Ces écus et euros temporaires ont fait l'objet d'un grand engouement dans les années 90 et 2000, mais aujourd'hui ça faisait probablement plusieurs années que je n'en avais plus entendu parler. Je pense que la vague initiale était extrêmement exagérée (objets d'aucune ancienneté, intérêt esthétique souvent limité, très fort esprit spéculatif de la part des émetteurs et d'un bon paquet des collectionneurs) et que nous vivons actuellement un retour de bâton lui-même probablement un peu excessif. On peut supposer qu'un intérêt se re-développera pour ces objets, sans revenir toutefois aux excès initiaux. Ils seront considérés comme ce qu'ils sont : des anecdotes, quelque chose d'accessoire à autre chose (l'euro) et qui n'avait aucune raison de naître en soi.
A ma connaissance, ils sont totalement absents des boutiques en ligne des grands marchands.
Le destin des euros fautés est comparable dans une certaine mesure : d'abord une folie furieuse à très forte connotation spéculative, intérêt culturel totalement inexistant (alors que les euros temporaires en ont un), puis le soufflé retombe. Les prix ont beaucoup baissé. Toutes ces fautées sont surtout la marque d'une grande dégénérescence numismatique, car je ne connais aucune autre époque, même plusieurs siècles ou 2000 ans en arrière, qui ait donné pareille quantité de ratés.
Comme tu le dis, c'est le fil rouge entre francs et euros; mais, si je ne vois pas de recul de l'intérêt pour les francs, j'ai l'impression que c'est la désertion en masse chez les collectionneurs d'euros autrefois si nombreux. Et je ne connais aucun collectionneur qui se soit spécialisé dans des thèmes comparables mais clos : les émissions de l'Union latine ou quelques curiosités siglées de la SDN, par exemple.
Pour qu'un thème soit collectionné, il ne suffit pas qu'il soit intéressant historiquement : il faut aussi qu'il jouisse d'un capital de sympathie chez nombre de gens. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas de l'euro, et sans intérêt pour l'euro, pas d'intérêt pour les écus et euros temporaires. Chaque jour, des centaines de gens vont visiter et souvent se recueillir sur les tombes de rois morts depuis 200 à 800 ans, alors que six mois après la mort d'un président de la république, personne ne sait où il est enterré, à part de Gaulle et Mitterrand (et Pétain, qui n'était pas président mais quand même chef d'Etat). Même ceux qui ont présidé à une époque importante sont oubliés : nul ne peut donner le nom du président en exercice au déclenchement de la guerre de 14 et rares ceux qui le peuvent pour 1939. Ceci pour montrer que l'intérêt historique est loin d'être le seul à prendre en compte, et que la sympathie a un rôle peut-être même supérieur. De ce point de vue, l'avantage des écus et euros temporaires est d'être locaux. Ils arriveront peut-être à se créer un petit groupe d'amateurs comme les billets de nécessité; mais ceux-ci ont mis une bonne soixantaine d'années pour y arriver.