ayant ultérieurement émigré loin de la Seine, il a été envisagé que les Sénons doivent leur nom à un mot Indo-Européen signifiant « ancien » ayant donné le mot « senos » en gaulois et partageant ses racines avec le mot « sénile ». La toponymie est une science fragile et il nous semble que l’on ne peut pas exclure un lien avec la Seine comme pour les Séquanes. Les Sénons ont donné le nom actuel à la ville de Sens qui est généralement considérée comme la capitale des Sénons. Les bronzes étudiés présentent une épigraphie latine qui permet de dater leur circulation pendant la décennie précédant la guerre des Gaules. Traditionnellement leur émission est proposée entre -60 et -50 et peut-être même jusqu’aux premiers temps de la romanisation du territoire. 31 de ces bronzes à l’oiseau ont été retrouvés dans les fouilles d’Alésia, ces monnaies ont-elles été perdues comme de nombreuses autres par les Gaulois assiégés ? Leur épigraphie fait apparaitre les mots « SIINV » « YLLYCII » ou « YLLVCI » ou « INS » ou encore les noms « GIAMILOS » ou « KOIIACA ». Le double « II », apparaissant dans « SIINV » et dans KOIIACA » des monnaies gauloises se prononce « é », il apparait pendant la même période sur les deniers « IIPAD » ou « EPAD » des Arvernes. La lettre S apparait également sur certains des avers, mais aussi sur certains statères. Il semble, de ce fait, qu’une attribution de ce monnayage aux Sénons soit à favoriser. Leur territoire a-t-il évolué ? Figure 1: Aire de circulation des bronzes à l’oiseau, à partir de BD-PAMOCH, en traits orange et niveau de couleurs (orange foncé, forte circulation) – entouré de noir épais les territoires des : Carnutes, Sénons, Tricasses, Rèmes et Lingons d’après Jacques Lacroix1. L’oiseau représenté sur ces monnaies est-il : un aigle, un corbeau ou une corneille ? Nous ne le savons pas. Plusieurs éléments viennent nous interroger : les ailes sont parfois représentées sous la forme de stries le long du corps de l’oiseau (classe Ia, par exemple). Ceci suggère que le panache représenté systématiquement au-dessus de l’oiseau ne représente pas automatiquement les ailes du volatile. Il pourrait s’agir d’une évocation du mouvement des ailes lors de l’envol de l’oiseau. Certains bronzes présentent une urne sous le bec de l’oiseau. Il pourrait s’agir d’une urne funéraire. Dans ce cas, l’oiseau pourrait bien être un corbeau, l’une des représentations du dieu gaulois Lug responsable entre autres du voyage vers l’au-delà. Bien entendu, aucune certitude sur cette interprétation n'est possible. Les annelets centrés, les points, les pentagrammes, les esses, les croisettes aux extrémités bouletées restent également mystérieuses mais font écho à certains bronzes carnutes à l’aigle faisant apparaitre des symboles similaires. L’oiseau est-il un aigle de ce fait ? Des questions que nous laisserons sans réponse. Figure 2 : Quelques représentations de l’oiseau sur les bronzes des Sénons. Une classification des bronzes à l’oiseau Les différentes classes de monnaies ont été successivement décrites dans le Tableau 1, ci-dessous. Il existe de nombreuses sous-variétés de ces monnaies qui peuvent être repositionnées assez facilement dans cette classification. Nous n’avons pas pu disposer d’étude de caractérioscopie (analyse des correspondances des coins utilisés). Un tel travail permettrait de déterminer si un ou plusieurs ateliers sont à l’origine de ces émissions. Tableau 1 : Classification des bronzes à l’oiseau des Sénons. Ce tableau est téléchargeable ici au format TIF pour plus de lisibilité (22,36 Mo) : 3 Tableau classes de bronzes.tif Conclusion L’étude réalisée s’appuie sur trois sources principales dans le but de caractériser les différents types de bronzes à l’oiseau des Sénons. Les documents en support rassemblent des données très conséquentes et l’étude de Bruno Foucray et Alain Bulard apporte un nouvel éclairage sur ces monnaies. On ne peut que recommander la lecture directe de cet ouvrage qui couvre de nombreux autres aspects en dépit d’un prix assez modéré (50 euros, 631 pages et de nombreuses illustrations en couleur). Le travail qu’ont réalisé les auteurs de BD-PAMOCH est tout autant louable. Cette étude synthétise pour l’essentiel les travaux issus de ces deux sources et n’apporte pratiquement pas d’éléments nouveaux. L’objectif est de fournir des clefs simples d’identification des bronzes Sénons à l’oiseau. Le territoire des Sénons était structuré autour de deux agglomérations majeures, Sens et Melun, et des sanctuaires ou lieux de culte comme à Villeneuve-au-Châtelot ou à Lieusaint. La présence significative de cette monnaie en territoire tricasse est-elle le signe que les sanctuaires drainaient des pèlerins des peuples environnants ou plutôt que les Tricasses étaient en forte interaction économique avec les Sénons, ou même une partie du territoire des Sénons redécoupée sous Auguste ? On peut probablement opter pour les trois possibilités. Cette proposition est appuyée par le fait qu’il n’existe aucun type monétaire attribué spécifiquement aux Tricasses. Il semble exister plusieurs zones d’émissions associées aux différentes classes de monnaies. Il reste cependant un travail immense à conduire concernant la caractérioscopie pour s’assurer de l’existence effective d’ateliers indépendants plutôt que d’ateliers mobiles. Il reste aussi à lier ces monnaies aux bronzes des peuples environnants circulant pendant la même période (Meldes, Carnutes au moins) et faisant apparaitre aigles et autres oiseaux sur leur revers, mais aussi des pentacles ainsi que le bestiaire de la mythologie celtique : sanglier, cerf, serpent, aigle, corbeau. Peut-on envisager que ces monnaies s’inscrivaient dans un système monétaire plus global ? Bibliographie 1. Michel Kazprzyk, Cédric Roms, Anne Delo-Ahu, Cyril Dryard, « Troyes/Augustobona, Cité des Tricasses », Gallia, 72-1, pp. 247-260, 2015. 2. Jacques Lacroix, « Les frontières des peuples gaulois », Editions Yoran, 2021. 3. Bruno Foucray, Alain Bulard, « Monnaies Gauloises en bronze de l’Ile-de-France », Revue Archéologique d’Ile de France, 6ème supplément, 2020.1 point