Bonsoir,
C'est vrai qu'avant on n'accordait aucune importance aux godiches à gros nichons... Je vais prendre un exemple que je connais un peu : Balzac.
Il est mort dans son logement de la rue Fortunée en 1850. L'année-même de sa mort, dans les mois qui ont suivi, celle-ci a été renommée "rue Balzac", et elle a conservé ce nom jusqu'à nos jours. Célèbre depuis les environs de 1830, il lui a donc fallu mourir, et 20 ans plus tard, pour être honoré (de Balzac) d'une rue.
Mais pourquoi la rue s'appelait-elle "Fortunée" depuis son lotissement en 1825 ? Parce que l'une (pas la seule) des actionnaires de la société immobilière qui avait loti le terrain se prénommait Fortunée : Fortunée Hamelin. Et qui était Fortunée Hamelin ? Pour faire bref : une pute.
Et dans quel état était Fortunée Hamelin quand on a débaptisé "sa" rue après la mort de Balzac ? Vivante. Balzac est mort en 50, la rue a été renommée d'après lui en 50, Fortunée Hamelin est morte en 51. C'est-à-dire que cette dame, qui n'a jamais eu d'autre compétence que située entre ses genoux et son nombril, a eu une rue à son nom de son vivant, honneur qu'on présente souvent comme ayant été réservé à Victor Hugo; de façon erronée, donc. Et elle n'avait pas eu la même carrière que Victor Hugo... Et elle a eu sa rue à 49 ans, Hugo à 79 ans.
Si nous avions de nos jours une rue parisienne de quartier chic au nom d'une chose en plastique passée chez Hanouna, tout le monde hurlerait (moi aussi). Ca se faisait pourtant sous Charles X !