Bonjour,
J’ai eu en main un jour un livre allemand en allemand dénonçant les camps de concentration, avec, sur la couverture, un dessin fort éloquent de tours et de barbelés. Ce livre datait d’avant 1914 et dénonçait les camps de concentration anglais en Afrique du sud.
Le comportement anglais vis-à-vis des Boers (extermination des civils, exécution des prisonniers de guerre…) avait suscité une vague d’indignation dans à peu près le monde entier, et des volontaires de tous pays, dont des Français (pour les plus connus Robert de Kersauzon, http://qc.novopress.info/5396/le-dernier-commando-boer/ et Villebois-Mareuil qui y fut tué http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_de ... is-Mareuil ) sont partis combattre pour aider les Boers. Il y eut aussi pas mal de livres sur le sujet, je possède un almanach patriotique français de 1902 dont c’est un des thèmes principaux.
Sur les camps de concentration avant la Seconde guerre mondiale : http://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_co ... _des_Boers
« L'expression « camp de concentration » fut créée à la fin du XIXe siècle. En effet, l'innovation technique du fil de fer barbelé permit de clore de vastes espaces à peu de frais. La première utilisation de ce terme se fit à propos de la Seconde Guerre des Boers, comme innovation britannique. Il était inspiré du terme espagnol « reconcentración », utilisé par les Espagnols pendant la guerre avec Cuba (1895-1898). (…) La première apparition de la dénomination « camp de concentration » est due aux Britanniques en Afrique du Sud durant leur guerre contre les Boers ; (Guerre du Transvaal, 1899-1902) ; sur ordre du général Frederick Roberts puis de Lord Kitchener, les Britanniques assistés des Canadiens y enfermaient les femmes, les vieillards et les enfants des Boers et des membres de tribus indigènes alliées.
L'idée elle-même avait été appliquée un peu plus tôt par les Espagnols à Cuba, pendant la guerre d'indépendance. (…) Il y a eu également les camps de concentration construits dès 1904 en Namibie (par les Allemands) (…).
Les camps de concentration ne sont apparus qu'après l'invention du fil de fer barbelé, qui permet de clôturer de grandes surfaces pour un coût sans commune mesure avec les moyens de détention classiques tels que les prisons. (…) tous les pays liés au premier conflit mondial ont ouvert des camps pour regrouper les civils des nations ennemies : camps pour Allemands en Australie, pour Belges en Afrique allemande, pour Autrichiens en Russie, etc. Au Royaume-Uni, 32 000 étrangers ou espions supposés ou Irlandais après 1916, ont été enfermés dans des camps comme le champ de course de Newbury, puis dans une prison de l'île de Man qui n'était pas prévue pour des civils. Des tailleurs juifs de Londres, issus de Galicie (donc de l'Autriche-Hongrie) sont aussi internés dans des camps.
La France a utilisé des camps de concentration durant la Première Guerre mondiale, dont celui de Pontmain, pour y enfermer les ressortissants allemands, austro-hongrois et ottomans présents sur son territoire à l'ouverture des hostilités. De nombreuses îles françaises de la Manche, de l'Atlantique et de la Méditerranée ont été utilisées pour implanter de tels camps. Le narrateur du Temps retrouvé de Marcel Proust, mentionne l'existence en France de camps de concentration lors de la Première Guerre mondiale, où furent internés les civils allemands présents sur le sol français lors de la déclaration de guerre. (…) La France a aussi eu à nouveau recours à des camps de concentration à la fin de la guerre d'Espagne pour regrouper les réfugiés républicains fuyant l'avancée du camp franquiste à Gurs, Rivesaltes, Argelès-sur-Mer et Agde, bien que beaucoup de ces réfugiés n'aient pas été des ennemis. L'utilisation du terme « camp de concentration » dans ce cadre est très discutée : pas de travail forcé, pas de dépersonnalisation, libre déplacement à l'extérieur de ces camps (d'ailleurs très peu étaient fermés). (…) Selon Geneviève Dreyfus-Armand, spécialiste de l'exil républicain espagnol : « Le terme camp de concentration peut choquer ; il est couramment utilisé dans les documents administratifs de l’époque, et le ministre de l’Intérieur, Albert Sarraut, l’emploie dans un sens « lénifiant » lors de sa conférence de presse au début de février 1939 : « Le camp d’Argelès-sur-Mer ne sera pas un lieu pénitentiaire, mais un camp de concentration. Ce n’est pas la même chose. » »