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Nouveaux billets locaux à Pézenas


Guillaume Hermann

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http://www.parismatch.com/Actu-Match/So ... ts-369140/ (avec des photos des billets que nous n’avons probablement pas le droit de reproduire ici ; si quelqu’un possède ces billets et peut nous les scanner, ce sera sympa)

6 janvier 2012

Pézenas fait tourner la planche à billets

En pleine crise de l’euro, la petite ville du Languedoc lance sa propre monnaie : l’occitan. (…) Jean-François Marquès court d’un lieu à un autre, embrasse les passants, et discourt, volubile, sur sa marotte : les monnaies locales. Depuis près de deux ans, avec trois compères, ils frappent leur propre devise : l’occitan. Et si cela marchait ? Si, comme en Argentine ou même aux Etats-Unis ou en Allemagne, où les monnaies locales cartonnent, il s’implantait ? D’autant plus que, désormais, pour les 10 ans de la monnaie unique, certains en pronostiquent la fin…

(…) Arrêtez-vous ici et achetez vos légumes d’autrefois en « occitans ». L’anti-euro. Bienvenue à Pézenas, lieu de résistance à la monnaie européenne. « L’argent, explique Jean-François, c’est comme un écosystème. Si vous n’avez qu’une seule souche de vigne et qu’elle tombe malade, tous les plants seront touchés. D’où la nécessité d’avoir une diversité de vignes… et de monnaies ! » Il ajoute : « J’ai choisi le nom d’occitan en référence à la langue. Comme l’argent, c’est un moyen d’échange. Il y a combien de langues en Europe ? Pourtant, il n’y a qu’une monnaie. C’est absurde. Si on récupère l’argent, on récupère le pouvoir. C’est ce qu’il faut comprendre. » (…)

Eric, la quarantaine, sort de sa poche une liasse de billets pliée en deux. Il en extrait un pour s’acquitter de son café. C’est un drôle de papier, or et pourpre. Molière y est dessiné se tirant la moustache sur fond de croix occitane. Le coupon présente tous les attributs d’un authentique billet – une date de validité, une numérotation, une devise : « Liberté, parité, communauté ». Avec sa petite bande d’idéalistes, Jean-François a d’abord créé l’occitan pour soutenir le marché biologique. (…) Sur le petit billet pourpre, un slogan résume cela : « Une solution locale pour une économie locale. »

Le café Blablablah fait office de bureau de change : contre 1 euro, 1 occitan. Tous les clients en sont de fiers adeptes. Pas uniquement parce qu’ici le café coûte 1 occitan au lieu de 1,10 euro.

(…) L’occitan n’est décliné qu’en billet de 1, 2, 5 et 10. Et ces derniers sont rares. Jean-François débarque sur son vélo : « On ne fait pas encore les billets de 500 ! » dit-il en se marrant. Ni les centimes : « On a songé à en faire, mais le coût de production dépassait la valeur faciale », assure François-Xavier, le trésorier. En dessous de 1 occitan, la monnaie est donc rendue… en centimes d’euro !

(…) Des tickets qui, comme l’occitan, ne sont pas officiellement de la monnaie, mais ont une valeur. « Les occitans sont imprimés en offset avec de l’or pour empêcher qu’ils soient reproduits. Ils sont numérotés, la date de validité est imprimée en typo et, surtout, cette année, ils auront un hologramme ! » Histoire non pas de s’assurer un peu plus contre les faux, mais de donner à l’occitan un look plus « billet ». Pascal, un habitué, ajoute : « On aura gagné quand il y aura des contrefaçons ! »

En lançant la monnaie nouvelle, Jean-François ne doutait pas du succès à venir. Il a utilisé 1 200 euros d’économies pour en payer l’impression. Il espérait à terme pouvoir en imprimer pour 120 000 occitans. « J’avais prévu large, dit-il. J’ai déchanté. » Aujourd’hui, l’équivalent de 3 600 euros environ est en circulation. Les coupures sont périmées en fin d’année, pour ne pas contrevenir aux lois très strictes sur la monnaie. Un choix qu’aurait fait de toute façon Jean-François : une durée de vie limitée permet d’éviter toute spéculation. (…) Pour chaque occitan mis en circulation, le trésorier assure déposer 1 euro en garantie au Crédit mutuel. Les maigres intérêts perçus permettent de payer une petite partie de l’impression. Car, devant le tollé, Jean-François a renoncé à demander une commission sur le change pour financer son système. Pour 2012, il a obtenu une subvention de 4 200 euros de la mairie. Surtout, l’occitan attire des collectionneurs : « Certains ne viennent que pour ça, affirme Julie à l’Office du tourisme. Alors ils les gardent, sans jamais les utiliser. » Autant de billets qui sortent du dispositif…

L’occitan n’a pas – encore ! – supplanté l’euro, loin s’en faut. Y compris chez ceux qui en font la promotion. « Pour moi, c’est un peu particulier, assume en souriant Philippe, le pharmacien. La carte Vitale ne fonctionne pas en occitan ! Mais j’ai quatre ou cinq clients qui paient tous leurs achats hors ordonnance dans cette monnaie. » Les autres commerçants estiment à 5 % cette clientèle. « Ici, les règlements se font rarement en espèces. Et nous payons nos fournisseurs en euros, par virement », explique Olivier, le patron du restaurant L’Entre Pots. Reste l’avantage de l’outil commercial. « C’est une sorte de bon d’achat pour fidéliser les clients, détaille Firas Soukar, le gérant de Sky informatique, en charge du site Internet de l’occitan. On en remet aux clients. Ils les dépensent localement, pas forcément chez nous, mais cela crée une dynamique. » François-Xavier, le trésorier, ajoute : « Psychologiquement, cela fait l’impulsion d’achat. Celui qui achète un objet à 50 euros et en paie 20 en occitans a l’impression qu’il ne lui a coûté que 30 euros… »

En ville, le feu couve entre les pro et les anti. Ceux qui défendent l’euro et ceux qui y voient la cause de tous leurs maux. Ceux qui font la promotion de l’occitan et ceux qui n’y voient rien de bon. Ceux qui murmurent que Jean-François n’est pas du coin et ceux qui disent que l’esprit de clocher empêche toute innovation. Entre les deux camps, les attaques sont monnaie courante. Les anti craignent d’être obligés de faire des « ristournes » à ceux qui paient en occitans ou de devoir payer une commission sur le change. « Il faut déjà faire attention aux fausses pièces, explique une marchande de légumes. Tous les jours, je me fais avoir. Alors une autre monnaie ! » (…)

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c'est très bien ces monnaies locales, très utile, puis ça fait bouger les collectionneurs :D

s'il y a bien une chose certaine c'est que ce n'est pas en laissant les politiques s'en occuper qu'on sortira de la crise (qui n'en est pas une puisque non-passagère).

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