Romaines plaquées ou fourrées : authenticité ?

[Guillaume Hermann]

Bonjour,

Une romaine plaquée peut-elle être authentique, ou s'agit-il nécessairement d'un faux (d'époque, probablement, dans le cas qui m'intéresse) ?

La monnaie qui m'inspire cette question est ce reste d'antoninien de Gallien en "je ne sais quoi" plaqué d'argent. Diamètre 22 mm.

[ALM]

bonsoir

le terme exact est MONNAIE FOURREE

Il faut aussi distinguer les monnaies "fourrées" qui sont des faux d'époque fourrés à âme de métal vil. Si la monnaie est décroûtée par endroit et laisse apparaître un métal noirâtre, l'on est très certainement en présence d'une monnaie fourrée. Ces monnaies ont de la valeur, mais une valeur inférieure à celle des monnaies authentiques de l'époque.

http://www.monnaie-romaine.com/articles/copie.php

[ALM]

http://fredericweber.grafbb.com/t4333-l ... -3e-siecle

[Guillaume Hermann]

Pour moi, la monnaie fourrée est celle qui a une âme en métal vil enveloppée d'une couche de métal plus noble, et c'est cette enveloppe noble qui reçoit la frappe; tandis que pour la plaquée, c'est le flan en métal vil qui est frappé, puis il est recouvert d'un placage qui épouse les reliefs du flan frappé. Je me trompe ?

La monnaie présentée ici semble relever du second cas, car le métal vil semble posséder lui-même tous les détails résultant de la frappe.

Et merci pour ton deuxième lien qui répond à ma question ! "Ces monnaies sont plus que probablement toutes des monnaies de faussaires mais n'ont probablement en aucun cas été émises durant le règne de l'empereur qu'elles représentent. Cette méthode se popularise en fait sous Probus, et c'est probablement sous Probus que 90% des monnaies fourrées ont été émises car il était probablement bien moins dangereux d'émettre des faux à l'effigie d'un empereur décédé que de l'empereur régnant."

[hpdp]

les deniers et antoniniens romains ont beaucoup perdu d'argent-métal au fil du temps et surtout sur la fin : le denier de république contenait environ 950/1000, à la fin du 3ème siècle il n'en contenait plus que 2%. mais pour lui conserver une belle apparence l'argent était mit en surface, on appelle aujourd'hui la chose placage. ça fait penser à un faux mais c'est un faux officiel, si on peut dire. la plupart des pièces ont perdu leur argenture, mais pas toutes.

image de http://www.fredericweber.com/articles/i ... adiees.htm

[Guillaume Hermann]

Je ne comprends plus bien, surtout que les différents propos viennent du même site.

1/ « Fourrées » = synonyme de « plaquées », ou la technique diffère comme je l’avais supposé ci-dessus ?

2/ Si la technique diffère, il est illogique de considérer qu’à la même époque, les fourrées seraient fausses et les plaquées vraies, puisque la couche d’argent est probablement plus épaisse sur les fourrées (pour ne pas laisser apparaître l’âme en métal vil lors de la frappe).

La légère remontée du titre d’argent vers 266 permet-elle de penser que le cours de l’argent a baissé à cette époque, et que donc il pourrait être logique de considérer les fourrées comme fausses en supposant que leur frappe (avant 266) aurait été de quelques années ou décennies antérieure à celle des plaquées (après 266) qui, elles, seraient officielles ?

Gallien qui est représentée sur ma plaquée : 253-268

Donc ça peut se tenir. Mais :

3/ Dans ce cas, si les plaquées (après 266 environ) sont officielles, les faussaires auraient été bien idiots de continuer à faire des fourrées à compter de cette date ;

a/ on peut supposer qu’ils ont adopté le placage aussi, plus économique, et que, par conséquent, parmi les plaquées d’après 266 environ se trouvent des officielles et des fausses

b/ Probus de qui Weber date l’immense majorité des frappes de fourrées : 276-282. Ca nous fait des fourrées fausses postérieures aux plaquées vraies, cela ne tient pas.

[hpdp]

fourrées correspond à des fausses, = du cuivre recouvert d'une feuille argent, imitant des pièces en argent massif.

argentée correspond aux monnaies officielles de l'époque, à cours forcé mais sans que personne ne soit dupe (du moins après une courte période de circulation).

je ne pense pas que considérer le cours de l'argent soit une bonne approche, il devait être très stable, étant compté en argent-métal, seule référence métallique. il faut plutôt considérer le nombre d'antoniniens (officiels) par livre d'argent pur. les gens savaient très bien ce que valaient telle pièce (*), si elle était argentée ou massive, et à peu près quel taux d'argent elle contenait, le truc des fraudeurs était de faire passer leur production pour des pièces réputées en bon métal. ils n'avaient en effet aucun intéret à faire passer leurs fourrées pour des argentées. il suffisait de fabriquer des fausses en cuivre pour les faire passer pour des vraies usées (dé-argentées), c'est d'ailleurs ce qu'ont fait les "empereurs rebelles" gaulois, moins de cuivre et pas d'argenture du tout.

pour en revenir à la tienne, elle est bonne puisque datant de l'époque des antos argentés, une fausse ne l'aurait pas été.

(*) nous, du 21ème siècle, voyons l'histoire romaine dans son ensemble, les gens de l'époque n'avaient pas internet ni la télé mais savaient tout de même ce qui se passait, les monnaies ne changeant pas d'un jour à l'autre comme nous qui voyont un denier de la république et juste à côté un follis de constantin comme "romaines", mais elles ne se sont sans doute jamais croisées à l'époque. si une variation de taux d'1 ou 2% pouvait passer inaperçue, une variaion "illicite" de 5 ou 10% des monnaies devait très vite se savoir, et les prix dans la nouvelle monnaie monter d'autant.

les pièces n'étaient d'ailleurs pas utilisées comme notre monnaie du fait de l'absence de très petites valeurs, l'ardoise et le troc servaient usuellement.

[Guillaume Hermann]

Merci, c’est plus clair ! Effectivement je me rallie à l’idée du nombre d’antoniniens par livre d’argent.