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medaille59

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Tout ce qui a été posté par medaille59

  1. Il s'agit de la rose de Lippe; symbole héraldique que l'on retrouve sur les armoiries des principautés de Lippe. En phaléristique, on retrouve cette même rose sur les décorations de la pincipauté : par exemple cet ensemble de médailles de mérite datant de la Grande Guerre...
  2. Il n'y a pas de poinçons de titre ? Les médailles allemandes portent généralement le titre exprimé en millièmes... La seconde médaille que je vous ai présenté ci dessus est poinçonnée "SILBER 990"
  3. C'est ça, c'est une médaille destinée à être exposée dans un écrin, contrairement aux médailles pendantes qui se portent à un ruban fixé au vêtement. Je suis collectionneur également des décorations militaires allemandes de la Grande Guerre. On retrouve sous forme de médaille pendante des distinctions avec un look assez semblable. cette médaille de Hesse reprend le type général de votre médaille, notamment son revers : C'est encore plus flagrant avec le revers de cette médaille du mérite de Saxe Weimar Eisenach (et tout ses autres grades qui ont le même design) : Je ne pense pas que mes catalogues recensent les médailles autres que militaire, mais je tacherai de regarder si je trouve un modèle similaire à la votre. En tout cas, si ce n'est ces poinçon GERTEL et BERLIn, je l'aurait bien située en Saxe ou en Hesse, disons entre 1860 et 1918.
  4. Bonjour. Médaille de mérite de table, dans le plus pur style milieu XIXeme - début XXeme siècle. Je vais voir si je peux vous dénicher d'autres infos...
  5. Vérifiez les cours et cotations avant d'acheter : aujourd'hui, si on vous propose un Napoléon a 250 euros (hors pièces d'intérêt numismatique), ça ne vaut pas le coup, le cours étant ce matin a 200,78€... Il faudra chercher un prix au plus prêt du cours (en dessous si vous avez de la chance). Perso, je passe par un marchand pro, qui fait invariablement sa marge a 3%, ce qui me parait acceptable (206€ et quelques ce jour pour un 20 franc or... Sachant que je ne paye pas de frais de port, étant en capacité de récupérer les pièces en main propre...)
  6. Je plussois. Le Napoléon reste la pièce d'investissement par excellence, avec des prix proches du spot (de la valeur réelle de la quantité d'or contenu dans la piece ). Avec 500 euros, vous pouvez tabler sur 2 x 20 francs or...
  7. Il faudrait des photos nettes et cela devrait permettre de définir précisément l'etat de la pièce et donc son prix...
  8. Pour le prix, par exemple : http://acbon.pagesperso-orange.fr/menu_40_frc_or_7.htm#.WXcyuyU6_qA
  9. Peut être un gros à la fleur de lys, de Jean II le bon (dit "patte d'oie") pour la première, toujours sous réserve de taille et poids...
  10. Que dit la légende de la première, je n'arrive pas à lire ?
  11. Bonjour! Poids ? Taille ? Et une photo des autres faces ? La seconde, je dirai un gros tournois à l'O rond de Philippe le Bel (ou d'un autre roi d'ailleurs, de Saint Louis à Charles V... photo de l'autre face indispensable...)
  12. 8 reales de Charles III. Les vraies mesurent 40mm et pèsent 27g. Il faut le poids et le diamètre exact...
  13. J'ai envoyé un mail sur une adresse que j'ai trouvé via goggle, on verra bien ce que cela donnera... Merci encore pour le renseignement !
  14. Bonjour ! C'est une médaille dirait-on. Une idée du poids et de la taille ?
  15. Un peu de lecture supplémentaire...
  16. medaille59

    Les Saluts d'or

    [nbpagination_toc="La Salutation angélique"] A partir de 1421, le roi de France Charles VI fait frapper un nouveau type de monnaie d'or : le salut d'or. Nous sommes en pleine guerre de Cent Ans et son rival le roi d'Angleterre Henry V s'empresse de copier le salut pour en faire usage, notamment dans ses possessions françaises. La Salutation angélique D'où vient ce nom de Salut ? C'est une époque ou politique et religion sont étroitement mêlées, l'une ne va pas sans l'autre. Ce n'est d'ailleurs pas la première monnaie faisant référence à la religion. Toutes les monnaies de l'époque portent une référence religieuse, qu'il s'agisse de la mention divine du roi, de références bibliques… Quelques exemples, parmi tant d’autres : Mouton d’or de Jean II le Bon (r.1350-1364) Diamètre 31mm, poids 4,69g. La référence religieuse est ici évidente, la monnaie représentant l’Agneau Pascal, avec en légende d’avers «+AN.DEI.QVI.TOLL.PCCA.MVDI. MISERERE.NOB » (« Agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde, prends pitié de nous »), qui est une prière d’usage courant à partir du XIIème siècle (son origine se trouve dans l’évangile selon Saint Jean, qui attribue cette citation à Jean le Baptiste - Jean 1,29) © Monnaiedantan Du côté anglais : Guyennois d’or de Henry III (r. 1216-1272) Diamètre 30mm, poids 3,79g. Intéressons-nous au revers de la monnaie qui en légende d’une croix porte le texte « GLIA IN EXCELOIS DEO ET IN TR'A PAX HOMINIBVS » (« Gloire à Dieu dans les Cieux et paix aux hommes sur la Terre »), texte tiré de l’Évangile selon Saint Luc (2,14) © Monnaiedantan Noble d’or d’Edouard III(r. 1327-1377) Poids 7,63g, diamètre 33mm. Avers : « x ED-WARD x DEI x GRA x REX x AnGL x DnS x HYB x ACIT x » (« Édouard, par la grâce de Dieu, roi d’Angleterre, seigneur d’Irlande et d’Aquitaine ») Revers : « + Ih'Cx AVTEmx TRAnsIEnSx PERx mEDIVx ILLORVmx IBAT » (« Mais Jésus, passant parmi eux, continue son chemin », Luc, 4, 30) © comptoir des monnaies Ces trois exemples ne sont évidemment pas exhaustifs, il faudrait par exemple citer tout le monnayage d’or français de l’époque, qui porte une référence divine dans chaque légende d’avers (XPC VINCIT etc.), ou une grosse partie du monnayage anglais…. Le Salut d’or évoque une scène biblique, celle de l’Annonciation : l’Archange Gabriel se présente à Marie, la salue, et lui annonce qu’elle va recueillir en elle la Parole de Dieu pour donner naissance à Jésus. C’est la scène du salut qui est explicitement représenté : D’après Saint Luc, l’ange Gabriel s’adresse en ces termes à Marie « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » (Luc 1,28) et qui donnera en latin « Ave, gratia plena, dominus tecum », ce qui sera à l’origine de la prière « Ave Maria » et des prières de l’angélus, dont ls trois versets sont chacun ponctués de cette même prière « Ave Maria ». Cette scène est importante dans la tradition chrétienne, et se retouve de fait souvent mentionnée ou représentée : VItrail de la cathédrale de CHartres, représentant l'Annonciation L'Annonciation de Botticelli, peinture sur bois, 1489-1490 (Galerie des Offices, Florence) La scène représente donc l’Archange Gabriel, à droite, tendant à Marie un parchemin portant l’inscription « AVE » (« Salut »), ce qui correspond donc à la première partie de l’Annonciation. Le terme Salut s’impose de lui-même pour nommer cette monnaie. [nbpagination_toc="Le Salut d'or français"] Le Salut d’or français Le Salut d’or est créé par lettre patente le 11 août 1421 : module en or titrée 1000 millièmes, d’un poid de 3,9g, et valant 25 sous tournois, cette monnaie marque la volonté du souverain de tenter de retourner à une « bonne » monnaie. Il est également fait mention de l’existence d’un demi salut, mais je n’en ai trouvé trace nulle part : a-t-il été réellement frappé ? L’avers de la monnaie représente donc comme dit précédemment une représentation de la Salutation angélique : de part et d’autre de l’écu de France surmonté d’une couronne, l’Archange Gabriel, ailes à demi déployées, tendant un parchemin sur lequel apparait le mot « AVE » à la Vierge Marie, nimbée, et élevant ses deux mains. La scène est surmontée des rayons de soleil divins. La légende porte la mention « + KAROLVS x DEI x GRATIA x FRACORVM x REX » (« CHARLES PAR LA GRACE DE DIEU ROI DES FRANCS »). Au revers, on trouve une croix latine pleine, accostée de deux lys et surmontant l’initiale royale K. L’ensemble se trouve dans un décalobe orné de fleurs de lys. En légende « + XPC VINCIT * XPC REGNAT * XPC IMPERAT », traduit par « LE CHRIST VAINC, LE CHRIST REGNE, LE CHRIS COMMANDE ». A noter que c’est sous le règne de Charles VI qu’apparait le système des points secrets, destiné à identifier l’atelier de frappe. Salut d’or de Charles VI. Poids 3,84g, diamètre non renseigné. Atelier de Paris (point 18ème) ©puchabat.com Charles VII (r. 1422-1461) reprend la frappe des saluts d’or sous son règne (ordonnance du 20 mai 1423), mais le poids de la monnaie est abaissé à 3,49g (70 au marc au lieu de 63). Le titre de la monnaie reste à 1000 millièmes. Le graphisme de la pièce reste identique. A l’issue du règne de Charles VII, la frappe des saluts d’or s’arrête. [nbpagination_toc="Le Salut d'or Anglais"] Le salut d’or anglais Les rois d’Angleterre sont prétendants à l’héritage de la couronne de France depuis la mort du dernier des capétiens direct, et du choix de Philippe VI de Valois comme roi de France, ce qui a provoqué plus ou moins directement la guerre de cent ans. En 1419, le dauphin Charles, fils et héritier du roi de France Charles VI, est accusé de complicité dans le meurtre du duc de Bourgogne Jean sans Peur. Il est déshérité et, le 21 mai 1420, Charles VI signe le traité de Troyes qui stipule que la couronne de France sera cédée à l'héritier d'Henry V d'Angleterre sous réserve que celui-ci épouse une des filles du roi de France. Depuis que le conflit fait rage, l’Angleterre contrôle un immense territoire en France : Bretagne, Normandie, bassin parisien, bassin bordelais, Champagne, Alsace… Lorsque le roi Charles VI entreprend la frappe des saluts d’or, Henry V se lance à son tour dans la frappe de la même monnaie. Cette dernière est au même titre et poids que le modèle français. Le graphisme est par contre différent, même si le thème de la monnaie (représentation de la salutation angélique est conservé) : L’avers représente donc toujours le salut de l’Archange Gabriel à la Vierge Marie, mais les deux personnages sont placés autour d’un écu écartelé de France-Angleterre, armes en usage depuis Édouard III, qui rappellent les prétentions sur le trône de France du roi d’Angleterre. La légende de l’avers devient « + HENR x DEI x GRA x REX x ANGL’ x HERES x FRANCI » (« HENRY, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI D’ANGLETERRE ET HERITIER DE FRANCE »). Le revers est inchangé, seule la croix latine est dorénavant accostée d’un lys et d’un léopard. L'initiale royale sous la croix devient bien évidemment un H. La monnaie est frappée en 1421 et 1422 dans les ateliers de Rouen. On peut trouver la mention d’un demi salut, sans que l’existence de ce dernier soit avérée. Salut d’or de Henry V de Lancastre Poids 3,87g, diamètre 27mm. Atelier de Rouen. ©cgb.fr A la mort de Henry V en 1423, son fils lui succède sous le nom de Henry VI. Ce dernier devient roi d’Angleterre et de France d’après le traité de Troyes. On se trouve donc dans une situation ou deux rois de France cohabitent : Charles VII et Henry VI. Henry VI reprend la frappe des saluts d’or sur le modèle des saluts d’or de Charles VII (avec une baisse de poids d’un demi gramme environ donc), mais en modifie le graphisme de l’avers : Les personnages sont désormais vu à mi-corps et placé derrière les écus de France à gauche et de France-Angleterre à droite. La légende devient « (Mm) HENRICVS: DEI: GRA: FRACORV: Z: AGLIE: REX » (« HENRY, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DES FRANCS ET DES ANGLAIS »). Le revers reste inchangé. L’atelier est représenté par un symbole placé en début de légende : Agneau pascal = Amiens Losange = Arras Fer de moulin = Auxerre Croissant = Chalons Saint-Suaire = Dijon Trèfle = Mâcon Racine = Le Mans Étoile = Nevers Couronne = Paris Fleur de Lys = Saint-Lô Molette = Saint Quentin Léopard = Rouen Rose = Troyes On notera deux émissions de cette monnaie : le 06/02/1423 et le 06/09/1423. Salut d’or d’Henry VI de Lancastre Poids 3,5g, diamètre 27mm. Atelier de Saint-Lô
  17. medaille59

    teston 1607 A

    Mais vraiment trop parfaite pour être honnête...
  18. Polie, je ne sais pas, mais nettoyée c'est sur... Cela ne m^'embête pas trop sur une monnaie d'or. Merci pour les liens, j'en avait déja 2 mais as le 3ème... Je pense que je vous ferai un tour d'horizon des saluts d'or, cela ne devrait pas me prendre trop de temps : c'est une monnaie fascinante, qui a été émise peu de temps et simultanément du côté français et du côté anglais... La guerre de 100 ans résumé en une monnaie quoi...
  19. Bonjour ! Récemment acquis, cette jolie monnaie : Poids de 3,52g, diamètre de 27mm. Je suis preneur de toute information. J'ai déja trouvé de nombreuses annonces de ventes, mais rien de bien informatif là dedans, si ce n'est que j'ai pu établir que cette monnaie a été frappée à Saint Lô. Par ailleurs, existe-t-il de la littérature sur ce double monnayage France-france/Angleterre ? Je n'ai pas trouvé de site spécifique sur le net. A bientôt !
  20. Bonsoir ! Fil repris sous forme d'article ici : http://www.numismatique.com/articles
  21. [nbpagination_toc="Contexte Préliminaire à l'apparition du franc"] Monnaie d’or, le franc est né non comme on pourrait le penser dans une période riche et prospère, mais dans une période particulièrement troublée, celle de la guerre de Cent Ans. Il me parait important de revenir sur ce conflit ainsi que sur les causes économiques et sociales qui ont précédé son introduction. Le franc étant une monnaie royale en or, nous en profiterons pour faire un petit aperçu succinct et rapide du monnayage d’or l’ayant précédé ou cotoyé. Contexte préliminaire à l’apparition du franc : Philippe II Auguste (r.1180-1223) introduit la notion de monnaie royale à la fin du XIIème siècle afin d’affermir la puissance royale. Les deniers (parisiis et tournois) vont régner en maître alors que les monnayages locaux sont appelés à progressivement disparaître. Louis IX (Saint Louis, r.1226-1270) poursuivra cette politique monétaire, tout en l’améliorant : fabrication de monnaies d’or (Écu d’or), fabrication de gros tournois de 12 deniers, ces dernières étant interdites de frappe hors du domaine royal. Enfin l’utilisation des monnaies féodales est autorisée, mais uniquement dans le lieu d’émission. Écu d'or de Saint Louis (département des monnaies, Bibliothèque Nationale de France) À la fin du XllIème siècle, Philippe le Bel (r.1285-1314) s'engage dans une politique militaire onéreuse contre l'Aquitaine anglaise et la Flandre. Afin de maintenir ses revenus monétaires, et pallier l’augmentation du cours des métaux précieux, le roi pratique des réajustements et des mutations (dévaluations successives, réévaluations partielles, baisse de poids en métaux précieux), ce qui perturbe fortement l’économie du pays, les règlements devant s’effectuer à la valeur de la monnaie au moment de la passation du marché. Philippe Le Bel C’est une période faste pour la création de monnaies notamment en or, que Philippe le Bel fait battre en quantité : Petit royal, Masse d’or (grand royal), Chaise d’or, Florin d’or à la reine, Petit royal debout, Agnel d’or… La monnaie de billon sera très abondante (le billon étant un alliage d’argent, de cuivre et de plomb), mais sa teneur en argent diminuera progressivement. Quelques exemples de monnayage d'or sous Phillipe le Bel : Petit royal Masse d'or Chaise d'or Florin d'or à la Reine Agnel d'or (toute illustration : www.vinchon.com) Les successeurs de Philippe le Bel essaieront bien de revenir à plus de stabilité, mais sans grand succès. C’est Philippe VI qui parviendra à stabiliser les cours et rétablira une monnaie saine. Provisoirement toutefois, car lors du déclenchement de la guerre de Cent Ans, Les problèmes financiers du règne de Philippe le Bel réapparaîtront avec une toute autre ampleur… [nbpagination_toc="Prémices à la guerre de Cent Ans"] Prémices à la guerre de Cent Ans : En 1328, la mort sans héritier de Charles IV (r. 1322-1328), fils de Philippe le Bel et dernier des Capétiens mâles en ligne directe est directement la cause de la guerra de Cent Ans. Deux prétendants au trône sont alors en lice : Philippe de Valois, plus proche héritier de la lignée masculine, et le roi d'Angleterre Édouard III (1327-1377), qui fait valoir ses droits à la succession en tant que petit-fils de Philippe le Bel : la fille de Philippe le Bel, Isabelle de France, a été offerte en mariage à Édouard II d’Angleterre. Arguant une ancienne loi franque, dite "loi salique", qui exclue de la succession au trône de France la descendance par les femmes, Philippe de Valois est élu par les pairs du royaume roi de France sous le nom de Philippe VI. Édouard Ill, roi d’Angleterre, maître de la Guyenne, doit alors lui prêter allégeance (avec une certaine réticence, on peut l’imaginer). Lorsque Philippe VI de Valois arrive au pouvoir, il trouve un pays prospère et puissant tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. On copie le système de bonne monnaie prôné par Saint Louis, et de nombreuses et magnifiques monnaies d’or sont frappées à cette période (beaucoup seront d’ailleurs reprises par son successeur…) Néanmoins le jeu des mutations monétaires ne tarde pas à recommencer, et à partir de 1328, la monnaie commence à perdre de la valeur, jusqu’à 4/5 en 1342 (l’or quadruplera sa valeur sur cette période). A cette date, un nouveau conflit a éclaté entre le royaume de France et celui d’Angleterre : dès l’accession au trône de Philippe VI, ce dernier reprend la politique capétienne traditionnelle. Différents conflits, intéressant dans un premier temps l’Écosse mais surtout le duché de Guyenne, font monter la tension entre les Valois et les Plantagenets : la Guyenne, possession anglaise depuis 1188, est en effet à l’origine d’un conflit larvé entre les deux monarchies depuis plusieurs générations. Le soutien apporté par le royaume de France aux écossais contre les anglais incite Édouard III à rappeler ses prétentions au trône de France. Par mesure de répression, Philippe VI de Valois annexe alors la Guyenne. Commencent alors cent seize années de conflits qui verront s’alterner périodes de guerre et de trêve. Monnayage d'or de Philippe Vi : Royal d'or Parisis d'or Lion d'or Pavillon d'or Couronne d'or Écu d'or à la chaise Ange d'or Florin Georges Chaise d'or (toute illustration : www.vinchon.com) [nbpagination_toc="La guerre de Cent Ans"] La Guerre de Cent Ans Le début de la guerre n’est guère favorable au royaume de France, les défaites se succédant les unes aux autres implacablement : destruction de la flotte française à Lécluse en 1340, qui laisse les mains libres à l’Angleterre sur mer, défaite de Crécy en 1346, où les archers anglais déciment la cavalerie française. Dans la foulée, Calais tombe aux mains anglaises après 11 mois de siège (la ville restera anglaise pendant près de 2 siècles). La guerre est menée sous forme de raids, sans occupation du territoire, hormis certains points stratégiques. Ces raids sont dévastateurs et ruinent les régions traversées. Les périodes de trêves n’offrent pas plus de répit à la population, les soldats et mercenaires démobilisés s’organisant en bande qui mettent le pays en coupe réglée, pillant et semant la terreur. Pour compléter ce tableau déjà bien sombre, ajoutons qu’une grande épidémie de peste s’abat sur la France, achevant un petit peu plus une population déjà bien éprouvée… La Bataille de Crécy, le 26 août 1346 La peste noire de 1346-1352 ( Miniature extraite de la seconde chronique de Gilles le Muisit (1272-1352), abbé de Saint-Martin de Tournai. Manuscrit latin. ) Les mutations monétaires s’accélèrent et s’amplifient au rythme des défaites : on totalisera 85 mutations entre 1337 et 1380 ! La guerre ruinant le pays, de nouveaux impôts sont levés. Ces mesures rendent le pouvoir fort impopulaire après de la population et des acteurs économiques, ce qui aura une influence ultérieurement. En 1355, le fils d’Édouard III, le Prince de Galles dit le Prince Noir, débarque en Aquitaine et dévaste la région. Dans une tentative pour contrer cette incursion, l’armée royale avec à sa tête le roi Jean II « le Bon » (successeur de Philippe VI) affronte l’armée anglaise près de Poitiers le 19 septembre 1356 : la bataille tourne au désastre pour l’armée française qui est écrasée, et le roi est capturé ! La bataille de Poitier, le 19 septembre 1356 [nbpagination_toc="Le traité de Brétigny et la création du franc"] Le traité de Brétigny et la création du franc Capture du roi Jean II le Bon, à l'origine du traité de Brétigny. Suite à la capture du roi Jean II, le dauphin Charles est nommé régent du royaume. Ce dernier doit faire face à de nombreuses difficultés : - en tout premier lieu, il faut lever la rançon du roi qui a été fixée à 4 millions de livres, soit plus de 16 tonnes d’or, somme considérable. - une révolte paysanne se propage autour de Paris, en Normandie et en Champagne (la Jacquerie). - le roi doit ensuite réprimer un soulèvement contre sa personne, initié à Paris par Étienne Marcel. C’est dans ce contexte qu’une armée anglaise débarque à Calais. Le régent Charles n’a guère le choix : la France est ruinée, en crise politique et sociale. Malgré une victoire stratégique contre l’armée du roi Édouard III, il faut conclure la paix avec l’ennemi anglais. Le traité de Brétigny est signé le 8 mai 1360, accordant à l’Angleterre des concessions territoriales (le tiers du royaume appartenant désormais à l’Angleterre), la rançon pour la libération de Jean II étant abaissée à « seulement » 3 millions de livres (soit tout de même la bagatelle de 12,5 tonnes d’or…). A cause de son repli dans le nord de la France, Édouard III renonce également à ses prétentions sur le trône de France. Après un premier versement de 400.000 livres en écus, Jean II est libéré sur parole et peut rejoindre le royaume le 25 octobre 1360, laissant tout de même derrière lui des otages en captivité à Londres, dont son frère et ses trois fils. De passage à Compiègne, il signe trois ordonnances le 5 décembre 1360 pour réintroduire un monnayage stable et de bonne qualité : - Généralisation de la gabelle (impôt sur le sel) et levée d’un impôt direct sur chaque foyer fiscal : le « fouage », - Renforcement des deniers d’argent, - Création d’une nouvelle pièce en or : le franc, en référence à la liberté retrouvée du roi (comme il est spécifié dans l’ordonnance royale : « Nous avons été délivré à plein de prison et sommes franc et délivré à toujours » […] « Nous avons ordonné et ordonnons que le Denier d'Or fin que nous faisons faire à présent et entendons à faire continuer sera appelé Franc d'Or »), établi à la valeur d’une livre tournois, soit 20 sols tournois, ou 240 deniers. De par son graphisme, la monnaie est rapidement appelée « franc à cheval ». La volonté du roi est de fixer un rapport le plus fixe possible entre l’or et l’argent, afin garantir une certaine stabilité. Il suit en cela les préconisations de son conseiller Nicolas Oresme, clerc, philosophe et économiste qui prône l’arrêt des mutations, afin de permettre à la monnaie de lutter contre les monnaies étrangères, notamment le florin de Florence qui domine l’Europe. Les anciennes monnaies ont vocation à être refondue, pour que seule la nouvelle monnaie circule. [nbpagination_toc="Le franc à cheval"] Le Franc à cheval Il s'agit d'une pièce de 3,88 grammes d'or (soit 63 pièces pour 1 marc d'or, le mac d'or équivalant à à une demie livre, soit environ 245 grammes), au titre de 24 carats (1000/1000ème). Les premiers francs à cheval sont frappés en février 1361. Il existe également une pièce nommé « grand franc d'or », de graphisme identique, mais d'un poids et d'un diamètre plus élevés (5,83g soit 42 pièces pour 1 marc d'or). Ces deux monnaies sont mentionnées dans l'ordonnance du 10 avril 1361 : « Pour ce est il que nous qui voulons que chascun saiche que nous qui avons très parfaite entention et bonne volonté de tout nostre povoir faire tout au plaisir du Dieu et au bien et prouffit commun de tout le peuple de nostre dit royaume, que iceulx puissent estre en bonne union et tranquillité , et que par le fait et mutacion de nostre dite monnoye, d'ores en avant, ne puisse estre grevé ni affaibli, mais puisse et doye le fait et gouvernement d'icelles demeurer et arrester en ung estat ; par très grant et bonne délibération eüe par plusieurs fois avec plusieurs prélats, barons, bourgeois et aultres à ce cognoissants, en considérant tout ce qui est à considérer, avons volu et ordonné et par ces présentes volons et ordonnons, et à tous quels que ils soient, tant de nostre lignage comme d'autres, qu'ils ne soient tant osés ni si hardys, surtout ce en quoy ils se peuvent mesfaire envers nous, de prendre ou mettre en appert ou en couvert pour aucun prix, sinon au marc pour billon, depuis la publication de ces présentes, et pour le prix que nous leur avons donné et qui s'en suit ci-après : c'est assavoir les francs d'or que nous avons fait faire, faisons et ferons faire d'ores en avant, n'ayent cours et soient pris ou mis que pour seize sols parisis la pièce tant seulement, ainsi comme ordonné avons paravant ; et aussi les autres grands francs d'or que nous avons ordonné estre faits des quels les deux sont et seront d'autelle valeur comme les trois francs de seize sols dessus dits, ne soient pris et mis que pour vingt-quatre sols parisis et non pour plus, etc. » Et aussi dans celle du 14 avril 1361 : « Que l'en face faire et ouvrer francs d'or fin de 63 de poids au dit marc, autels comme nous avons fait et faisons faire à présent, qui auront cours pour vingt sols tournois la pièce, si comme nous leur avons ordonné par avant ; et avec ce que l'en face faire et ouvrer francs d'or fin, plus grands les quels seront de quarante-deux pièces de poids au dit marc, et auront cours pour trente sols tournois la pièce, en y mettant différence, et en donnant en chacun marc d'or fin soixante livres tournois , etc. » La pièce est d'une certaine manière originale, car c'est la première monnaie à représenter le roi chevauchant l'arme à la main. Les représentations royales existaient auparavant, mais montrant toujours le roi assis ou debout, ne portant ses armes que sur l'écu d'or à la chaise de Philippe VI. Cette représentation équestre est plutôt l'apanage des sceaux utilisé à cette période. C'est également la première monnaie à porter le nom de franc. Jean II, Franc d'or à cheval, 1361-1364, atelier non connu. Diamètre 28,7 mm, poids 3,85 g. (Coll. personnelle) L'avers représente le roi en chevalier en arme, chargeant pour aller au combat (vers la gauche), portant une tunique fleurdelisée et un heaume couronné et surmonté d'une fleur de Lys (celle-ci se trouvant dans la légende de la monnaie. Le cheval du roi est recouvert d'un caparaçon, également fleurdelisé. En légende, on trouve l'inscription « IOHANNES : DEI : GRATIA : FRANCORV : REX », que l'on peut traduire par « JEAN, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DES FRANCS ». La devise latine est la règle à l'époque. On remarquera l'absence de numérotation du souverain, ce qui est normal à l'époque. Cette numérotation commencera à apparaître sous Louis XII, et sera généralisée sous Henri II (ordonnance royale de 1549). La mention « DEI GRATIA » rappelle que le roi tient son pouvoir directement de Dieu, et qu'il ne reconnaît par conséquent dans son royaume aucune autre autorité supérieure. Le revers est plus classique : il reprend globalement les codes utilisés à partir du monnayage royal de Saint Louis. On y retrouve une croix végétale, au cœur quadrilobé, entourée d'un quadrilobe orné de palmettes, cantonné de 4 trèfles. La légende porte l'inscription « + XPC*VINCIT*XPC*REGNAT*XPC*IMPERAT », qu'il faut lire « CHRISTUS VINCIT CHRISTUS REGNAT CHRISTUS IMPERAT » et qui se traduit « CHRIST VAINC CHRIST RÈGNE CHRIST ORDONNE ». Il s'agit là d'une acclamation prononcée lors des fêtes religieuses de Pâques. Utilisée au revers du monnayage royal d'or sous Saint Louis et sous cette forme jusqu'au règne de Charles IX, la formule (et également la croix) fait encore une fois référence au caractère divin du roi. [nbpagination_toc="Après le règne de Jean II le Bon"] Après le règne de Jean II le Bon Le duc d'Anjou, fils de Jean II le Bon, s'étant enfui de sa prison londonienne, le roi tint sa parole et alla se reconstituer prisonnier en Angleterre en janvier 1364. Il y meurt peu de temps après le 8 avril 1364. Charles V lui succède. Ce dernier poursuit un temps la frappe des francs à cheval, bien que ceux-ci ne soient plus destiner à payer une rançon inutile (l'otage étant décédé) et au final jamais complètement honorée. Le franc à Cheval de Charles V est identique à celui de Jean II, à l'exception de la légende de l'avers qui porte désormais l'inscription « KAROLVS : DEI : GRATIA : FRANCORV : REX ». Charles V, franc à cheval, 1365 Dès 1865, le roi Charles V ordonne la frappe d'un nouveau modèle de franc qui prends le nom officiel de « denier d'or aux fleurs de lys », mais qui sera rapidement plus connu sous le nom de « franc à pied ». Ce franc garde les caractéristiques techniques de son prédécesseur. Charles V, franc à pied L'avers porte désormais l'image du roi de France, portant une tenue fleurdelisée et tenant dans ses mains les attributs royaux, debout sous un dais gothique décoré de fleurs de Lys. La légende porte l'inscription « KAROLVS x DI GR : FRANCORV x REX » (« CHARLES PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DES FRANCS ». Le revers change légèrement : la croix est désormais cantonnée de 2 couronnes et de 2 fleurs de lys, et entourée d'un quadrilobe anglé cantonné de 8 fleurs de Lys. Le franc d'or a coïncidé avec une période de redressement financier du royaume, et le terme reste dès lors dans les mémoires. A la mort du roi Charles V, le franc disparaît pour être remplacé par l'écu d'or à la couronne sous Charles VI. La guerre de Cent Ans poursuit ses ravages, tant militaires que financier. Il faut attendre le règne de Charles VII et l'intervention de Jeanne d'Arc pour que l'ennemi anglais reflue lentement. Sous le règne de Charles VII est émis un nouveau franc à cheval, en 1423, dont la frappe est rapidement abandonnée au profit de l'écu d'or. Charles VII, franc à cheval. Exemplaire du cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale de France Avers : KAROLVS D - EI.GRACI.FRACORV.REX Charles VII, écu d'or à la couronne (ou écu neuf) Le franc disparaît alors pour une période de plus de 150 ans... [nbpagination_toc="La réintroduction de Henri III"] La réintroduction de Henri III C’est en 1575 et sous le règne de Henri III(r. 1574-1589) qu’une réflexion est engagée afin de lutter contre l’instabilité monétaire et la hausse des prix : en 1577, le pouvoir décide d’introduire une nouvelle monnaie, l’écu d’or, et d’exprimer toute somme en cette unité, un écu d’or valant trois livres soit 60 sous. Le franc est réintroduit en lieu et place du teston, non plus sous forme de monnaie d’or, mais sous la forme d’une pièce d’argent. Elle prendra dès lors le nom de « franc blanc ». Sa valeur est d’une livre tournois. Il s’agit d’une pièce de 14 grammes en argent, portant au revers le profil tourné à droite d’Henri III, la tête ceinte d’une couronne de laurier. La légende porte l’inscription « HENRICVS. III. D. G. FRANC. ET. POL. REX. » (« HENRI III ROI DE FRANCE ET DE POLOGNE PAR LA GRACE DE DIEU »). Le millésime se trouve à 6h dans la légende, la lettre d’atelier sous le buste. Un petit mot sur la légende et ce titre de roi de Pologne : Henri, à l’âge de 21 ans est candidat à la succession du trône de Pologne, et est élu le 11 mai 1573 roi de Pologne Lituanie. A la mort de son frère Charles, décédé sans descendance mâle, il rejoint la France abandonnant de facto la charge de roi polonais (un nouveau sera élu dès 1575) pour reprendre la couronne de France en mai 1574. Au revers, on trouve une croix formée de 4 éléments feuillus et fleurdelisés, et d’un H en cœur. En légende « + SIT. NOMEN. DOMINI. BENEDICTVM » (« BÉNI SOIT LE NOM DU SEIGNEUR »). Il existe bien entendu des variantes à ces légendes, selon les ateliers, il serait long et fastidieux de toutes les recenser… Conjointement sont créés des « demis francs » et des « quarts de franc » : les poids sont respectivement de 7 et de 3,5 grammes. Le graphisme est identique, mais les pièces sont bien évidemment plus petites. Dès 1586, la frappe des francs d’argent est suspendue : trop souvent rognés, le régime ne laisse en place que les modules d’un demi et d’un quart de franc. Henri III, Franc au col fraisé, 1580, atelier de Toulouse (M). Diamètre 36mm, poids 13,94g. ©monaiesdantan.com Henri III, Demi-franc au col plat, 1587, atelier de Toulouse (M). Diamètre 29mm, poids 6,86g. ©monaiesdantan.com Henri III, quart de franc au col plat, 1587, atelier de Bordeaux (K). Diamètre 26mm, poids 3,27g. ©monaiesdantan.com L’assassinat du roi Henri III par le moine Jacques Clément en 1589 propulse Henri III de Navarre sur le trône de France, sous le nom de Henri IV. C’est la fin de la dynastie des Valois, et l’avènement de celle des Bourbons. C’est une période trouble, nous sommes en pleine guerre de religions, et la nomination de Henri de Navarre, chef du parti protestant, sur le trône de France ne va pas sans provoquer de trouble : la Sainte union (catholique) refusant de reconnaitre Henri IV, et choisit pour successeur à la couronne l’oncle de Henri de Navarre, le cardinal Charles de Bourbon. Ce dernier aurait du régner sous le nom de Charles X, mais meurt en 1590, sans avoir pu exercer ses fonctions. Durant cette année 1589, on voit ainsi un monnayage frappé au nom de Henri III, mais également à partir de 1590, émanant d’ateliers ligueurs, des frappes au nom de Charles X. Certaines de ces monnaies seront encore frappées bien longtemps (1598) après la mort de Charles de Bourbon. Henri IV, qui n’a plus de réel opposant sérieux, reconquiert patiemment son royaume, avec la prise de Paris en 1594. C’est après l’adoption de l’Édit de Nantes en 1598, qu’une certaine paix peut s’installer dans le royaume de France. Ce n’est qu’à parti de ce moment que le roi peut s’attacher à restaurer un système monétaire sain : il reprend le système en vigueur sous Henri III, qui voit cohabiter 2 système fondés le premier sur les demi-franc et quart de francs, le second sur l’écu est ses divisions. Le graphisme des francs reste globalement le même, la légende de l’avers devenant « HENRICUS IIII D. G. FRANC. ET. NAVA. REX pour « Henri IV, roi de France et de Navarre » (variantes possibles « FRANCO. ET NAV. REX. par exemple…) Henri IV, demi franc, 1603, atelier de Toulouse (M). Diamètre 31mm, poids 6,90g. ©monaiesdantan.com Henri IV, quart de franc, 1604, atelier de Montpellier (N). Diamètre 26mm, poids 3,40g. ©inumis.com Le franc demeure peu utilisé durant le règne d’Henri IV, et est frappé de manière irrégulière. Juste à titre de complément, j’illustre l’autre grand type de monnaie en circulation : les quarts et huitièmes d’écu : Henri IV, quart d’écu, 1606, atelier de Bayonne (L). Diamètre 28mm, poids 9,46g. AVERS : + HENRICVS.IIII.D.G.FRANC.E.NAVA.RX. Croix formée d'un quadrilobe en cœur et de quatre éléments feuillus. REVERS : SIT NOMEN DOMINI BENEDITVM. Ecu de France couronné et accosté de II - II Lettre d'atelier à la pointe de l’écu. © monaiesdantan.com Henri IV, huitième d’écu Béarn, 1606, atelier de Morlaas (M). Diamètre 25mm, poids 4,70g. AVERS : HENRICVS. 4. D. G FRANC. ET. NAVA. REX. DB. Croix fleurdelisée. REVERS : GRATIA. DEI. SVM. Q. ID. SVM (millésime). Ecu couronné de France-Navarre-Béarn, accosté de V - III. © monaiesdantan.com [nbpagination_toc="La réforme monétaire de Louis XIII"] La réforme monétaire de Louis XIII Au début de son règne en 1610, le roi Louis XIII maintient le système en vigueur, à savoir une cohabitation entre écus d’or, d’argent, demi et quart de franc. C’est une période financièrement trouble, les finances publiques étant plombées par les dépenses énormes, notamment militaires : l’érection de fortification bastionnée, multiplication des effectifs armés etc. La France s’engage en 1630 dans la guerre de trente ans visant à affaiblir l’empire autrichien. L’importante circulation de monnaies étrangères, les variations de prix des métaux précieux et les dépenses croissantes de la Cour déstabilisent sans cesse la monnaie. L’avers des demi et quart de francs reste du même type que précédemment, le buste changeant bien évidemment, et la légende devenant « LUDOVIC. XIII. D. G. FRAN. ET. NAVA. REX. » (« LOUIS XIII ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE PAR LA GRACE DE DIEU »). La lettre d’atelier se trouve à 6h, sous le buste. Au revers, on trouve une croix formée de 4 éléments feuillus et d’un L en cœur. En légende « + SIT. NOMEN. DOMINI. BENEDICTVM » (« BÉNI SOIT LE NOM DU SEIGNEUR ») et l’année de millésime. Il existe encore une fois bien entendu des variantes à ces légendes, selon les ateliers. Louis XIII, demi franc au col fraisé, 1613, atelier de Rouen (B). Diamètre 26mm, poids 6,87g. ©monaiesdantan.com Louis XIII, quart de franc, 1641, atelier de Toulouse (M). Diamètre 25mm, poids 3,49g. ©monaiesdantan.com C’est dans ce contexte que le roi émet un édit le 31 mars 1640, réévaluant l’or et visant à assainir la circulation des monnaies. Cette ordonnance porte sur la création de trois pièces à l’effigie de Louis XIII (et portant son nom) : le demi-Louis de 5 livres, le Louis de 10 livres et le double Louis de 20 livres. L’or sera fourni par la refonte massive des anciens écus d’or et du monnayage d’or étranger (notamment les pistoles espagnoles). A noter qu’il existe des monnaies dites « de plaisir » (car servant à la table de jeu du Roi) de 40 ou 80 livres tournois (quadruple et octuple Louis). Cette ordonnance est suivie le 23 septembre 1641 d’une seconde qui créé une nouvelle espèce d’argent : le Louis d’argent, plus communément appelé écu. L’écu vaut 60 sols, et ses subdivision (demi, quart, douzain) respectivement 30, 15 et 5 sols. L’écu d’argent connu un tel succès que ce nom sera réservé au monnayage d’argent jusqu’en 1793. Cette année 1641 voit les dernières frappes des demi et quart de francs, qui ne seront dès lors plus utilisés. Le franc disparait une fois de plus, et ne reverra le jour qu’à la Révolution Française… Voici illustré à titre informel le nouveau monnayage royal à partir de la réforme monétaire de 1640-1641, en or tout d’abord : Louis XIII, double Louis, 1640, atelier de Paris (A). Diamètre 29mm, poids 13,49g. AVERS : LVD. XIII. D. G. - FR. ET. NAV. REX. Tête laurée à droite, la mèche longue sans baie dans la couronne. REVERS : . CHRS. -. REGN. -. VINC. -. IMP. Croix formée de huit L adossés deux par deux, couronnées, cantonnée de quatre lis. Lettre d'atelier dans un cercle en cœur. ©monaiesdantan.com Louis XIII, Louis, 1643, atelier de Lyon (D). Diamètre 25mm, poids 6.61g. AVERS : LVD. XIII. D. G. - FR. ET. NAV. REX. Tête laurée à droite, la mèche longue sans baie dans la couronne. REVERS : . CHRS. -. REGN. -. VINC. -. IMP. Croix formée de huit L adossés deux par deux, couronnées, cantonnée de quatre lis. Lettre d'atelier dans un cercle en cœur. ©monaiesdantan.com Louis XIII, demi Louis, 1642, atelier de Paris (A). Diamètre 20mm, poids 3,34g. AVERS : LVD. XIII. D. G. - FR. ET. NAV. REX. Tête laurée à droite, la mèche longue sans baie dans la couronne. REVERS : . CHRS. -. REGN. -. VINC. -. IMP. Croix formée de huit L adossés deux par deux, couronnées, cantonnée de quatre lis. Lettre d'atelier dans un cercle en cœur. ©monaiesdantan.com Puis en argent : Louis XIII, écu, 1642, atelier de Paris (A). Diamètre 40mm, poids 27,23g. AVERS : LVDOVICVS. XIII. D. G. FR. ET. NAV. REX. Buste du roi lauré et drapé à droite. REVERS : SIT. NOMEN. DOMINI. (atelier) BENEDICTVM. (millésime). Ecu de France couronné. ©monaiesdantan.com Louis XIII, demi écu, 1642, atelier de Paris (A). Diamètre 33mm, poids 13,54g. AVERS : LVDOVICVS. XIII. D. G. FR. ET. NAV. REX. Buste du roi lauré et drapé à droite. REVERS : SIT. NOMEN. DOMINI. (atelier) BENEDICTVM. (millésime). Ecu de France couronné. ©monaiesdantan.com Louis XIII, quart d’écu, 1643, atelier de Paris (A). Diamètre 27mm, poids 6,83g. AVERS : LVDOVICVS. XIII. D. G. FR. ET. NAV. REX. Buste du roi lauré et drapé à droite. REVERS : SIT. NOMEN. DOMINI. (atelier) BENEDICTVM. (millésime). Ecu de France couronné. ©monaiesdantan.com Louis XIII, douzième d’écu, 1643, atelier de Paris (A). Diamètre 21mm, poids 2,23g. AVERS : LVDOVICVS. XIII. D. G. FR. ET. NAV. REX. Buste du roi lauré et drapé à droite. REVERS : SIT. NOMEN. DOMINI. (atelier) BENEDICTVM. (millésime). Ecu de France couronné. ©monaiesdantan.com A noter que sous Louis XIV, on continue à trouver trace d’écu d’or au soleil, frappés dans le même temps que les Louis d’or. Brièvement (1655-1657), on trouvera même des lis d’or (poids abaissé, valeur de 7 livres, soit 30% de moins qu’un Louis) et d’argent. Louis XIV, lis d’or, 1656, atelier de Paris (A). Diamètre 24mm, poids 3,98g. AVERS : DOMINE. ELEGISTI. LILIVM. TIBI. Paire d’ange soutenant l’écu de France couronné. REVERS : LVDOVIC. XIIII. D. G. FRAN. ET. NAV. REX. Croix formée de 4 lys couronnés et cantonnée de lys, avec en cœur la lettre d’atelier. ©monaiesdantan.com Louis XIV, lis d’argent, 1656, atelier de Paris (A). Diamètre 30mm, poids 7,91g. AVERS : LVD. XIIII. D. G. FR. ET. NAV. REX. Buste du roi drapé à droite. REVERS : DOMINE ELEGISTI LILIVM TRIBI 1656. Croix formée de quatre groupes couronnés de deux L adossés, cantonnée de quatre lis. Lettre d'atelier au centre. ©monaiesdantan.com [nbpagination_toc="En guise de conclusion : la révolution française et le retour au franc…"] En guise de conclusion : la révolution française et le retour au franc… Je ne reviendrai pas en détail sur les évènements de 1789 et les profonds bouleversements qui s’ensuivirent. Cela serait un peu long et dépasserai le cadre de cet article. On précisera seulement que l’État français était profondément endetté dès 1783. La révolution hérite de ces dettes. Afin de pallier au manque d’espèce, la Convention créé dans un premier temps des billets d’escompte, puis des assignats, mettant en gage les bien nationaux. Le système de la livre rappelant trop l’Ancien Régime, le franc est de nouveau utilisé en tant qu’unité de compte. En 1795, l’ancien système duodécimal (basé sur la douzaine) en vigueur depuis le moyen âge est remplacé par un système décimal, plus simple, basé sur la dizaine : 1 franc est désormais divisé en 10 décimes de 10 centimes chacun. Enfin en 1803, le consul Bonaparte, voulant mettre fin à la circulation anarchique de monnaies nouvelles et anciennes, créé le franc germinal. Il s’accompagne de la création du franc-or qui supplante l’ancien Louis d’or royal. L’émission de la nouvelle monnaie (pièce de 40 francs-or, 20 francs-or, 5 francs, 2 francs et 1 franc – ces trois dernières en argent – ) est confiée à la toute nouvelle Banque de France. Le franc germinal restera une grande réussite puisqu’il perdurera jusqu’en 1914. Il sera même à la base d’une première tentative d’uniformisation européenne en 1867 : l’Union Latine qui utilise l’étalon or, aux normes (poids, titre) qui reprennent celles du franc-or alors en vigueur. Quelques exemples des monnaies, de la révolution au franc germinal : Monarchie Constitutionnelle : Louis XVI, 30 sols type François, 1791, atelier de Paris (A). Diamètre 28mm, poids 10,14g. AVERS : LOUIS XVI ROI DES FRANCOIS. Buste du roi à gauche. REVERS : RÈGNE DE LA LOI L’AN 3 DE LA LIBERTÉ. Génie gravant la Constitution posée sur un autel à droite, entre 30 et SOLS ; (Mg) sous le chiffre 30 et la lettre d'atelier sous le mot SOLS. ©monaiesdantan.com Exemple d'assignat : Assignat de 10.000 francs, An 3 de la république (1794-1795). © www.cgb.fr La première République et la réintroduction du franc (le Directoire en ce qui concerne la monnaie ci-dessous) : République Française, 5 francs « Union et Force », an 9 (1800-1801), atelier de Bayonne (L). Diamètre 37mm, poids 24,43g. AVERS : UNION ET FORCE. Hecule nu debout de face avec la léonté, unissant la Liberté debout à gauche tournée à droite tenant une pique surmontée d'un bonnet phrygien, vêtue d'un peplos, et l'Égalité debout à droite tournée à gauche, tenant le niveau, vêtue d'un chiton REVERS : REPUBLIQUE FRANÇAISE*. Au centre en trois lignes 5 / FRANCS / L’AN 9, dans une couronne formée d'une branche de laurier et d'une branche de chêne. ©monaiesdantan.com Puis pendant le Consulat (1799-1804), création du franc germinal : République Française, 2 francs, 1806), atelier de Bayonne (L). Diamètre 27mm, poids 9,98g. AVERS : NAPOLEON - EMPEREUR. Tête nue de Napoléon à droite. REVERS : REPUBLIQUE FRANCAISE./ 2 / FRANCS. / (millésime) (atelier) au centre, dans une couronne formée de deux branches d'olivier.. ©monaiesdantan.com République Française, 20 francs-or, an 13, atelier de Perpignan (Q). Diamètre 21mm, poids 6,34g. AVERS : NAPOLEON - EMPEREUR. Tête nue de Napoléon à gauche. REVERS : REPUBLIQUE FRANCAISE./ 20 / FRANCS. / (millésime) (atelier) au centre, dans une couronne formée de deux branches d'olivier. ©monaiesdantan.com Voici ce qui concluera mon propos sur cette petite histoire du franc. J'espère que ce modeste travail vous aura plu ! Texte : medaille59 Photos : ©monaiesdantan.com / ©inumis.com / ©BNF / ©vinchon.com / © www.cgb.fr /©collection personnelle medaille59 Bibliographie : - Les monnaies royales françaises, A. Clairand et M. Prieur, Édition les Chevaux légers, Paris, 2008. - Monnaies royales de Saint Louis à Herni IV, C. Beaussant, Banque de France, Paris, 1989. - Monnaies royales de Louis XIII à Louis XVI, C. Beaussant, Banque de France, Paris, 1989. - La guerre de Cent Ans, J. Favier, Édition Fayard, Paris, 1980.
  22. medaille59

    1389 écu

    L'ordonnance ne donne que la date de début de production (c'est déja pas mal), mais si la monnaie a été frappée pendant 20 ans, impossible d'en savoir plus. Disons qu'une monnaie est frappée sur ordonnance de janvier 1350, puis arreté de frapper en 1375 (exemple pris au hasard total) On peut définir les bornes chronologiques 1350-1375 sans difficulté, mais on ne pourra pas être plus précis sur l'année d'émission... Il existe par ailleurs des marques ou spécificités d'ateliers parfois qui permettent d'identifier le lieu de frappe.
  23. Bonjour ! Une vraie ressemble à ça :
  24. Bonjour ! J'imagine que ce sont des pièces provenant d'ateliers différents, d'où certaines variation...
  25. En guise de conclusion : la révolution française et le retour au franc… Je ne reviendrai pas en détail sur les évènements de 1789 et les profonds bouleversements qui s’ensuivirent. Cela serait un peu long et dépasserai le cadre de cet article. On précisera seulement que l’État français était profondément endetté dès 1783. La révolution hérite de ces dettes. Afin de pallier au manque d’espèce, la Convention créé dans un premier temps des billets d’escompte, puis des assignats, mettant en gage les bien nationaux. Le système de la livre rappelant trop l’Ancien Régime, le franc est de nouveau utilisé en tant qu’unité de compte. En 1795, l’ancien système duodécimal (basé sur la douzaine) en vigueur depuis le moyen âge est remplacé par un système décimal, plus simple, basé sur la dizaine : 1 franc est désormais divisé en 10 décimes de 10 centimes chacun. Enfin en 1803, le consul Bonaparte, voulant mettre fin à la circulation anarchiques de monnaies nouvelles et anciennes, créé le franc germinal. Il s’accompagne de la création du franc-or qui supplante l’ancien Louis d’or royal. L’émission de la nouvelle monnaie (pièce de 40 franc-or, 20 franc-or, 5 francs, 2 francs et 1 franc – ces trois dernières en argent – ) est confiée à la toute nouvelle Banque de France. Le franc germinal restera une grande réussite puisqu’il perdurera jusqu’en 1914. Il sera même à la base d’une première tentative d’uniformisation européenne en 1867 : l’Union Latine qui utilise l’étalon or, aux normes (poids, titre) qui reprennent celles du franc-or alors en vigueur. Voici ce qui concluera mon propos sur cette petite histoire du franc. J'espère que ce modeste travail vous aura plu ! A bientôt !
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