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  1. [nbpagination_toc="Introduction"] S’il existait une liste des rois de France méconnus, François II serait certainement en bonne position dans celle-ci. Son court règne (10 juillet 1559 - 5 décembre 1560) ne laisse guère de traces dans nos mémoires (en tout cas dans la mienne). Sa mère et régente Catherine de Médicis est par exemple une figure politique majeure de l’époque qui ne laisse guère de place à ses fils, hormis Henri III peut-être. Les règnes prestigieux de François Ier (1515-1547) et celui d’Henri IV (1589-1610) achèvent d’éclipser le court passage de François II à la couronne de France. Un petit règne certes, mais ces 18 mois d’histoire de France ne sont pas les plus paisibles de notre histoire, loin s’en faut ! La période du règne de François II est trouble, marquée par des crises politiques et religieuses majeures, préludes au déclenchement des guerres de religions ainsi qu’à l’affaiblissement de l’influence française en Europe au profit de l’Espagne. Sur le plan numismatique, cette affirmation de « l’inexistence » de François II est encore plus vraie, aucune monnaie n’étant frappée au nom du roi nouvellement monté sur le trône. Cette état de fait est toutefois à relativiser, car à la suite de son mariage avec Mary Stuart, reine d’Écosse (r.1543-1567), on retrouve un monnayage écossais original aux armes de France et d’Écosse sur lequel François porte le titre de roi de France et d’Écosse. Il s’agit là des seules monnaies portant le nom de François II. Je vous propose au travers de cet article de revenir sur l’histoire de ce roi du XVIème siècle, l’histoire de son temps et sur ses monnaies à la fois en France et en Écosse, qui tout en étant officiellement étrangères n’en demeurent pas moins un petit peu françaises… [nbpagination_toc="Accession au trône"] ACCESSION AU TRÔNE Né à Fontainebleau le 19 janvier 1544, François est le premier fils d’Henri II et de Catherine de Médicis. Portant le prénom de son grand-père François Ier, il devient Dauphin du royaume de France à la mort de ce dernier en 1547. Son père Henri accède alors au trône sous le nom de Henri II. François est fiancé dès l’âge de 4 ans à Mary Stuart, reine d’Écosse et petite fille de Claude de Lorraine, duc de Guise. Les noces seront célébrées le 24 avril 1558, François devenant au passage roi d’Écosse. Le contrat de mariage officialise le titre de roi d’Écosse de François qui détient des pouvoirs identiques à ceux de son épouse, ainsi que le rapprochement des deux royaumes qui lors de l’accession au trône de François doivent théoriquement être réunis sous la même couronne (et leurs sujets naturalisés de part et d’autre). L’Histoire en décidera autrement… © Collection du palais de Versailles Portrait du roi Henri II, François Clouet, 1559. Le règne du père de François, Henri II, est marqué par l’austérité : c’en est fini du faste de la cour de François Ier, des frivolités et des largesses pécuniaires. La période est également marquée par l’implantation durable des protestants et le début des querelles religieuses, malgré une certaine rigueur dans la répression envers les protestants. La puissance française en Europe se maintient, mais la fin de règne est marquée par plusieurs évènements défavorables, comme le traité du Cateau-Cambrésis (avril 1559) qui met un terme aux guerres d’Italie (initiées par Louis XII et poursuivies par François Ier) et aux espoirs français en Italie… Au cours d’un tournoi donné en l’honneur des mariages de sa fille Élisabeth de France avec Philippe II d’Espagne et de sa sœur Marguerite de France avec le duc de Savoie, Henri II est proprement embroché par la lance de son adversaire (le capitaine de sa garde écossaise, Gabriel de Montgommery) le 30 juin 1559. Après plusieurs jours d’agonie et de souffrance, Henri II meurt le 10 juillet suivant, François lui succédant au trône sous le nom de François II. Le tournoi fatal, ©wikipédia.fr, impression anonyme, XVIème siècle, Allemagne. [nbpagination_toc="Le règne de François II"] LE RÈGNE DE FRANCOIS II © Collection de la Chartreuse du Liget François II, artiste anonyme, XVIIème siècle Dès l’accession au trône de France de François II, le pays est en proie à une crise à la fois politique, financière et religieuse : Bien qu’âgé de 15 ans et légalement majeur, François II délègue (en accord avec sa mère Catherine de Médicis) une partie de ses pouvoirs aux oncles maternels de son épouse, les Guise, qui vont faire l’objet dans tout le royaume de profonds mécontentements : perçus comme d’ambitieux étrangers qui profitent des faveurs du roi, les Guise seront sans cesse en manque de légitimité et les principaux princes du sang (notamment Louis de Bourbon, Prince de Condé, et son frère Antoine de Bourbon, roi de Navarre) contesteront systématiquement leur mainmise sur le pouvoir ainsi que les mesures prises dans l’exercice de leurs fonctions. Le duc de Guise prend en main la destinée de l’armée royale tandis que son frère, le Cardinal de Guise, celle des finances, de la justice et de la diplomatie. Sur le plan financier, avec un déficit dépassant de loin les recettes annuelles de l’État, les Guise sont contraints de pratiquer une politique d’austérité draconienne : non-paiement des factures des fournisseurs de la cour, diminution des payes des militaires et officiers, diminution des effectifs de l’armée… Cela bien entendu n’arrange en rien leur côte de popularité, les choix effectués étant de plus empreint d’une certaine partialité… C’est la crise religieuse qui marquera le plus le règne du jeune roi. Le protestantisme est en effet en plein essor depuis le début du XVIème siècle et l’essor du luthéranisme puis du calvinisme. Lors de l’accession au pouvoir de François II, 10% de la population française est protestante (les « huguenots »), proportion qui monte à 30% dans la noblesse ! Poursuivant la politique de son père, François II durcit la répression envers les protestants : dès l’automne 1559 survient une grande vague de perquisitions, d’arrestations et de confiscations des biens. Les exécutions suivent de près, tout agitateur étant implacablement châtié. Cette politique répressive entraîne un groupe de gentilshommes à monter le projet de renverser le gouvernement des Guise et de confier le pouvoir aux princes du sang : c’est la célèbre conjuration d’Amboise. Les conjurés ont pour projet d’investir le palais avec le concours d’une importante troupe de huguenots et, tout en s’assurant de la sécurité du roi, d’éliminer les Guise au moindre signe de résistance de leur part. Mal organisée et mal préparée, la conjuration va se terminer en bain de sang. Des rumeurs de complot sont parvenues à la cour dès le mois de février 1560, ce qui a entraîné un revirement dans l’attitude du conseil royal (il est ainsi offert une amnistie générale aux protestants) mais il est hélas trop tard, les troupes rebelles convergeant de toute part vers le château d’Amboise où siège la cour. L’arrestation des principaux conjurés le 15 mars 1560 désorganise les troupes rebelles qui sont capturées une à une, mettant fin à tout espoir de renversement du gouvernement. Une ultime tentative sera menée par quelques centaines d’hommes le 17 mars suivant, mais ces derniers seront repoussés, poursuivis et massacrés, finissant pour certains pendus au grand balcon du château d’Amboise. La répression qui s’ensuivra durera plusieurs semaines et fera des centaines de victimes. Louis et Antoine de Bourbon ne devront leur salut qu’à l’absence de preuves envers leur personne, et pourront se réfugier dans le sud-ouest. ©wikipédia.fr Exécution des conjurés d’Amboise, gravure d’après Tortorel et Perrissin, XVIème siècle Devant le mécontentement général et après l’alerte de la conjuration d’Amboise, François II et ses conseillers, sur conseil de Marie de Médicis, renouent le dialogue avec les tenants du protestantisme, amorçant une politique de conciliation. Des premières mesures de clémence sont prises, permettant la libération des prisonniers pour fait de religion (édit de Romorantin en mai 1560). Les rassemblements protestants demeurent néanmoins interdits. La nomination d’un nouveau chancelier de France moins intransigeant, Michel de l’Hospital, va provoquer une tentative de rapprochement entre chrétiens de toute opinions, ce dont le Pape Pie IV ne veut initialement pas entendre parler. Devant le risque de tenue d’un concile national en France conte l’avis de Rome, le Pape accepte finalement l’ouverture d’un concile général tout en rejetant la participation des protestants… Un pas en avant, un pas en arrière… Sur le plan politique, le gouvernement tente d’obtenir l’appui de ses sujets. Mais devant le risque d’être évincés, les Guise refusent la tenue d’États Généraux, y préférant une consultation de la noblesse française. Cette dernière, tenue en août 1560, n’aboutit finalement à rien, si ce n’est à… une demande de convocation des États Généraux. Une nouvelle fois, l’affaire piétine… En province, ces atermoiements et la relative clémence envers le protestantisme incite les assemblées de protestants à se réunir, mettant à mal l’autorité royale. La tentative d’apaisement du pouvoir a finalement pour effet pervers de majorer les troubles dans le sud-ouest et le sud de la France. Les émeutiers, soutenus par la noblesse locale, s’attaquent aux symboles royaux et déclenchent localement de véritables insurrections durant l’été 1560 (l’ombre des Princes de sang, Condé et Navarre, n’est d’ailleurs pas bien loin dans l’organisation de ces révoltes). C’en est trop pour le roi qui envoie la troupe, et l’automne voit un semblant d’ordre se remettre en place. Les chefs rebelles sont en fuite, et le Prince de Condé, convoqué à la cour est arrêté en octobre 1560 et condamné à mort (bien que les sources sur ce dernier point divergent). Pour finir sur l’histoire du règne de François II, il convient d’évoquer les aspects internationaux finalement peu importants et dominés par l’application du traité de paix entre la France et l’Espagne : le traité du Cateau-Cambrésis, signé quelques mois avant l’accession au trône de François II (avril 1559) et qui met fin officiellement à plus de 40 ans de guerre entre français et espagnols. Ce traité entérine la renonciation à toutes les conquêtes françaises en Italie : la Savoie, le Piémont, la Toscane et la Corse, qui sont progressivement abandonnées non sans une certaine amertume. La récupération de quelques places fortes au nord-est du royaume, rendues (difficilement) par Philippe II d’Espagne ne compense pas vraiment ces pertes territoriales. C’est le début d’une diminution de l’influence française en Europe, au profit essentiellement de l’Espagne. Une dernière péripétie mineure marque le règne de François II : c’est la perte définitive de la colonie française au Brésil, détruite par les portugais en mars 1560, mettant fin à tout projet immédiat d’implantation dans cette région du monde. [nbpagination_toc="Monnaies françaises"] MONNAIES FRANCAISES Il convient de faire brièvement le point sur le système en usage sous François II, hérité du système mis en place par Henri II. Ce dernier a réformé dès 1547 la monnaie en France et abandonné de la frappe des écus d’or au profit de monnaies d’or avec portrait : les écus d’or dits « à l’effigie » puis en 1550 les « Henri d’or », avec ses multiples (double Henri d’or) et divisionnaires (demi Henri d’or). Le Henri d’or est émis pour une valeur de 50 sous tournois, avec un poids légèrement supérieur à l’ancien écu d’or. Contrairement au monnayage d’or, le monnayage d’argent a gardé les règles en usage sous François Ier. En ce qui concerne François II, il n’existe tout simplement pas de monnaies frappées à son effigie, ni même mentionnant son nom durant son bref règne : tous les modèles frappés sous le bref règne de François sont repris des types de Henri II. On retrouve ainsi les Henri d’or (avec son multiple, le double Henri d’or et son divisionnaire, le demi Henri d’or), les testons et demi-testons, les testons et demi-testons du Dauphiné, les douzains aux croissants et douzains aux croissants du Dauphiné. Il est bien difficile d’attribuer à tel ou tel roi une monnaie, les monnaies portant le millésime 1559 pouvant être attribuée à Henri II ou François II, tandis que celle portant le millésime 1560 peuvent attribuées à François II ou Charles IX (qui a fait frapper certaines monnaies du type de Henri II jusqu’en février 1561, tout en gardant le millésime 1560…). Rappelons par ailleurs qu’à l’époque, l’année commence seulement à Pâques et que le changement de millésime s’effectue dès lors vers les mois de mars ou d’avril. Dans cette apparente complexité, J. Duplessy nous précise toutefois que toutes les pièces au millésime 1560 sans différent d’atelier pointé semblent dater du règne de François II. Ci-dessous, quelques exemples de ce monnayage, pouvant (sans certitude absolue toutefois) être rattachée au règne de François II : Double Henri d’or L’exemplaire montré en exemple ci-dessus a été frappé à Rouen, en 1559. D’un diamètre de 28mm, pour un poids de 7,3 g, la monnaie représente à l’avers le buste cuirassé à droite d’Henri II, avec en légende (légende débutant à 7h) « HENRICVS. II. DEI. G. FRANCOR. REX. » (« Henri II, par la grâce de Dieu, roi des Francs »). Au revers de la monnaie, on trouve la représentation d’une croix formée de quatre H couronnées, cantonnée aux 1 et 4 d’un croissant, aux 2 et 3 d’un lys. La lettre d’atelier se situe au cœur de la croix (lettre B pour l’atelier de Rouen). En légende est inscrit « DVM. TOTVM. COMPLEAT. ORBEM 1559 » (« Pour qu'il remplisse l'Univers »), variante de la devise personnelle de Henri II. (Crédit image : ©wikipedia.fr) Teston Monnaie émise pour une valeur de 10 sous tournois, le teston présenté ci-dessus pèse 9,4g pour un diamètre de 29,5 mm. Il représente à l’avers le buste cuirassé d’Henri II tête nue, tourné vers la droite, avec en légende l’inscription « HENRICVS. II. D. G. FRANCO. REX » (« Henri II, par la grâce de Dieu, roi des Francs »). Au revers, on trouve un écu de France couronné et accosté de deux H couronnées. La lettre d’atelier se trouve à la pointe de l’écu (en l’occurrence le M pour l’atelier de Toulouse). La légende est celle qui est habituellement réservée au monnayage d’or : « XPS. VINCIT. XPS. REGNAT. XPS. IMPE » pour « Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande ». Teston du Dauphiné Les testons dit « du Dauphiné » sont d’un graphisme similaire aux testons précédemment vus, l’écu de France du revers étant simplement remplacé par l’écu de France-Dauphiné. D’un poids de 9,1g pour un diamètre de 28mm, l’exemplaire ci-dessus a été frappé à Grenoble (lettre d’atelier Z). (Crédits ©monnaiedantan.fr) Douzain aux croissants Émis pour une valeur de 12 deniers tournois (d’où son nom de douzain), cette monnaie de billon présente à l’avers un Écu de France couronné, accosté de deux croissants également couronnés. En légende on retrouve la mention « +HENRICVS.2.DEI.G.FRANCORV.REX » (« Henri II, par la grâce de Dieu, roi des Francs »). Le revers représente une croix formée de 8 croissants, cantonnée de H en 1 et 3 et de couronnelles en 2 et 4, avec en légende « +SIT.NOMEN.DNI.BENEDICTVM. » (« Béni soit le nom du Seigneur »). Frappé en 1559 à Anger (lettre d’atelier F à la pointe de l’écu), la monnaie donnée en exemple pèse 2,5g pour un diamètre de 27,5mm). Ainsi, il n’existe pas en France de monnayage propre à François II, et il faut se tourner de l’autre côté de la mer du Nord pour trouver une trace numismatique de ce roi de France. [nbpagination_toc="L’alliance franco-écossaise"] L’ALLIANCE FRANCO-ÉCOSSAISE Comme nous l’avons précédemment cité, le roi François II est marié très jeune à la non moins jeune reine d’Écosse Mary Stuart, unissant les destinées de ces deux royaumes. Un petit retour en arrière est nécessaire afin de comprendre ce qu’il s’est passé. Fille de Jacques V d’Écosse et de Marie de Guise, petite fille du duc de Guise, Mary Stuart voit le jour à peine une semaine après le décès de son père, devenant aussitôt reine (elle est couronnée le 9 septembre 1543, à l’âge de 9 mois) sous le nom de règne de Mary Ière. La gestion du royaume n’est bien entendu pas confiée à la jeune reine : le comte d’Arran, puis sa propre mère, Marie de Guise, assureront la régence. © Victoria and Albert Museum Marie Stuart, reine d’Écosse, François Clouet, vers 1559 Alors que dans un premier temps, il est envisagé de marier la jeune Mary au fils d’Henry VIII d’Angleterre (traité de Greenwich du 1er juillet 1543), l’attitude belliqueuse des anglais qui n’ont de cesse de tenter de rattacher l’Écosse à leur royaume depuis bien longtemps, et l’attitude des meneurs écossais feront capoter le projet, Mary étant soustraite à l’influence anglaise. Le roi d’Angleterre prend aussitôt les armes contre l’Écosse, précipitant un retour des Écossais vers un de leur plus vieil allié : la France. Devant la perspective de destruction leur pays, le Parlement écossais renouvelle ses liens avec la monarchie française dès décembre 1543, et la naissance en 1547 de François, dauphin de France, permet d’envisager un mariage unissant les deux couronnes et le renouvellement de l’Auld Alliance (Alliance entre France et Écosse aux dépens de l’Angleterre, dont l’origine remonte possiblement à 1165, la première trace écrite datant de 1295). Le décès d’Henri VIII d’Angleterre en 1547 ne change pas la donne et les exactions se poursuivant en Écosse, le projet d’union est concrétisé par les fiançailles de Mary Stuart et de François II en 1548, provoquant l’envoi immédiat de troupes françaises en Écosse et la soustraction de la jeune souveraine écossaise aux multiples dangers la menaçant (enlèvement, meurtre…) par son envoi en France. Le mariage est célébré le 24 avril 1558 alors que François n’est pas encore roi de France et le contrat de mariage stipule formellement que le dauphin de France porterait le titre de roi d’Écosse, possédant d’ailleurs les mêmes pouvoirs que son épouse. Par la suite, à l’accession au trône de François, il est prévu que les deux royaumes soient réunis sous la même couronne, l’héritier mâle du couple pouvant seul prétendre à la succession de France (cette bonne vieille loi salique…), tandis qu’en cas de décès prématuré de Mary, la France mettrait sur le trône le plus proche héritier écossais. Il existe par ailleurs des clauses secrètes à ce contrat de mariage, la plus importante stipulant que l’Écosse et les droits écossais à la couronne d’Angleterre revendraient à la France en cas de décès de Mary sans héritier. © Bibliothèque Nationale de France François II et Marie Stuart, auteur anonyme, vers 1558 Durant cette période, royaume de France et royaume d’Écosse sont très proches l’un de l’autre, et lors de l’accession au trône de François II, Mary devient reine de France et d’Écosse. Demeurant en France auprès de son époux, c’est sa mère Marie de Guise qui continue d’assurer la régence en Écosse. Mais la position dominante de la France en Écosse ne plait pas à tout le monde : une partie de la noblesse protestante écossaise (les Lords de la congrégation, soutenus par l’Angleterre) se soulève et s’oppose à Marie de Guise, qui est chassée d’Édimbourg et doit se réfugier en la forteresse de Dunbar. Malgré le soutien apporté par François II à la régente, celle-ci décède en juin 1560, emprisonnée à Édimbourg, sans avoir pu recouvrer son pouvoir, même si les armées françaises ont plus ou moins rétablie la situation. La noblesse écossaise ne doit son salut qu’à l’intervention de la reine d’Angleterre Elisabeth Ière qui ne peut accepter de futures prétentions françaises à la succession du trône d’Angleterre et envoie l’armée faire le siège des troupes françaises dans le port de Leith. La ruine des finances françaises et les troubles en France forcent François II à négocier une paix désavantageuse : le traité d’Édimbourg de juillet 1560 établi le protestantisme comme religion d’État en Écosse, la reconnaissance d’Elisabeth Ière comme reine d’Angleterre et la renonciation de la France à tout ses droits sur la couronne écossaise. Les troupes françaises sont par conséquence expulsées d’Écosse. François II et Mary refuseront par ailleurs de signer ledit traité lorsqu’il leur sera présenté, ce qui en définitive n’influera guère sur le cours de l’histoire. [nbpagination_toc="Monnayage écossais et franco-écossais"] MONNAYAGE ÉCOSSAIS ET FRANCO-ÉCOSSAIS Durant une période d’environ 15 ans, royaume de France et royaume d’Écosse ont donc été étroitement liés. Il est dès lors logique de retrouver un monnayage écossais mentionnant François II comme roi de France et d’Écosse, pareille monnaie n’existant pas en France (comme nous l’avons vu précédemment, il n’existe en France aucune monnaie au titre de « François roi de France » ni « François roi de France et d’Écosse »). On retrouve trois monnayages écossais pour trois périodes distinctes : - la première période, où la reine Mary est fiancée au dauphin de France (1548-1558). - la seconde période (1558-1559), datant du mariage de François et Mary, avant l’accession au trône de François. Les deux époux sont dès lors roi et reine d’Écosse, dauphins de France. - La troisième et dernière période (1559-1560), ou nos deux protagonistes sont roi et reine de France et d’Écosse. PREMIÈRE PÉRIODE : 1548-1558 Le royaume d’Écosse émet en 1553 un monnayage d’or, qui célèbre à sa manière la promesse de mariage entre la reine Mary et François de France : il s’agit la pièce de 44 shillings. Pièce de 44 shillings 1553 La pièce est un parfait résumé de la situation politique de l’époque : on trouve à l’avers l’écu d’Écosse couronné, accosté des lettres « I » et « G » (pour « Iacobus Gobernator », « James Gouverneur ») rappelant que la régence du royaume est assurée à cette date par James Earl, comte d’Arran (Marie de Guise ne sera régente que l’année suivante). En légende, on trouve l’inscription « + MARIA. DE. GRA. R. SCOTORVM. » pour « Marie, par la grâce de Dieu, reine d'Écosse ». Au revers se trouvent les initiales imbriquées « M » (« Marie »), « F » (« François ») et « G » (« Guise »), encadrées de deux roses à cinq pétales, là aussi un parfait résumé de la gouvernance écossaise du moment. En légende circulaire, on trouve la mention « + DILIGITE IVSTICIAM » (« Respecter la Justice ») suivie du millésime 1553. Cette monnaie en or, émise pour 44 shillings (soit 2,2 livres) est frappée à Édimbourg et mesure 27 millimètres pour un poids de 5,22 grammes. (Crédits image : ©numisbids.com) Il s’agit là de la première mention de François (qui n’est pas encore roi ni en Écosse ni en France) sur une monnaie. Il n’y aura pas d’autre émission de monnaie évoquant le dauphin de France jusqu’à son mariage avec Mary d’Écosse en 1558. SECONDE PÉRIODE : 1558-1559 Ce monnayage écossais de 1558 et 1559 évoque le mariage de François et Mary, avant l’accession au trône de France de François : les deux époux sont dès lors roi et reine d’Écosse, dauphins de France. Il sera émis durant ces deux années un teston d’argent (appelé également gros), un demi-teston (ou demi-gros), un quart de gros en billon et une monnaie de billon noir, le lion. Toutes les monnaies sont frappées à Édimbourg. Teston d’argent 1558-1559 Le teston d’argent se retrouve avec les millésimes 1558 ou 1559. A l’avers, on trouve un écu brochant sur une croix, mi-parti, au 1 au contre-écartelé en a et d de France, en b et c du Dauphiné, au 2 d’Écosse ; mi-parti d’Écosse. La légende de l’avers devient « FRAN. ET. MA. D. G. R. R. SCOTOR. D. D. VIEN. » pour « François et Marie, par la grâce de Dieu, roi et reine d’Ecosse, dauphin et dauphine du Viennois ». Au revers on observe le monogramme FM sous une couronne accostée de deux croix de Lorraine, rappelant les origines Lorraine de la famille maternelle de la reine. En légende « +. FECIT. VTRAQVE. VNVM. » (« Nous ne faisons qu’un »). L’exemplaire ci-dessus, fabriqué en argent 917 millièmes, pèse 6,03g pour un diamètre de 28,5mm. (Crédits image : ©wikipedia.fr) Demi-teston d’argent Le demi-teston reprend les mêmes codes, aussi bien à l’avers qu’au revers. Le poids est bien évidemment inférieur, l’exemplaire ci-dessus pesant 3g pour un diamètre de 23,5mm. La monnaie est toujours fabriquée en argent 917 millièmes. (Crédits image : ©cgb.fr) Quart de gros d’argent En 1559 est frappé un gros d’argent qui célèbre plus spécifiquement le mariage de François et de Mary. Cette monnaie porte à l’avers le monogramme FM couronné, accosté à gauche d’un dauphin couronné et à droite d’un chardon couronné (symbole respectivement du Dauphiné et de l’Écosse). En légende se trouve la même mention que sur les testons et demi testons « + FRAN. ET. MA. D. G. R. R. SCOTOR. D. D. VIEN ». Le revers de la monnaie est plus original : un cartouche carré, accosté de deux croix de Lorraine et surmonté d’une croix potencée, comporte le texte suivant sur quatre lignes : « IAM. NON / SVNT: DVO / SED: VNA / .CARO. » (« Ils ne sont plus deux mais une seule chair »). En dessous du cartouche se trouve le millésime 1559. L’exemplaire présenté ci-dessous est fabriqué (toujours à Édimbourg) en billon et pèse 1,58g pour un diamètre de 21,5mm. Lion ou « hardhead » (hardi) en billon, 1558 à 1560 La dernière monnaie de cette période est le lion, appelé également Hardhead (qui est une déformation du Hardi français). Cette petite monnaie de billon noir (90% de cuivre, 10% d’argent) est frappée à partir de 1558. Il s’agit de l’équivalent du denier français. La monnaie est très petite (l’exemplaire ci-dessus pèse à peine 0,85g, le diamètre ne nous est pas parvenu) et comporte à l’avers le désormais habituel monogramme FM accosté de deux dauphins, avec une légende identique à celle des testons et gros vus précédemment. Le revers comporte un lion rampant couronné, avec en légende la mention « VICIT VERITAS » (« la vérité vainc ») et le millésime. On notera par ailleurs que deux essais, le premier en or, le second en argent furent frappés en 1558. Les deux essais représentaient à l’avers les profils face-à-face de François et Mary, avec en légende « FRAN ET MA DG RR SCOTOR DELPHIN VIEN » (« François et Mary, par la grâce de Dieu, roi et reine d’Écosse, Dauphin du Viennois ». Au revers de l’essai d’or se trouvait une croix formée de 8 dauphins, cantonnée de 4 croix de Lorraine, avec en légende « HORUM TUTA FIDES » (« leur fidélité est assurée »). Le revers de l’essai d’argent comporte quant à lui un écu couronné, parti de France, du Dauphiné et d'Ecosse, entre les lettres F et M couronnées et l'inscription « FECIT VTRA QVE VNUM » (« nous ne faisons qu’un »). Ces deux essais sont représentés ci-dessous (à gauche, l’essai en or ; à droite, l’essai en argent. Crédits photos : © numismatiquenice.eu) TROISIÈME PÉRIODE : 1559-1560 A la mort de Henri II, François devient roi sous le nom de François II. C’est l’occasion de sortir deux nouvelles monnaies en Écosse, les gros et demi-gros d’argent (ou teston et demi-teston). Ces monnaies sont globalement identiques aux testons frappés les années précédentes, et toujours fabriquées à Édimbourg. Gros d’argent On retrouve à l’avers l’écu couronné mi-parti de France et d'Écosse, accosté d'une croix et d'une croix de Saint-André. La légende a été légèrement modifiée pour devenir « +. FRAN. ET. MA. D. G. R. R. FRANCO. SCOTORS » (« François et Marie par la grâce de Dieu, roi et reine de France et d'Écosse »). Le revers comporte toujours le monogramme FM, mais cette fois accosté d’un lis et d’un chardon couronnés. En légende se trouve l’inscription « + VICIT. LEO. DE. TRIBV. IVDA. » (« Le lion de la tribu de Juda a triomphé »), le lion de la tribu de Juda étant une manière d’évoquer à l’époque Jésus Christ. La monnaie présentée ci-dessous pèse 5,9g pour 29 mm de diamètre. Le demi gros d’argent est identique, bien que d’un diamètre et d’un poids plus faible. Nous le présentons ci-dessous (Crédits photo : ©numisbids.com, mensurations inconnues) : Demi-gros d’argent L’exemplaire est intéressant par la contremarque apposée au revers, ce qui signifie que la monnaie a été réévalué de manière tout à fait officielle en 1578, bien après le décès de François II. Parallèlement à la frappe de ces nouveaux types monétaire est poursuivie la frappe du lion (ou hardhead) en billon, sur le même modèle que vu précédemment. La production de cette monnaie de billon sera arrêtée en 1560. Les monnaies de cette troisième période (à l’exception du lion en billon) sont les seules à être référencée par Jean Duplessy comme monnaies royales françaises, les précédentes monnaies frappées en Écosse l’ayant été alors que François ne porte pas encore le titre de roi de France. Il est à noter qu’après le décès de François II, la frappe des gros (testons) aux armoiries de France-Écosse sera poursuivie jusqu’en 1565, date du remariage de la reine d’Écosse, qui introduira de nouveaux types monétaires à cette occasion. [nbpagination_toc="Mort et postérité de François II"] MORT ET POSTÉRITÉ DE FRANCOIS II François II tombe malade en novembre 1560 après une partie de chasse, vers Orléans. Se plaignant de maux au niveau de l’oreille, il meurt le 5 décembre 1560, probablement des suites d’une otite surinfectée ou d’une méningite. Enterré à Saint Denis, François laisse peu de trace dans notre histoire : un roi adolescent et sans expérience, fragile aussi bien physiquement que psychologiquement, qui est essentiellement mentionné de nos jours comme « l’époux de Mary Stuart », cette dernière ayant acquis une renommée bien plus importante comme nous le verrons plus bas. Le règne de François II est surtout marqué par les troubles de plus en plus importants en catholiques et protestants, préfigurant les guerres de religion à venir. Mourant sans postérité, c’est son frère Charles âgé de 10 ans qui accède au trône sous le nom de Charles IX. Devant le jeune âge du roi, Catherine de Médicis est nommée régente du royaume (plus exactement « gouvernante de France »), affermissant sa prise en main du pouvoir en France. Au passage et après négociations avec la nouvelle régente, qui a besoin de l’influence des princes de sang face aux Guise, le prince de Condé qui attendait son exécution est gracié et libéré. © Fondation Bemberg Charles IX, roi de France, François Clouet, 1560-1572 [nbpagination_toc="Et Mary Stuart dans tout cela ?"] ET MARY STUART DANS TOUT CELA ? La mort de François II en décembre 1560 laisse Mary Stuart veuve à 19 ans. Elle négocie son retour en Écosse en tant que souveraine, retour qui est autorisé à la condition de ne pas chercher à rétablir le catholicisme. Ne prenant pas les rênes du parti catholique et tolérant largement les protestants, Mary déçoit dans un premier temps ses partisans, mais son mariage avec son cousin germain lord Darnley (un des chefs de file catholique) en 1565 lui attira également la désapprobation du parti protestant ainsi que de la reine d’Angleterre Elisabeth Ière. De cette union naquit un enfant né en 1566, Jacques. L’union sera éphémère car Lord Darnley, jaloux de l’amitié de Mary avec son secrétaire privé, fera assassiner ce dernier, puis changera d’allégeance complotant ouvertement contre son épouse. En 1566, Mary débute une liaison avec Jacques Hepburn, comte de Bothwell, son mari Lord Darnley trouvant quant à lui opportunément la mort dans des circonstances troubles en février 1567, jetant le discrédit sur la reine d’Écosse : cette dernière épouse en effet son amant récemment acquitté des charges d’assassinat envers Darnley. Cette union précipita l’assemblée d’une confédération de nobles écossais qui firent arrêter la reine, qui se retrouve emprisonné et forcée d’abdiquer au profit de son fils en juillet 1567. En mai 1568, Mary s’enfuie de sa prison du château de Loch Leven et lève une petite armée, battue quelques jours plus tard lors de la bataille de Langside. Mary est alors contrainte de s’enfuir en Angleterre, où elle est fraichement reçue par sa cousine Elisabeth Ière, qui la fait purement enfermer, en raison des prétentions de Mary sur le trône anglais. Un nouveau retour en arrière est nécessaire pour expliquer cette situation. Après les décès d’Henry VIII (en 1547), d’Edouard VI (en 1553) puis de Marie Ière d’Angleterre (en 1558) se pose un problème de succession : l’héritier direct issue de la lignée d’Henry VIII d’Angleterre n’est autre que Mary Stuart, reine catholique d’Écosse, récemment mariée au roi de France. Le rassemblement de l’Écosse, de l’Angleterre et de la France sous une même couronne est impensable, notamment pour Philippe II d’Espagne qui préfère intercéder en faveur d’Elisabeth Tudor, fille illégitime d’Henry VIII, qui monte sur le trône en novembre 1558. Ainsi lorsque Mary Stuart s’enfuie en Angleterre en 1568, Elisabeth Ière la perçoit comme une rivale, héritière proclamée du trône britannique, de confession différente et à même de satisfaire les espoirs de restauration de leur religion des catholiques anglais. L’emprisonnement sera long, Mary étant transférée de prison en prison afin d’éviter toute velléité de fuite ou de ralliement à sa cause. Après 18 ans de détention, Elisabeth est convaincue de l’existence de complots envers sa personne, plus ou moins rattachés à la personne de Mary Stuart et décide de se débarrasser de la reine déchue, à vrai dire bien encombrante. La conspiration de Babington en 1586 permettra d’incriminer l’ex-reine d’Écosse (cette dernière devait se voir offrir le trône d’Angleterre en cas de réussite de la conjuration). Les preuves quant à l’implication de Mary Stuart dans ce complot sont ténues et peut-être fabriquées de toute pièces (soit par les ennemis de Mary ou par les services d’Elisabeth Ière) mais quoi qu’il en soit, l’ex-reine d’Écosse est condamnée à mort et exécutée le 8 février 1587, par décapitation. Victime de la politique et des passions religieuses de l’époque, Mary Stuart repose ironiquement en l’abbaye de Westminster, à 10 mètres à peine du tombeau d’Elisabeth Ière. Elle reste la plus connue des souverains écossais en raison notamment de son tragique destin. ©Musée des beaux-arts de Valenciennes L’exécution de Marie Stuart, Abel de Pujol, XIXème siècle
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  2. [nbpagination_toc="1/ Prémices, élection de 1860 et Sécession : un peu d'histoire..."] PRÉMICES... Cette période plonge ses racines profondément dans l’histoire américaine, particulièrement dans l’opposition des États du nord et du Sud, et ce dès la création du pays. La signature de la constitution signée par les treize États d’origine ne s’est pas faite sans difficulté : en effet, les États du Sud voulaient garder une part d’indépendance et éviter la mise sous tutelle d’un État fédéral. La question de l’égalité des droits et par conséquent de l’abolition de l’esclavage, devait également être à l’ordre du jour, mais fut purement et simplement abandonnée. L’opposition Nord/Sud était déjà latente. Cette opposition initiale ne fit que s’amplifier au cours du temps : une démographie explosive au Nord (évolution démographique naturelle ajoutée à l’immigration massive), tandis que la population stagnait au sud (croissance démographique uniquement par le fait des naissances, très peu d’immigrants), une industrialisation importante du Nord que le Sud ne parvenait pas à suivre, son économie étant basée essentiellement sur l’agriculture, notamment celle du coton : en 1850, le sud n’assure que 20% de la production nationale. Même le coton, produit phare de l’agriculture sudiste était exporté en masse à l’étranger, dégageant certes de gros revenus, mais obligeant les États du Sud à importer massivement, n’ayant pas les infrastructures suffisantes pour être autonomes. Tous les produits de consommation venaient ainsi soit du Nord, soit de l’étranger. La révolution des transports s’effectue également de manière inégale : au nord, l’accroissement du nombre de voies ferrées est vertigineux, mais bien plus lent dans le sud. Le Nord possède donc à la fois un avantage démographique, industriel, logistique, ce qui exacerbe les tensions entre les futurs opposants. Par ailleurs, les États du nord ont renoncé à l’emploi d’esclave depuis bien longtemps, mais il ne faudrait pas y voir la raison majeure du conflit : un noir était à l’époque généralement aussi peu considéré dans le nord que dans le sud, même s’il avait un statut d’homme libre dans le nord. Dans le Sud, ils sont 4 millions à la veille de la guerre à être maintenu en esclavage, fournissant la main d’œuvre locale pour les cultures. Seuls un vingtième de la population blanche est propriétaire d’esclaves (grands planteurs, fermiers, petits propriétaires…), mais le reste de la population reste pro-esclavagiste, ce mode de fonctionnement étant nécessaire pour faire tourner le pays. Nombre de petits fermiers ne possèdent pas d’esclave et cultivent leur terre seul : ces « pauvres blancs » fourniront la majorité des combattants des armées du sud. ÉLECTION DE 1860 ET SÉCESSION... Au début des années 1830, Lincoln est un avocat de Springfield dans l’Illinois. Il rejoint les conservateurs. En 1834, il est élu député à la chambre des représentants, puis en 1846 sénateur de l’Etat. Lincoln est favorable à l’abolition de l’esclavage. « L’achat et la vente d’êtres humains est une honte pour le pays » déclare-t-il. Il se prononce contre l’extension de l’esclavage aux nouveaux territoires de l’Ouest. En 1850, il dépose une proposition de loi visant à abolir l’esclavage dans le District de Columbia et préconise l’émancipation des enfants et un dédommagement des propriétaires. John Calhoun, sénateur de Caroline du Nord, l’accuse de compromettre la stabilité politique et commerciale du pays avec ce projet. Calhoun possède d’importantes plantations de coton cultivées par des esclaves. Devant les attaques de Calhoun et de ses partisans et ne trouvant pas d’appui au sein de son parti, Lincoln renonce à son projet. Il n’est pas réélu et reprend ses fonctions d’avocat à Springfield. L’abrogation du compromis du Missouri lui permet de revenir en politique. Lincoln se borne à vouloir limiter l’extension de l’esclavage à de nouveaux Etats et dédommager financièrement les propriétaires terriens du Sud. Lincoln prend conscience que les partis actuels (démocrates et conservateurs) ne permettent plus de dégager des mouvements forts. En mars 1856, il réunit à Bloomington une convention qui prend le nom officiel de Parti républicain. Aux élections présidentielles de 1857, le démocrate James Buchanan accède à l’investiture suprême. Le Parti républicain arrive en seconde position. En 1858, l’Illinois procède à l’élection de nouveaux sénateurs. Lincoln est opposé à Stephen Douglas, homme politique de renom. La campagne se déroule sous fond de tension abolitionniste. Lincoln échoue de justesse. Néanmoins, ses discours lui valent une popularité de plus en plus croissante dans le Nord, mais la haine du Sud. En mai 1860 à Chicago, le Parti républicain doit choisir son candidat à l’élection présidentielle. Deux candidats se dégagent sur les treize : Lincoln possédant l’image de l’homme intègre et une excellente éloquence et William Seward possédant davantage d’expérience et des soutiens dans les hautes sphères. Lincoln est finalement choisi comme candidat. Du 23 avril au 3 mai, le Parti démocrate se réunit à Charleston en Caroline du Sud, afin de désigner leur candidat, parmi six prétendants. A l’issue des débats, aucun des prétendants ne réussit à obtenir les deux tiers des suffrages nécessaires. Une nouvelle réunion a lieu à Baltimore dans le Maryland le 18 juin. Suite à l’échec d’une motion pro-esclavagiste, les délégués du Sud quittent la réunion. Les démocrates du Nord choisissent Douglas, un sudiste, en espérant récupérer le maximum de votes dans le Sud. Les démocrates du Sud se réunissent le 28 et choisissent John Breckinridge comme candidat dissident. La division du pays se concrétise via le Parti démocrate qui présente deux candidats. Le parti conservateur désigne John Bell, un riche propriétaire du Tennessee, dont il fut sénateur, possédant des esclaves et ancien secrétaire d’Etat à la guerre. Bell n’aborde aucune question se rapportant à l’esclavage et ne reconnait aucune autre loi que la Constitution. Deux autres petits partis participent à l’élection : le Parti du Peuple et le Parti de la Liberté. Lors des élections chaque électeur vote au sein de son État pour ses représentants au sein du collège des grands électeurs, dont le nombre de membres est identique à celui des représentants de l'État siégeant au Congrès. Deux chambres parlementaires composent le Congrès : la Chambre des représentants et le Sénat. Le recensement de la population de l’Etat détermine le nombre de représentants de celui-ci siégeant à la Chambre. Les Sénateurs sont au nombre de deux par État. Par conséquent, certains États possèdent plus de grands électeurs que d’autres et sont plus intéressants à remporter. Les citoyens votent pour une liste de grands électeurs du parti soutenant le candidat à la présidence. La liste qui obtient la majorité des votes populaires emporte tous les grands électeurs de l'État. Après ce vote, les grands électeurs se réunissent pour élire le président. Ils accordent leur voix aux candidats en général sur la base du vote populaire. Les élections se déroulent dans un climat tendu. Deux années à peine se sont écoulées depuis la fin des troubles au Kansas. L’année précédente, John Brown s’attaquait à l’arsenal de Harper’s Ferry. Le Sud considère Lincoln comme un tyran et menace de faire sécession en cas de victoire de Lincoln. Les républicains abordent davantage les questions régionales, telles que les tarifs douaniers ou le développement du chemin de fer. Douglas est le seul candidat à faire une campagne nationale. Il parcourt tous les Etats du pays, à l’exception de la côte ouest en raison de son éloignement géographique et de l’absence de moyens de communications rapides. Il prétend être le candidat de l’Union en mettant l’accent sur le risque de sécession en cas de victoire des républicains, qui n’hésiteraient pas à abolir l’esclavage et à détruire le mode de vie du Sud. Cette fois, beaucoup de nordistes pensent que le Sud ne fera jamais sécession et qu’il s’agit d’une énième tentative d’intimidation. Le Parti conservateur est moqué dans le Nord. Il est traité de parti de « vieux messieurs ». Il est vrai que l’âge moyen des membres tourne autour de 60 ans. Le Sud trouve que Bell se moque d’eux en éludant la question de l’esclavage. Bell se résout à défendre le projet d’instituer un code de l’esclavage assez similaire à celui des démocrates. Au final, les électeurs favorables à ce projet donnent leur voix aux démocrates et les opposants se rallient aux républicains. Le 6 novembre 1860, Abraham Lincoln est élu président. Abraham LINCOLN Les résultats montrent la division du pays : Lincoln s’est imposé dans 18 Etats, tous non-esclavagistes. Onze Etats du Sud ont donné leurs voix à Breckinridge et trois à Bell. Lincoln a profité de la scission du Parti démocrate. Le Sud enrage et menace de faire sécession. Pour calmer le Sud, Lincoln déclare qu’il n’abolira pas les esclavages dans les Etats du Sud. En revanche, il l’interdira dans les nouveaux Etats rejoignant l’Union. Dès le mois de l’élection, la Caroline du Sud conteste l’autorité de Washington. Il est demandé à Lincoln de faire des concessions. Il refuse et rétorque « des concessions nous feraient perdre tout ce que nous avons gagné aux élections. » Finalement, sept états esclavagistes du sud décident en février 1861 de faire sécession pour devenir les États Confédérés d’Amérique (CSA, Confederate States of America). Après le début des hostilités entre USA au nord et CSA au sud le 12 avril 1861, 4 états rejoignent les rangs de la sécession. Carte des États-Unis en 1861 : En bleu foncé les États de l'Union ; en bleu clair, les territoires qui n'étaient pas encore des États, essentiellement sous le contrôle de l'Union. En gris, les États esclavagistes. Les limites de la confédération sont établies en rouge. Le premier (et unique) président de la Confédération fut Jefferson Davis, élu par la convention constituante de Montgomery le 9 février 1861, avec comme vice-président Alexander Stephens. Jefferson DAVIS [nbpagination_toc="2/ Histoire du conflit"] HISTOIRE DU CONFLIT La guerre de sécession fut déclenchée par l’attaque du fort Sumter tenue par des troupes restée fidèles à l’Union, en rade de la ville de Charleston (Caroline du Sud) le 12 avril 1861. Ce conflit est considéré comme la première guerre moderne de l’histoire : l’économie et l’industrie furent mobilisées de manière importante, la guerre pris une allure idéologique avec la question de l’abolition de l’esclavage. Ce conflit possède également un caractère de guerre totale car il ne faut pas y voir que l’affrontement de deux armées, mais de deux peuples. Fort Sumter marqua le début de 4 années de conflits qui firent 600.000 à 750.000 victimes militaires, et plusieurs dizaines de millier de victimes civile. C’est à ce jour le conflit le plus meurtrier de l’histoire américaine, devant la seconde Guerre Mondiale. Ces pertes énormes (le dernier conflit en date à l’époque est la guerre du Mexique de 1846-1848, qui a fait au total 13.000 morts) peuvent s’expliquer par le fait que les tactiques en usage étaient celles appliquées par les armées napoléoniennes un demi-siècle auparavant. A l’époque, le fusil était peu précis : impossible de viser correctement au-delà de 80-100 mètres, ce qui laissait l’opportunité à l’assaillant de s’avancer en lignes compactes (afin de concentrer le feu sur la zone d’assaut visée) sans être trop pris à parti par le défenseur, qui n’avait le temps de tirer qu’une seule fois avant de subir la charge ennemie (le fusil se rechargeait par la bouche, ce qui prenait environ une vingtaine de secondes). Lors de la guerre de sécession, les mêmes tactiques sont utilisées, mais la généralisation du canon rayé a multiplié par quatre ou cinq la distance de tir efficace : l’assaillant est alors décimé lors de son approche, perdant encore de sa force offensive et subissant des pertes terribles. Le recours à des fortifications et des tranchées, surtout dans la seconde moitié du conflit augmente encore plus la capacité défensive. Un bon exemple de ce type d’attaque, tiré du film Gettysburg de 1993 (racontant l’histoire de la bataille éponyme) : 12.500 confédérés partent à l’assaut du centre unioniste, moins de la moitié en reviendront vivant… Et la ligne ennemie ne sera que brièvement atteinte… Pour revenir à l’histoire du conflit, l’Union adopta dès le début de la guerre une stratégie à long terme, consistant à établir un blocus maritime des côtes confédérées afin d’asphyxier l’économie sudiste. On peut ensuite définir deux zones majeures dans lesquelles le conflit se déroula : le front est (Virginie, Pennsylvanie, Maryland) où la situation militaire resta longtemps équilibrée, même si la Confédération fut à de nombreuses reprise en passe de gagner la guerre, et le front Ouest, qui vit de lourdes défaites confédérées et permit réellement à l’Union de gagner le conflit. Du début de la guerre à l’été 1862 : La guerre sur le front de l’Est 12 avril 1861 : bataille de Fort Sumter. Début de la guerre. Bombardement de Fort Sumter en avril 1861. 21 juillet 1861 : 1ère bataille de Bull Run. 1er affrontement majeur de la guerre. Les forces nordistes, persuadées d’obtenir la victoire, non aguerries, affrontent les troupes sudistes (guère plus aguerries d’ailleurs) près de Manassas Junction. Après un début de bataille plutôt favorable aux forces de l’Union, celles-ci sont mises en déroute par les confédérés. La perspective d’une guerre courte s’éloigne. L’armée unioniste passe sous le commandement de G. B. McClellan, qui va réorganiser l’armée du Potomac. L’armée confédérée, désorganisée malgré sa victoire, ne peut donner suite à son avantage. 1ère bataille du Bull Run : la cavalerie de J.E.B. Stuart charge les zouaves de New York 17 mars 1862 : début de la campagne de la péninsule. Après la sévère défaite de Bull Run, l’armée du nord est placée sous le commandement de Georges B. McClellan. Ce dernier passe l’hiver à réorganiser et remonter le moral de son armée qui prend le nom d’armée du Potomac. Peu désireux d’engager au combat son armée, et en opposition aux ordres de Lincoln qui prône une offensive directe, McClellan choisi de tourner les forces confédérées par la mer et de tenter de prendre Richmond, capitale de la Confédération. L’armée du Potomac débarque au fort Monroe, situé à la pointe de la péninsule de Virginie, à une centaine de kilomètres de Richmond. Les forces sudistes, en infériorité numérique, abusent le général nordiste qui décide mettre le siège devant Yorktown. Les confédérés quittent le terrain juste avant l’assaut unioniste, le 4 mai. Les sudistes se replient vers Richmond, non sans livrer un combat retardateur à Williamsburg. Les troupes de l’Union approchent à dix kilomètres de la capitale confédérée. Lors de la bataille de Seven Pines le 31 mai, le général Johnston ne parvient pas à repousser les unionistes, et est lui-même blessé. Le président confédéré profite de l’occasion pour remplacer Johnston qu’il trouve trop timoré par un général plus offensif : Robert. E. Lee. Le général Robert E. Lee 25 juin au 1er juillet 1862 : bataille des sept jours. La capitale confédérée est menacée directement par l’armée du Potomac de G. B. McClellan. Une série de batailles (batailles de Oak Grove, Beaver Dam Creek, Gaines’ Mill, Savage Station, Glendale, Malvern Hill) permet alors au général R. E. Lee de contenir et repousser les forces unionistes, de dégager Richmond et reprendre l’initiative. 30 août 1862 : 2ème bataille de Bull Run. Devant la crainte de voir Washington attaquée, le président Lincoln ordonne au général J. Pope de réorganiser les troupes nordistes défendant Washington. Ce dernier pense pouvoir battre les confédérés et marcher sur Richmond. Les armées ennemies s’affrontent près de Manassas Junction, déjà théâtre de la première bataille du Bull Run. Après un début d’engagement timide de la part de l’armée unioniste, la contre attaque des troupes confédérées met les forces nordistes en déroute (16 000 pertes). Néanmoins, les forces de Lee sont trop faible pour pouvoir lancer la poursuite et menacer Washington (9 000 de ses soldats sont hors de combat). La guerre sur le front de l’Ouest 12 au 16 février 1862 : Bataille de fort Donelson. C’est la première victoire majeure nordiste du conflit. Après la chute du fort Henry le 6 février 1862, la prise du fort Donelson par le général U. S. Grant ouvre la voie de l’invasion du Tennessee par les troupes fédérales. La bataille de Fort Donelson 6 et 7 avril 1862 : bataille de Shiloh. L’armée nordiste de U. S. Grant pénètre profondément dans le Tennessee et est attaquée par surprise par les troupes de A. S. Johnston (tué le premier jour de la bataille) et de P. G. T. Beauregard. Le premier jour est favorable aux sudistes ; le second jour voit un redressement de l’armée de l’Union qui oblige les confédérés à battre en retraite. Les sudistes ne purent dès lors empêcher les invasions unionistes dans le Mississipi. C’est, à cette date, la bataille la plus sanglante de l’histoire des États-Unis (24 000 victimes). Les deux camps sont horrifiés par le carnage. La bataille de Shiloh Avril 1862 : Les unionistes prennent La Nouvelle Orléans. Juin 1862 : La majeure partie du Tennessee est occupée par l’Union, et le fleuve Mississipi est contrôlé jusque Memphis. Juin-juillet 1862 : première tentative pour s’emparer de Vicksburg sur le Mississipi (afin de contrôler tout le fleuve et couper la Confédération en deux) par l’armée de l’Union (Amiral Farragut). Échec des troupes fédérales qui se heurtent aux défenses de la ville et sont contraintes au repli. 1er tournant de la guerre de Sécession (été 1862) : Les contre-offensives de la Confédération privent l’Union d’une victoire quasi certaine. Prolongation et intensification du conflit. La victoire sudiste devient possible : certaines puissances européennes pourraient accepter de reconnaitre la Confédération en tant qu’État. Les élections prochaines dans le nord pourraient voir la victoire des démocrates qui prônent l’arrêt des combats et la négociation. L'automne 1862 La guerre sur le front de l’Est : 17 septembre 1862 : Bataille d’Antietam. Après la victoire de la 2ème bataille de Bull Run, Lee voit l’occasion de porter la guerre dans les états du nord et fait route vers le Maryland. Malgré la découverte fortuite du plan de bataille sudiste par les armées du nord, l’inertie du général McClellan permet aux troupes confédérées de se regrouper près de la ville de Sharpsburg, le long de la rivière Antietam. L’assaut commence le matin du 17 septembre : les troupes unionistes attaquent par vagues qui se font successivement massacrer, les confédérés subissant eux-mêmes de très lourdes pertes (23 000 victimes, tout camp confondu, la journée la plus meurtrière de la guerre de sécession et de l’histoire militaire des États-Unis). La virtuosité de Lee qui a su déplacer efficacement ses troupes sur les points menacés de rupture et la temporisation du général McClellan empêchèrent la destruction de l’armée confédérée. Néanmoins, devant la faiblesse de ses troupes, Lee n’a pas d’autre choix que celui de battre en retraite le lendemain de la bataille. Lincoln profite de la victoire unioniste pour publier la proclamation d'émancipation. La charge de la brigade de fer à Antietam La guerre sur le front de l’Ouest : 8 octobre 1862 : Bataille de Perryville. Depuis le mois de juin 1862, l’armée sudiste de B. Bragg mène sa campagne dans l’état du Kentucky, afin de rallier ce dernier à la cause confédérée. Le 8 octobre 1862, l’armée unioniste de D. C. Buell s’oppose à celle de Bragg près de Perryville. Bien que les confédérés restent maîtres du terrain, ils sont obligés de refluer vers le Tennessee (victoire stratégique de l’Union). Le Kentucky ne sera plus jamais inquiété et restera aux mains de l’Union pour le reste de la guerre 2ème tournant de la guerre de Sécession (automne 1862) : les invasions confédérées sont repoussées. Pas de médiation européenne, ni de reconnaissance diplomatique de la Confédération. Les démocrates perdent les élections de 1862 dans le Nord (ils auraient pu s’opposer à la poursuite de la guerre). Proclamation d’émancipation, qui élargit la portée et l’objectif du conflit en lui donnant une base morale. De la fin 1862 au tournant de 1863 : La guerre sur le front de l’Est : 13 décembre 1862 : Bataille de Fredericksburg. Depuis le mois d’octobre, le général nordiste A. E. Burnside commande l’armée du Potomac. Son précédent commandant, G. B. McClellan a été limogé en raison de sa trop grande prudence et de son opposition au président Lincoln. L’armée du Potomac entame sa manœuvre, prend de vitesse l’armée de Lee, qui finalement réussi à s’établir sur les hauteurs de Fredericksburg. Désirant faire ses preuves, et contre toute prudence, Burnside décide d’attaquer de front les troupes confédérées, retranchées et en position dominante. Les troupes unionistes sont massacrées (13 000 victimes du côté de l’Union, contre moins de 5 000 pour les sudistes). C’est la pire défaite des armées unionistes sur le théâtre d’opération oriental de la guerre. Le général Burnside est à son tour limogé, et remplacé par l’ambitieux général J. Hooker. Les troupes confédérées retranchées sur les hauteurs massacrent les troupes unionistes lançant l'assaut à Fredericksburg 1er – 3 mai 1863 : Bataille de Chancellorsville. Le général unioniste J. Hooker tente de prendre de flan son rival, le général R. E. Lee. Celui-ci, malgré une infériorité numérique de près de 2 contre 1, arrive à fixer son adversaire, contourne ses flancs et inflige à l’Union une lourde défaite le 2 mai 1863. Démoralisées, les unités de l’Union retraitent à partir du 5 mai. Les pertes sont lourdes : 13 000 nordistes et 17 000 sudistes. Le général Lee, confiant dans la capacité de ses troupes, décide d’envahir une seconde fois les états du nord, afin d’arracher la victoire. Le général Hooker sera limogé quelques semaines après sa défaite. Le général Jackson avant l'assaut surprise sur le flanc de l'armée nordiste à Chancellorsville, qui provoquera la déroute de l'armée unioniste 1er au 3 juillet 1863 : Bataille de Gettysburg. Après la victoire de Chancellorsville, le général Lee décide pousser son avantage : son armée est galvanisée et il espère pousser les dirigeants de l’Union à accepter la paix en menaçant certaines villes comme Philadelphie ou Washington. Les deux armées engagent le combat à Gettysburg le 1er juillet 1863. Le premier jour, l’armées de l’union, commandée depuis peu par le général G. Meade, est contrainte de reculer et de se retrancher sur des hauteurs au sud de la ville. Le deuxième jour, Lee tente de tourner le flanc gauche de son ennemi. Celui ne se maintient qu’à grand peine, les deux adversaires revenant finalement sur leurs positions initiales. Le troisième jour, le général Lee tente le tout pour le tout en donnant l’assaut sur le centre ennemi (charge de Pickett) : 12 500 hommes échouent à percer les défenses fédérées et sont anéantis. Cette bataille est la plus meurtrière de la guerre : près de 51 000 victimes en trois jours de combat. La défaite infligée à l’armée sudiste contraint le général Lee à la retraite. Les deux armées mettront plusieurs mois à se remettre de la bataille, l’armée confédérée ne réussissant jamais à retrouver sa force de juin 1863… La charge de Pickett à Gettysburg : lquelques éléments de a brigade du général Armistead atteignent les lignes unionistes avant d'être totalement annihilées. La guerre sur le front de l’Ouest : 26 décembre 1862 : début de la seconde campagne de Vicksburg, menée par le général U. S. Grant. Cette seconde campagne va permettre aux unionistes de descendre le Mississipi, en remportant de nombreux engagements. Néanmoins, la difficulté de progression sur ce terrain très hostile, va empêcher la prise de la ville. 31 décembre 1862 – 2 janvier 1863 : bataille de la Stones River. L’échec de la campagne du Kentucky a obligé les troupes confédérées à se replier dans le Tennessee. Celles-ci sont sur la défensive, et la perte définitive de cet état (qui ne cache pas ses forts sentiments anti-sécessionnistes malgré son adhésion à la Confédération) serait catastrophique pour le Sud. Près de Nashville, le général sudiste B. Bragg tente alors de repousser les unionistes qui reculent dans un premier temps (31 décembre). Après une journée d’inaction, Bragg reprend l’offensive mais se fait durement repousser. Épuisés, 12 000 hommes blessés ou tués, les confédérés retraitent, les dissensions au sein de l’état-major de l’armée éclatant au grand jour. L’armée fédérale, également fort éprouvée (près de 12 000 pertes également), sera incapable de reprendre l’offensive avant plusieurs mois : défaite tactique de la Confédération qui doit abandonner le terrain, mais défaite stratégique de l’Union qui doit repousser de près d’un an ses ambitions d’invasion de la Géorgie. Bataille de la Stones River Mars – juillet 1863 : investissement de Vicksburg. Par une série de manœuvres et de batailles, le Général U. S. Grant amène les armées unionistes aux portes de Vicksburg qui est encerclée à partir du 18 mai 1863. Deux assauts lancés les 19 et 22 mai pour tenter de prendre la ville sont repoussés par la garnison commandée par J. C. Pemberton. Les troupes nordistes décident alors d’assiéger la ville. Parallèlement, Grant repousse l’armée de secours confédérée, envoyée pour briser l’encerclement (bataille de Champion's Hill, bataille de la Big Black River). Le siège de Vicksburg 4 juillet 1863 : reddition de Vicksburg. Après un siège de quarante jours, les 29 000 confédérés de Vicksburg, affamés, se rendent au général U. S. Grant. La vallée du Mississipi est contrôlée par les forces de l’Union, et la Confédération coupée en deux. Ulysse S. Grant 19 - 20 septembre 1863 : Bataille de Chickamauga. L’armée de l’Union accentue sa pression dans le Tennessee. Les confédérés, sous le commandement de B. Bragg refluent jusque Chattanooga, d’où ils sont repoussés par les unionistes, sous le commandement de W. S. Rosecrans et G. H. Thomas. Afin de ne pas abandonner le Tennessee à l’Union, des renforts sont envoyés à Bragg et les deux armées finissent par se retrouver face à face dans une petite vallée, séparées par une petite rivière : la Chickamauga. En supériorité numérique, les forces confédérées tentent de rompre la ligne fédérée le 19 septembre, sans succès. Il faudra attendre le 20 septembre pour que les troupes sudistes arrivent à percer et obligent l’armée de l’Union à se replier sur la ville de Chattanooga. Les deux camps déplorent 34 000 pertes. 23 - 25 novembre 1863 : Bataille de Chattanooga. Malgré la victoire de Chickamauga, le général B. Bragg n’a pas poursuivi activement son ennemi en retraite, et décide d’appliquer une stratégie défensive en assiégeant la ville de Chattanooga où les troupes de l’Union se sont repliées. Le général U. S. Grant, prenant le commandement de l’armée décide rompre le siège. Le 24 novembre, de premiers combats permettent aux unionistes d’acquérir leurs positions de départ. Le lendemain, après des débuts difficiles, les troupes fédérales chargent le centre confédéré et mettent en déroute les troupes de B. Bragg. Le Tennessee est définitivement aux mains de l’Union, et les portes de la Géorgie sont grandes ouvertes. L’armée confédérée du Tennessee passe sous le commandement de J. E. Johnston. Les armées de l’union du théâtre d’opération occidental, après le rappel du général Grant à l’est pour faire face à Lee, sont placées sous le commandement de W. T. Sherman. 3ème tournant de la guerre de Sécession (été / automne 1863) : La Confédération est repoussée sur tous les fronts et coupée en deux. L’Union est prête à gagner la guerre. De l’automne 1863 à l’été 1864 La guerre sur le front de l’Est : 5 mai au 24 juin 1864 : Campagne de l'overland. L’armée confédérée du général Lee et celle du Potomac, commandées par le Général Grant ont passé leurs quartiers d’hiver face à face en Virginie, non loin du champ de bataille de Chancellorsville. Une succession de batailles va alors s'engager, Grant ayant décidé de passer à l'offensive à outrance, afin de détruire l'armée de Lee. Pour le citer, il propose de "régler ici la querelle, même si cela doit prendre tout l'été". Le général Lee quant à lui espère faire suffisamment durer les combats et augmenter les pertes unionistes afin de provoquer un revirement de l'opinion publique dans le nord et faire obstacle à la réélection d'Abraham Lincoln fin 1864. La campagne débute par la bataille de la Wilderness le 5 mai 1864 : lors d’une bataille confuse, dans un terrain difficile, composé de forêts denses et de fourrées impénétrables, les deux camps enregistrèrent de lourdes pertes (environs 25 000 hommes). Néanmoins, contrairement à ses prédécesseurs, Grant continua d’avancer et accentua la pression sur les troupes confédérées, qui se retranchèrent à Spotsylvania Courthouse. La wildernesset son terrain fort peu praticable, théâtre de violent combats... 8 au 21 mai 1864 : Bataille de Spotsylvania. L’objectif des troupes de l’union est de tourner les défenses sudistes afin d’encercler les troupes de Lee, et de menacer Richmond. Les attaques de flanc et frontales se succédèrent des jours durant. Ce lieu fut d’ailleurs le théâtre de certains des plus durs combats de la guerre, bien plus évocateurs de la première Guerre Mondiale que de la guerre de sécession… Après 12 jours de combats et 28 000 hommes mis hors de combat, les positions restant inchangées, le général Grant décide de changer de stratégie et tourne largement les flancs de son adversaires, ce qui oblige Lee à se replier défensivement. Les unionistes chargent les tranchées confédérées à Spotsylvania : on est plus proche de l'imagerie de la première Guerre Mondiale que des charges en ordre bien serré typique des premières années de la guerre de Sécession 11 mai 1864 : bataille de Yellow Tavern, qui voit les deux cavaleries ennemies s'affronter. Mieux armée, la cavalerie nordiste écrase son homologue sudiste, tuant au passage son chef, le charismatique général J. E. B. Stuart. 23 au 30 mai 1864 : Grant tente invariablement de déborder l'aile droite des confédérés, qui se replient progressivement vers le sud, tenant en échec les troupes unionistes et provoquant de nombreuses batailles : batailles de North Anna, de Wilson's Wharf, de la Pamunkey River, de Haw's Shop, de Totopotomoy Creek, de Old Church. Les pertes sont immenses : les unionistes se retrouvent systématiquement confronté à des confédérés retranchés, les combats sont incessants. Les combattants des deux camps découvrent les horreurs de la guerre de tranchées, comme le feront leur homologues européens 50 ans plus tard au cours de la première guerre mondiale. 31 mai au 12 juin 1864 : bataille de Cold Harbor. Croyant déceler des signes de démoralisation, Grant lance un assaut massif et frontal contre les défenses sudistes. Les troupes unionistes sont littéralement massacrées par des troupes confédérées pas du tout résignées. 13.000 soldats nordistes sont mis hors de combat contre 2.000 rebelles. L'assaut unioniste contre les défenses confédérées ) Cold Harbor 12 juin au 24 juin 1864 : de nouveau Grant tente de tourner la droite de son adversaire, provoquant un glissement des zones de combats vers le sud : batailles de Trevilan Station, de Saint Mary's Church. Dès le 16 juin, les premières troupes unionistes sont aux abord de Petersburg, ville par laquelle transite tout le ravitaillement destiné à Richmond. Le gros des deux armées rejoignet la zone et un long siège de l'armée confédérée s'installe. La campagne aurait fait au total plus de 100.000 victimes (entre 55.000 et 65.000 nordistes contre 30.000 à 35.000 sudistes, soit la moitié des effectifs engagés initialement) en 7 semaines de combats. Les armées sont à bout. Juin – octobre 1864 : Campagne de la vallée de la Shenandoah. Le général Lee, inquiet des menaces que fait peser la présence de troupes fédérale sur ses arrières, envoie le corps de J. Early pour repousser les troupes de l’Union hors de la vallée de la Shenandoah. Early débute ses opérations avec succès, parvenant même à quelques kilomètres de Washington, avant d’être repoussé. Le général Grant dépêche alors la cavalerie de l’armée du Potomac, sous le commandement de P. Sheridan, afin d’intercepter et de détruire les troupes confédérées. C’est chose faite lors de la bataille de Cedar Creek le 19 octobre 1864. Le reste des troupes d’Early se replie en Virginie. La guerre sur le front de l’Ouest : Mai – juillet 1864 : Invasion de la Géorgie. A l’aide de trois armées, le général W. T. Sherman envahi l’état de Géorgie. Les qualités manœuvrières du général nordiste obligent les confédérés à reculer, jusqu’à ce que la ville d’Atlanta, dernière grande ville industrielle du sud et nœud de communication vital, soit assiégée à partir du 22 juillet 1864. 2 septembre 1864 : prise d’Atlanta. Le général W. T. Sherman s’empare de la ville d’Atlanta le 2 septembre 1864. Après avoir exigé le départ de tous les civils, il procède à la destruction de tous les bâtiments officiels et militaires, provoquant l’incendie partiel de la cité. Septembre 1864 : début de la « marche vers la mer ». Sherman, après la prise d’Atlanta, commence à faire route plein sud, vers le port de Savannah, décidant de piller et détruire la Géorgie. La marche de Sherman vers la mer 4ème tournant de la guerre de Sécession (Été 1864) : La prise d’Atlanta et la destruction de l’armée d’Early dans la vallée de la Shenandoah contrebalancent les énormes pertes subies par l’armée fédérale et l’absence de progrès tangible en Virginie occidentale. Les hypothèses de négociation de paix et d’élection d’un président démocrate s’éloignent. Le Nord a virtuellement gagné la guerre. La fin de la guerre La guerre sur le front de l'Est : Printemps 1865 : Sherman reçoit l’ordre de rejoindre Grant à Petersburg. Il commence à faire remonter son armée par la Caroline du Sud, qui en tant que premier état ayant fait sécession en 1861, subira des destructions encore plus importantes que la Géorgie. Harcelé par les maigres troupes confédérées de J. E. Johnston, il livre bataille a ces dernières et les anéanti le 21 mars 1865. 2 avril 1865 : fin du siège de Petersburg. Lee abandonne Petersburg et Richmond et tente de partir vers le sud rejoindre l’armée de J. E. Johnston en Caroline du Nord (mais celle-ci a déjà été détruite…). Le 8 avril 1865, la cavalerie du général G. A. Custer détruit les derniers approvisionnements de l’armée confédérée. 9 avril 1865 : Capitulation de Lee à Appomatox Court House. Fin de la guerre. Le général Lee signe sa rédition à Appomatox Court House, sous l'oeil du général Grant. [nbpagination_toc="3/ Et la monnaie dans tout ça ?"] ET LA MONNAIE DANS TOUT CA ? Dès avril 1861, la confédération se dote d’une monnaie propre, le dollar confédéré, initialement à parité avec le $US. Cette monnaie n'est pas garantie par un stock d'or, mais sur la promesse de payer le porteur après la guerre, en faisant l'hypothèse d'une victoire du Sud et de son accès à l'indépendance. La plupart des billets confédérés portent en tête la mention suivante : « six mois après la ratification du traité de paix entre les États Confédérés et les États-Unis », suivie au milieu de : «Les États Confédérés d’Amérique paieront [montant du billet] au porteur ». La première capitale, Montgomery (Alabama), édite les 4 premières coupures dès mars 1861 (1000, 500, 100 et 50 $, avec réédition des coupures de 100 et 50 $ lorsque la capitale est déplacée à Richmond -Virginie- (capitale qui ne changera plus d’ailleurs, jusqu’à la fin de la guerre, Danville -Virginie- lui succédant lors de la dernière semaine d’existence de la Confédération). Ces 6 coupures forment la première émission (9 mars 1861) 6 autres émissions suivront, avec chacune leurs devises et graphismes propres : - 2ème émission (16 mai 1961) : billets de 100, 50, 20, 10 et 5 $ (2 versions pour ce dernier) - 3ème émission (19 aout 1861) : 100, 50 (3 versions), 20 (5 versions), 10 (9 versions), 5 (6 versions) et 2 $ - 4ème émission (17 avril 1862) : billets de 100 (3 versions), 10, 2 (2 versions) et 1 $ (2 versions). - 5ème émission (13 octobre 1862) : coupures de 100, 50, 20, 10, 5, 2 et 1 $. - 6ème émission (23 mars 1863) : billets de 100, 50, 20, 10, 5, 2, 1 et 0,5 $. - 7ème et dernière émission (17 février 1864) : billets de 500, 100, 50, 20, 10, 5, 2, 1 et 0.5 $. Ces sept émissions forment un ensemble de 72 coupures officielles, numérotées de T1 (pour type 1) à T72, chacun des types possédant bien entendu de multiples variantes… Néanmoins, ce n’est pas si simple, nous le verrons plus tard… Certains sont rarissimes (notamment les 2 premières séries), d’autres bien plus courant et facilement trouvables de nos jours. Il existe de (très) nombreuses contrefaçons, qu’elles soient d’époque ou plus contemporaine… La collection de faux d’époque est d’ailleurs un thème à part entière. Aspect : Les billets confédérés sont imprimés en taille douce (1ère émission) ou lithographie. Unifaces jusqu’en 1862, ils deviendront quasiment tous bifaces à partir de la 5ème émission. Le papier utilisé est généralement du papier standard, ce qui a posé d’ailleurs des problèmes d’usage de faux durant toute la durée du conflit. Les billets sont signés et numérotés à la main. Plus de 1,7 millions de billets furent édités durant la brève existence des États confédérés d’Amérique. Les billets sont la plupart du temps orné de scènes agricoles, esclavagistes ou allégorique. En médaillon, on retrouve généralement soit des divinités (Cérès, Minerve…) ou des personnalités de la Confédération. Les capitoles d’états (sièges des gouvernement) sont également fortement représentés. Les premiers billets (première émission) furent imprimés sur du papier à billet, provenant des stocks existants (issus des stocks de la banque nationale). Ultérieurement, de multiples papiers unis furent utilisés : fabriqué à Richmond ou dans d’autres localités, introduit frauduleusement malgré le blocus, on en trouve de toutes sortes : fin à plus épais, de couleur banche à un gris beige, uni ou marbré. La seconde émission utilise un papier de bonne qualité, mais en petit nombre toutefois. Plus tard, on voit apparaître du papier incluant de la fibre rouge, donnant un aspect beige prononcé aux billets. Ce papier était alors considéré comme rendant les coupures plus difficiles à contrefaire (mais les faux furent rapides à arriver…). Un dernier grand type de papier fut utilisé pour les petites coupures fin 1862, papier à dominante rose, avant de se généraliser sur les 6èmes et surtout 7ème émission. En ce qui concerne les filigranes, il n’y a pas de règles absolues : le papier à billet étant produit soit au niveau local, soit introduit frauduleusement du Nord ou de l’étranger (principalement d’Angleterre), le gouvernement ne put établir de règles strictes. On imprime avec ce qu’on a sous la main à l’instant t, même si c’est du papier basique sans filigrane… Un seul papier filigrané avec les lettres « CSA » fut produit par le sud, à Bath (Caroline du Sud), mais la destruction de l’usine en novembre 1862 mit fin à cette production locale. Sur une planche de 8 billets, on trouvait 6 inscriptions CSA, ce qui explique que la position du filigrane ne soit jamais la même. Le reste des filigranes observés sont les lettres CSA (généralement coupées sur les billets, dus à des centrages approximatifs), NY (entrée frauduleuse d’un stock de papier fabriqué à New York), Hodgkinson&Co, Wookey Hole Mill, J Wathman 1862, J Green & Son 1862, CSA dans un cadre, ces 4 derniers étant des papiers produit en Grande Bretagne pour le compte de la confédération et introduit malgré le blocus. Petit exemple de papier filigrané : il s’agit du dernier filigrane mentionné : « CSA » dans un cadre ondulé. Celui-ci est présent sur ce billet type 58 dont je vous ferai une présentation ultérieure. Je vous ai mis en évidence le filigrane : On peut parfois trouver des notifications de paiement d’intérêt au dos des billets, certains donnant droit à une rémunération. Le dollar confédéré fut victime d’une inflation galopante, notamment à partir de 1864, lorsque les espoirs de victoire militaire s’évanouirent et que le blocus imposé par la marine unioniste eut ravagé l’économie déjà bien fragile des états du sud. A la fin de la guerre, 1$ US s’échangeait contre 1200$ confédéré). A propos des fabricants de billets : La Confédération dut recourir à de nombreux graveurs et imprimeurs afin de satisfaire la demande de production de papier monnaie. En effet, la Southern Bank Note Company (qui n’était rien d’autre que la branche située à la Nouvelle-Orléans de l’American Bank Note Company, dont le siège était situé à New York) ne pouvait pas absorber toute cette production. De ce fait, de nombreuses entreprises furent employé à produire tout ces billets. Je vous propose ici de revenir sur chacune d’elles. -Archer & Daly (puis Archer & Halpin) : John Archer était initialement graveur chez Harper à New York, qu’il quitta en 1860 pour rejoindre le camp confédéré, travaillant alors pour Legett, Keatinge & Ball. En 1862, il quitte son employeur pour établir sa propre entreprise à Richmond (Virginie). Il n’aura guère de réussite, car hormis la production de timbre et de bons divers, il n’émettra que les billets de 50 cents, avoir de voir son contrat résilié en septembre 1864, pour raison de qualité insuffisante et de retard de livraison. Joseph Daly était également graveur, mais peu d’informations nous sont parvenues sur sa personne. Quant à Fredrick Halpin, il s’agissait d’un vieux gentilhomme, qui rejoignit l’entreprise en 1862. Il est connu pour ses talents de graveur de plaque d’acier, notamment en ce qui concerne le lettrage. -Blanton Duncan : Initialement homme de loi à Louisville (Kentucky), il prend part à la constitution d’un régiment de volontaires du Kentucky (dans lequel il obtient le grade de lieutenant-colonel) dès le début du conflit. Il prit d’ailleurs part à la première bataille de Manassas (ou 1st Bull Run pour les unionistes). Il intégra l’administration financière en 1861, pour devenir imprimeur en janvier 1862 à Richmond (Virginie) initialement. En mai 1862, comme de nombreux autres imprimeurs, il fuit la menace unioniste dont les armées s’approchent de la capitale confédérée (campagne de la péninsule) pour rejoindre Columbia, en Caroline du Sud. A cause de tarifs excessifs et d’intrigues politiques diverses, le contrat unissant son entreprise et la Confédération ne fut pas renouvelé en avril 1863. N’acceptant pas cet état de fait, il prit la liberté d’écrire directement deux lettres ouvertes au secrétaire d’État au trésor C. G. Memminger, ce qui le rendit persona non grata auprès de toute l’administration sudiste. La firme fut dissoute, ses employés intégrés à ceux de la firme Evans & Cogswell, et Duncan rejoignit l’armée fin 1863 (il survécu d’ailleurs à la guerre et mourut vers 1896). -Evans & Cogswell (anciennement Walker, Evans & Cogswell) : Il s’agit d’une ancienne entreprise, créée en 1826 par Joseph Walker et Benjamin F. Evans, et établie initialement à Richmond (Virginie). Ils furent rejoints plus tard par Harvey Cogswell. Du fait de bonnes relations avec le secrétaire d’État au trésor Memminger, les trois comparses furent associés à la fabrication de papier monnaie dès le début du conflit, et ce jusqu’à la fin de la guerre. En janvier 1863, la firme transféra ses activités à Columbia en Caroline du Sud. L’entreprise utilisait nombre d’employés anglais, les payant en or, l’argent confédéré ne valant plus grand-chose. On notera que l’entreprise ne produisait pas que des billets de banque, étant également un des acteurs majeurs de l’impression de livre dans la Confédération. Benjamin F. Evans était le principal partenaire de l’association Son histoire durant le conflit fut passablement mouvementée : en 1861, dans le Kentucky (état esclavagiste, mais resté fidèle à l’Union), il fut pris à parti par un comité de sécurité public unioniste, le forçant à retourner dans les États Confédérés. Retourné clandestinement à New York pour prendre un navire à destination de Liverpool (l’Angleterre étant très pro-sudiste), il échappa de peu à la noyade quand son bateau coula. Il rejoignit Halifax en Nouvelle Écosse (Amérique du Nord Britannique, futur Canada) et tenta de nouveau de forcer le blocus unioniste pour parvenir en Angleterre : son navire heurta un iceberg et coula de nouveau ! La troisième tentative fut la bonne, et il parvint à gagner l’Angleterre où il œuvra au profit de la Confédération. Harvey Cogswell était un homme d’affaire dont l’histoire ne nous est pas parvenue. Joseph Walker était un ancien employé, qui quitta l’entreprise mais continua à marchander au profit de cette dernière, en Angleterre. Il acheta par exemple à la fin 1863 des plaques d’impression chez S. Straker & Sons (imprimeur de Londres, qui pour la petite histoire, a déposé le bilan en octobre 2018…). Malheureusement, ce chargement fut intercepté par les navires unionistes et ne parvinrent jamais à destination. -Hoyer & Ludwig : Il s’agissait d’une entreprise de lithographie établie à Richmond (Virginie) de 1860 à 1864. Il s’agit de la première entreprise 100% sudiste qui fut engagée pour produire du papier monnaie. Ils servirent la Confédération quasiment jusqu’à la fin de la guerre. Ils furent par exemple les producteurs exclusifs des modèles du type 7 au type 11, et participèrent à l’impression de nombreux autres modèles. Louis Hoyer était un riche bijoutier, spéculateur immobilier, qui apporta la mise de fond de l’entreprise. Il n’intervint pas directement dans la conduite de l’entreprise par ailleurs. Charles Ludwig eut une histoire mouvementée : né en Bavière ou en Suède, ce lithographe était le neveu d’une dame de compagnie de Joséphine de Beauharnais, épouse du roi Oscar Ier de Suède. Sa famille d’ailleurs prétendit longtemps que Charles était un fils illégitime du roi, qui paya d’ailleurs son éducation et les frais inhérent à son voyage aux États-Unis. De 1857 à 1860, Charles Ludwig travailla chez Ritchie & Dunnavant, imprimeur pour l’état de Virginie. Après la guerre, C. Ludwig s’associa avec E. Keatinge (voir plus bas) jusuqe 1867, puis continua ses activités seul jusque 1874, date à laquelle il prit sa retraite. Il finit par devenir Consul de Suède et de Norvège à Richmond. -Leggett, Keating & Ball (d’août 1861 à mars 1862), puis Keating & Ball (mars 1862 à février 1865) : Edward Keatinge et Thomas Ball créèrent leur entreprise en août 1861 à New York, William Legett les rejoignant en tant que graveur au mois de septembre de la même année. Débutant ses activités en octobre 1861, la firme avait déménagé à Richmond (Virginie), puis à Columbia (Caroline du Sud) en mai 1862 (tout en conservant des ateliers à Richmond). Elle poursuivi ses activités jusqu’en février 1865. William Legett était initialement un employé de l’American Bank Note Company, spécialisé dans le lettrage. Il fut contraint au départ par le secrétaire d’État au trésor C. G. Memminger après que ses liens avec un espion nordiste aient été révélés. Edward Keatinge était un sujet britannique et spécialiste de la gravure de portrait. Également employé de l’American Bank Note Company, il prit parti pour la cause confédérée en 1861 et s’associa avec William Legett. Il devint associé principal dans l’entreprise en mars 1862. Installé à Richmond, il quitta la ville lorsque celle-ci fut menacée par les armées fédérales en mai 1862, pour s’installer à Columbia en Caroline du Sud. Il fut l’unique graveur de papier monnaie confédéré après décembre 1862 (à l’exception de la coupure de 50 cents dont la gravure et l’impression fut confiée à une autre entreprise (Archer & Daly, voir ci-dessus). Après une négociation infructueuse à propos de sa rémunération avec le gouvernement confédéré en février 1862, il quitta l’entreprise qui arrêta dès lors de produire du papier monnaie. Il s’associa brièvement avec C. Ludwig de 1865 à 1867 (voir ci-dessus), avant de rompre cette association et de retourner à New York. Thomas Ball était un juriste de 40 ans lorsqu’il fut sollicité par le gouvernement confédéré pour créer une entreprise d’impression de monnaie. Il s’associa avec E. Keatinge, s’occupant de la gestion administrative de l’entreprise, fournissant une partie du capital de la société et aida efficacement son associé lors des multiples conflits avec d’autres imprimeurs. -Jules Manouvrier : Jules Manouvrier était un lithographe établi à la Nouvelle-Orléans (Louisanne) qui fut contacté par le gouvernement sudiste en 1861 afin de lui confier la production de coupures de 5 et 10 $ (2ème émission). Malheureusement, si les billets de 5 $ furent effectivement bien mis en circulation, le vol d’une partie des billets de 10 $ lors de leur acheminement vers la capitale sudiste entraina leur destruction. La rupture de contrat enre l’entreprise et la Confédération suivi rapidement, en raison de négligences et de retards de livraison, imputables à la grande distance séparant la Nouvelle-Orléans de Richmond. Jules Manouvrier ne travailla dès lors plus jamais avec le gouvernement confédéré. Son équipement et ses employés furent finalement rachetés par Hoyer & Ludwig à Richmond. -The National Bank Note Company : Cette entreprise établie à New York, émanation de l’American Bank Note Company, imprima les tout premiers billets confédérés en 1861 (type 1 à type 4). Après le début effectif des hostilités en avril 1861, les autorités fédérales saisirent les plaques et mirent fin à cette production. -J. T. Paterson : James Paterson, un médecin et ami du vice-président de la Confédération Alexander Stephens, fonda son entreprise d’impression début 1862, à Augusta (Géorgie). Il racheta une partie des contrats de la firme de Charles Ludwig en mai 1862 et déménagea ses ateliers à Columbia (Caroline du Sud). Il continua néanmoins d’imprimer pour la Confédération dans la ville d’Augusta, notamment des timbres postaux. Son contrat avec le gouvernement fut rompu à l’automne 1863. -The Southern Bank Note Company : Il s’agissait en fait d’une branche de l’American Bank Note Company de New York, renommée pour des raisons politiques. L’équipement et la compétence de l’entreprise étaient excellent, permettant l’émission de billets de très haute qualité. Néanmoins, la capacité de production de la firme assez faible, força le gouvernement confédéré à se tourner vers d’autres fournisseurs lorsque la demande de papier monnaie augmenta. La Southern Bank Note Company cessa définitivement son activité lorsque la Nouvelle-Orléans tomba aux mains des unionistes en avril 1862. En définitive : A New York : - The National Bank Note Company (1861). A Richmond (Virginie) : - Archer & Daly, puis Archer & Halpin (de 1862 à 1864), - Blanton Duncan (de janvier 1861 à mai 1862), - Evans & Cogswell (du début de la guerre à janvier 1863), - Hoyer & Ludwig (de 1860 à 1864), - Leggett, Keating & Ball, puis Keating & Ball (d’octobre 1861 à février 1865). A Columbia (Caroline du Sud) : - Blanton Duncan (de mai 1862 à avril 1863), - Evans & Cogswell (de janvier 1863 à la fin de la guerre), - Keating & Ball (de mai 1862 à février 1865), - J. T. Paterson (de 1862 à l’automne 1863). A La Nouvelle-Orléans (Louisiane) : - Jules Manouvrier (1861), - The Southern Bank Note Company (de 1861 à avril 1862). Les billets annulés : De nombreux billets confédérés ont été annulés, indiquant qu’i avait été échangé contre de nouvelles coupures et collectés par les services gouvernementaux. Certains modèles sont de billets sont très difficiles à trouver sans ces marques d’annulation. Ne surtou pas les considérer comme des billets abîmés… Il s’agit en règle générale de marques de découpages des billets. Quelques exemples : Exemple de type 16 annnulé : Comment ça vous ne voyez pas la différence ? Et si je vous met le dos du billet ? Toujours pas ? Un peu d'aide alors : Les marques rouges sont des incisions. D'autres marquages sont plus flagrant : Voici 3 billets de type 21 annulés de manière différente : Incisions triangulaires : Incisions circulaires : Incisions simples : Et enfin un dernier exemples, avec des incisons semi-circulaires sur un type 22 : [nbpagination_toc="4/ En détail... La 1ère émission"] 1ère ÉMISSION : décret du 9 mars 1861 Il s’agit de billet à haute valeur faciale (50, 100, 500 et 1000 $). Ils sont couramment appelés Billets de Montgomery (« Montgomeries notes ») car émis dans cette ville située en Alabama, première capitale des États Confédérés d'Amérique, avant que la capitale de la Confédération ne devienne Richmond en Virginie. Un amendement fut émis le 3 août 1861, afin d’autoriser le tirage de nouveaux billets de 50 et 100 $, afin de remplacer les billets émis à Montgomery, alors en cours de retrait de la circulation (alors même qu’une seconde émission, autorisée par décret le 16 mai 1861 était déjà lancée, et que la troisième émission de billets confédérés allait voir son décret paraitre dès le 19 août 1861 !!) Les billets de Montgomery sont catalogués T1 à T4 (T pour type), les premiers billets émis à Richmond et appartenant à cette première émission étant les T5 et T6. Il s’agir de billets de haute qualité, d’une belle qualité graphique, avec usage d’encre verte issue de stock destinés à l’impression des dollars US habituel, la première commande ayant été passée à une entreprise imprimant habituellement des dollars US conventionnels, située à New York, en territoire nordiste. Le déclenchement effectif des hostilités mettra fin à cette production. Type 1 / 1000 $ Il s’agit du seul billet de la Confédération ayant jamais porté une valeur de 1000 $. Ce billet fut gravé et imprimé à New York par la National Bank Note Company, un contrat ayant été signé avant le déclenchement des hostilités, contrat qui prit fin dès le début de la guerre de Sécession. Produit à 607 exemplaires. 125 billets ont survécu jusqu’à nos jours, le numéro de série le plus élevé connu étant le n° 595. Le billet présenté porte le numéro 266. Uniface, représentant sur la partie gauche John C. Calhoun, homme politique en faveur des droits des États, et à droite Andrew Jackson, 7ème président des États-Unis. Type 2 / 500 $ Également gravé et imprimé à New York par la National Bank Note Company. Uniface, représente au centre un train traversant un pont surplombant une rivière. A gauche, représentation de Cérès, déesse de l’agriculture. Imprimé à 607 exemplaires, 111 exemplaires ayant survécu connus à ce jour. Numéro du billet présenté : 283. Type 3 / 100 $ Gravé et imprimé au même endroit que les précédents. Uniface. Au centre un train de voyageur en gare. A gauche, représentation de Cérès, déesse de l’agriculture (parfois mentionnée comme étant en fait l’allégorie de la Liberté ou Minerve…). Produit à 1606 exemplaires. 152 exemplaires connus, le billet présenté portant le n° de série 1547. Type 4 / 50 $ Dernier des billets de la série « Montgomeries notes », avant que la capitale de la Confédération ne soit déplacée à Richmond (Virginie). Gravé et imprimé au même endroit que précédemment. Billet uniface, il porte au centre une vignette représentant des esclaves travaillant dans un champ de coton. Au dos, inscriptions manuscrites d’époque. Produit à 1606 exemplaires. 201 exemplaires connus à ce jour, du n° 7 au n° 1575. Le billet présenté porte le n°923. Type 5 / 100 $ Premiers billet billets produit alors que Richmond a été désigné comme capitale et après l’amendement du 3 août 1861, les billets ne sont plus produits à New York mais à la Southern Bank Note Compagny de la Nouvelle-Orléans (qui était une branche de la Northern American Bank Note Company). Moindre présence de l’encre verte. Au centre, on retrouve l’image d’une locomotive à vapeur tractant des wagons. A gauche, allégorie de la Justice. A droite, représentation de Minerve portant casque et lance. Inscription au dos d’époque. 5798 exemplaires imprimés. N° présenté : 2250. Type 6 / 50 $ Gravé et imprimé au même endroit que le Type 5. La vignette centrale comporte les allégories de l’agriculture et de l’industrie. A gauche, figure allégorique de la Justice. A droite, représentation de Georges Washington (étant considéré comme l’un des pères de la Confédération, de part son positionnement politique lors de la guerre d’indépendance). Tiré à 5798 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 4269. Porte au dos l’inscription « Disbursed Sep 22, 1861 Ferdinand Molloy Capt ACS" (Assistant Commissary of Subsistence) ». Ceci clôt l’inventaire des billets de la première émission. A l’exception des types 5 et 6, qui bien que n’ayant été imprimé qu’a peu d’exemplaires n’en demeurent pas moins facilement trouvables (moyennant quelques milliers de $ tout de même), les billets de la première émission sont rarissimes, très difficile à trouver, et très cher au final (plusieurs dizaines de milliers de $ de budget à prévoir si vous souhaitez en acquérir un exemplaire…) [nbpagination_toc="5/ En détail... La 2ème émission"] 2ème ÉMISSION : décret du 16 mai 1861 En mai 1861, devant l’escalade du conflit, la Confédération se rend compte que la première émission, passée pour un montant de 1 million de dollars serait vite insuffisante. Le congrès confédéré autorise alors par ce décret l’émission de 20 millions de dollars en billets de banque. Alors que la première émission introduisait la notion d’intérêts, la seconde émission ne procure pas cet avantage. C’est également à cette occasion que le gouvernement confédéré se rendit compte que le secrétaire au trésor ne pouvait plus signer lui-même tout les billets, et des substituts furent autorisés à signer lesdits billets. Ayant rompu ses relations avec New York et la National Bank Note Company, les sudistes doivent trouver d’autres alternatives pour émettre leur monnaie. Un premier contrat est passé avec la firme Hoyer and Ludwig, à Richmond pour l’émission des coupures de 5, 10, 20, 50 et 100 $. La qualité de gravure et d’impression s’en ressent fortement, le travail étant effectué dans l’urgence, les billets étant imprimés sur un papier de qualité inférieure, pas réellement pensé pour cet usage. Le design des billets est assez brut, d’aspect nettement moins fini que les premiers billets émis. Peu de temps après l’introduction de ces coupures, elles apparurent faciles à contrefaire, notamment par des imprimeurs situés dans le Nord (on peut citer Samuel Upham à Philadelphie en Pennsylvanie, qui imprima 15.000 $ en coupure de 5 $ dès la fin 1861…). Certains billets sont porteurs de tampons « P » ou « C », dont on ne sait exactement quelle est la signification exacte. Il existe de multiples hypothèses, comme une marque d’identification de contrefaçon, ou marque de contrôle. Une autre hypothèse serait que la marque « P » signifierait « paid » et avaliserait la production du billet, la marque « c » signifiant « cancelled » et indiquerait la mise au rebut du modèle présenté. Un autre endroit où furent imprimés les nouveaux billets de cette émission était l'entreprise Jules Manouvrier, établie à la Nouvelle-Orléans. Cette firme reçu l’autorisation de produire des coupures de 5 et 10 $. Devant les mêmes problèmes de contrefaçons, il fut décidé d’introduire un dos imprimé portant la mention « Confederate States of America ». Malheureusement, la première livraison de billets de 10 $ produit par cette entreprise fut partiellement volée, et incita le gouvernement confédéré à détruire le stock entier de billet de 10 $ produit par Manouvrier. Par la suite, le gouvernement rompit son contrat avec cette firme, et finalement, seul 15.000 billets de 5 $, avec dos bleu, furent mis en circulation. Type 7 / 100 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. La vignette centrale comporte l’effigie de Cérès, déesse de l’agriculture et de Proserpine sa fille, déesse des saisons. A gauche figure le portrait de Georges Washington. Ce billet fut imprimé sur plusieurs types de papier, d’une épaisseur variable. Tiré à 37.155 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 20063. Inscription manuscrite non définies au dos. Type 8 / 50 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. Ce billet porte au centre l’effigie de Georges Washington, à gauche la déesse Tellus (déesse de la terre) tenant un globe surmonté d’une colombe. Ce billet fut imprimé sur plusieurs types de papier, d’une épaisseur variable. Utilisation d’encre rouge ou marron pour inscrire le N° du billet. Tiré à 123.564 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 25723. Type 9 / 20 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. La vignette centrale représente un navire à trois mats naviguant, image déjà utilisée sur certains billets avant-guerre. Il existe plusieurs variations sur les inscriptions « 20 » et « XX ». Ce billet fut imprimé sur plusieurs types de papier, d’une épaisseur variable. Utilisation d’encre rouge ou marron pour inscrire le N° du billet. Tiré à 264.988 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 47097. Type 10 / 10 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. La vignette centrale représente l’allégorie de la Liberté, avec à ses côté un aigle et une représentation du premier drapeau de la Confédération (drapeau remplacé ultérieurement car trop facilement confondu avec celui de l’Union, ce qui était particulièrement gênant lors des combats…), à gauche, représentation allégorique de l’Espérance. Il existe plusieurs variations sur les inscriptions « 10 ». Ce billet fut imprimé sur plusieurs types de papier, d’une épaisseur variable. Utilisation d’encre rouge ou marron pour inscrire le N° du billet. Tiré à 170.994 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 39591. Type 11 / 5 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. La vignette centrale représente l’allégorie de la Liberté, avec à ses côté un aigle, à gauche la représentation d’un marin accoudé sur un cabestan (repris dune vignette utilisée sur les billets nationaux aux environs de 1820). Ce billet fut imprimé sur un papier assez fin. Utilisation d’encre rouge ou marron pour inscrire le N° du billet. Tiré à 72.885 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 1880. Type 12 / 5 $ Gravé et imprimé par Jules Manouvrier à la Nouvelle-Orléans (Louisiane). Billet biface. C’est le seul modèle de billet émis en 1861 à être imprimé sur les deux faces. Il est formé d’un motif simple (inscription « The Confederate States of America » - « Five Dollars » - « Richmond »), particulièrement aisé à copier, ce qui explique l’arrêt de la production assez rapide. Le dos porte à l’encre bleue l’inscription « Confederate States of America », entouré dans chaque angle d’une inscription « V ». Le papier utilisé est plutôt de bonne qualité. Utilisation d’encre rouge ou marron pour inscrire le N° du billet. Tiré à 15.556 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 803. Un petit bonus : le Type 12 A / 10 $ Gravé et imprimé par Jules Manouvrier à la Nouvelle-Orléans (Louisiane). Ce billet n’a jamais été mis en circulation. La représentation ci-dessous est la seule connue actuellement, parue dans les années 1940 dans un article puis dans un livre de Brent Hughes. Il s’agit de la représentation de la maquette du billet. Billet biface, formé également d’un motif simple (inscription « The Confederate States of America » - « Ten Dollars » - « Richmond »). Le dos devait porter à l’encre rouge l’inscription « Confederate States of America », entouré dans chaque angle d’une inscription « X ». Le papier utilisé est plutôt de bonne qualité. Tiré à 80.000 exemplaires, envoyés à Richmond en novembre 1861. Plusieurs palettes de billets furent volées, ce qui incita le gouvernement confédéré à bruler la totalité des billets reçus, soit l’équivalent de 78.044 billets. Il reste donc théoriquement 1.956 billets intacts après cette date. Aucun n’a jamais refait surface, ni même le moindre faux. Si un original devait voir le jour, le prix de vente serait probablement explosif !!! Cet hypothétique billet est évalué par certains de 500.000 US$ à plus de 1.00.000 d’US$ !! [nbpagination_toc="6/ En détail... La 3ème émission"] 3ème ÉMISSION : décret du 19 août et du 24 décembre 1861 Ces deux décrets autorisèrent la mise en circulation de 100 millions puis 50 millions de dollars supplémentaires, tous les billets de cette émission étant datés du 2 septembre 1861 (à l’exception d’un, dont nous reparlerons plus tard…). On le voit, le gouvernement confédéré commence déjà à faire marcher la planche à billets, ce qui fait finalement baisser la valeur du dollar confédéré et augmente progressivement l’inflation. Devant ces sommes énormes à émettre (on est loin du million initial et des vingt millions de « rallonge » de la seconde émission), il devient vite évident que l’entreprise Hoyer & Ludwig ne pourrait pas suivre. Par ailleurs, leur production de la seconde émission commence déjà à être contrefaite (faux T8, T9, T10 et T11). D’autres fournisseurs sont alors contactés par Christopher Memminger (secrétaire d’État au trésor), tel la Southern Bank Note Company de la Nouvelle-Orléans (déjà émettrice des type 5 et 6 de la première émission) qui produit de très belles coupures réhaussées d’encre rouge. Ce seront d’ailleurs les derniers billets émis par cette firme. D’autres imprimeurs sont également embauchés pour absorber ce travail : on citera Keatinge & Ball (établi à Columbia en Caroline du Sud puis à Richmond en Virginie), B. Duncan (établi également à Columbia), Legget, Kitting & Ball (issu d’un regroupement de plusieurs firmes et dès lors établi à Richmond) et J. T. Paterson (établi à Columbia également). De part le nombre de fabricants élevés, il existe une grande variété de coupures pour cette émission, qui ne compte pas moins de 26 billets (du type 13 au type 37, inclus) ! Dans le détail : - 1 type de billet de 100 $ - 3 types de billets de 50 $ - 5 types de billets de 20 $ - 9 types de billets de 10 $ - 7 types de billets de 5 $ Soit 25 billets... Le 26ème billet est un peu à part, j’y reviendrai en fin de cette notice. Cette série, avec une grande variété de types de coupures gravées et imprimées verra l’emploi d’une diversité pus grande de papier, allant d’une bonne qualité à une qualité bien plus médiocre, bien qu’en règle générale, le papier soit tout de même de meilleure qualité que celui utilisé pour la seconde émission. On notera que les billets de 1 et 2 $ n’ont pas été autorisé pour cette émission, bien qu’un billet de 2 $ daté du 2 septembre 1861 ait existé : il s’agit du T38, billet de 2 $, improprement daté par le fabricant, qui appartient en fait à la 4ème émission, et dont nous parlerons dans la section adéquate ultérieurement. Ce 26ème billet si mystérieux dont je parle précédemment est en fait le type 46, victime d’une erreur de datation (daté du 2 septembre 1862 au lieu de 1861) et donc improprement classé par les collectionneurs dans la 4ème émission… Ce classement erroné est resté, mais le billet appartient bien à la 3ème émission, et non à la 4ème comme pourrait le faire penser le classement utilisé encore actuellement. En résumé, la troisième émission comporte les billets du type 13 au type 37 inclus, ainsi que le billet de type 46. Certains des billets de cette émission sont parmi les plus rares : il est excessivement difficile de trouver les billets de type 27 et 35, dont les prix sur le marché de la collection varient en fonction de l’état de quelques milliers à quelques dizaines de milliers de dollars actuels ! D’ailleurs, selon la plupart les collectionneurs, certains des plus beaux billets de la Confédération appartiennent à cette émission, même si cela reste forcément assez subjectif… Type 13 / 100 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. Il s’agit du premier billet de 100 $ tiré en si importante quantité. Il fut également larement copié par les faussaires, et certains faux étaient de meilleure qualité que les originaux ! C’est d’ailleurs l’un des moyens de les détecter, la gravure d’origine étant un peu floue, à l’opposée de certains faux qui ont une gravure très fine. La vignette centrale représente des exclaves chargeant une charrette de balles de coton. Une presse à balle est visible en arrière-plan. Cette vignette est reprise d’un billet émis localement en dans le comté de Turnpike (Mississipi) en 1839. A gauche, on trouve un marin accoudé à une ancre. Les arabesques situées sous les mots ou entre eux sont parfois absentes. Ce type de billet facilement trouvable, même dans d’excellent état de conservation. Tiré à 607.227 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 14239. Type 14 / 50 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. Ce billet de 50 $ fut également largement copié, et de manière identique au précédent billet, certaines contrefaçons sont de qualité supérieure à l’original ! La vignette centrale représente Moneta, déesse de la monnaie, tenant dans la main le couvercle d’un coffre. Cette vignette fut déjà utilisée pour une production locale, à Cape Fear (Caroline du Nord) en 1848. En bas à gauche, la vignette représente deux marins. Le papier utilisé pour cette série est de qualité très moyenne. Tout comme la coupure précédente, les arabesques situées sous les mots ou entre eux sont parfois absentes. De même, ce type de billet est facilement trouvable, y compris dans d’excellent état de conservation. Tiré à 479.660 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 62078. Type 15 / 50 $ Gravé et imprimé par la Southern Bank Note Company à la Nouvelle-Orléans (Louisianne). Billet uniface. Probablement l’un des plus beaux billets confédérés. La vignette centrale représente une locomotive à vapeur tractant des wagons de passagers. A gauche, représentation de Cérès, déesse de l’agriculture, à droite représentation allégorique de la Justice. Le billet est rehaussé de rouge, ce qui apporte une variation assez esthétique de l’aspect général de la coupure. Billet tiré à 14.860 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 14118. Type 16 / 50 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Richmond (Virginie) C’est le premier billet à porter l’effigie de Jefferson Davis, président de l’éphémère Confédération. C’est un billet qui se distingue également des autres car rehaussé d’encre verte. Il fut imprimé sur des papiers de qualité très variable. Coupure tirée à 426.016 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 30404. Type 17 / 20 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. Par ordre chronologique, il s’agit du premier billet émis à l’occasion de la 3ème émission. Dans la partie centrale, les trois femmes représentent Cérès, déesse de l’agriculture, entourée des allégories du commerce et de la navigation. A gauche, on retrouve une représentation de la Liberté. Ce billet est rehaussé d’encre verte. Il existe quelques exemplaires connus (rares) de billet rehaussé d’encre bleue (par erreur), et même imprimé avec la mention « TEN DOLLARS » en lieu et sus de la mention « TWENTY DOLLARS ». Il est également peu courant de trouver ce billet correctement découpé, les marges sont bien souvent rognées. Billet tiré à 43.732 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 36866. Type 18 / 20 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. C’est un des billets de 20 $ qui fut le plus imprimé en 1861 et 1862. C’est également un billet énormément copié, avec des qualités de faux parfois bluffantes. La vignette centrale représente un voilier à la mer, d’un modèle similaire au dessin utilisé pour le type 9 (20 $) lors de la seconde émission. A gauche, représentation d’un marin appuyé sur un cabestan, image déjà utilisée pour le type 11 (5 $) de la 2ème émission. La qualité du papier est très inégale, et il n’est pas rare d’observer que l’encre des signatures a transpercé le papier ! Il existe de très nombreuses variétés à ce billet, le tirage ayant été conséquent. Billet tiré à 2.366.486 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 15880. Type 19 / 20 $ Gravé et imprimé par la Southern Bank Note Company à La Nouvelle-Orléans (Louisianne). Billet uniface. De nouveau, une très belle production de cette firme, avec utilisation d’encre rouge qui rehausse la couleur de la coupure. Au centre, une représentation allégorique de la Navigation est assise à côté d’un globe et de cartes, tandis qu’un navire se trouve en arrière-plan. A gauche, on trouve une représentation de Minerve déesse de la guerre et à droite, une représentation d’un forgeron appuyé sur son enclume. Tiré à 14.860 exemplaires, N° présenté : 5960. Type 20 / 20 $ Gravé et imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud) Billet uniface. Cette coupure fut imprimée en grande quantité par la firme Blanton Duncan en 1861 et 1862, et donc rapidement contrefaite (en grand nombre également). Au centre, représentation allégorique de l’industrie, accompagnée d’un cupidon ailé, et en arrière-plan une ruche. A droite, représentation de l’espérance accoudée à une ancre avec un palmier en arrière-plan. A gauche, portrait d’Alexander H. Stephens, vice-président de la Confédération. Imprimé sur un papier généralement assez épais, parfois filigrané « CSA ». Tiré à 2.834.251 exemplaires, N° présenté : 112765. Type 21 / 20 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud) Billet uniface, de haute qualité, réhaussé d’encre verte, imprimé courant 1862. Il représente en médaillon le portrait d’Alexander H. Stephens, vice-président de la Confédération. La firme Keatinge & Ball (tout comme celle de Blanton Duncan) délocalisa une partie de sa production du site de Richmond à celui de Columbia, notamment au printemps 1862 lorsque l’armée unioniste du général McClellan menaçait la capitale confédérée. Le papier utilisé est de bonne qualité, plusieurs types de papier étant utilisés, pour la plupart filigrané (« J Wathman 1862 », « NY « , « CSA ») : M. Keatinge importait effectivement beaucoup de matériel ou de papier au travers du blocus unioniste, tout en conservant des attaches commerciales dans le Nord. L’encre verte utilisée offre différentes tonalités, allant du vert bouteille à un vert plus pale. Tiré à 164.248 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 9223. Type 22 / 10 $ Gravé et imprimé par la Southern Bank Note Company à la Nouvelle-Orléans (Louisiane). Billet uniface. Encore une très belle production de cette firme, qui se caractérise par l’usage d’encre rouge. Au centre, représentation d’une faille d’indiens, le père de famille portant arc, carquois et tomahawk. A droite, représentation d’une femme portant un épi de maïs dans sa main droite et un « X » dans la main gauche. A gauche, représentation de Thétis tenant un trident, utilisée dans le cas présent pour illustrer la souveraineté maritime de la confédération. Utilisation d’encre noire pour inscrire le N° du billet, plus rarement d’encre rouge. Ce billet est très difficile à trouver dans un état supérieur à TTB (very fine). Billet tiré à 58.806 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 2392. Type 23 / 10 $ Gravé et imprimé par Leggett, Keatinge & Ball à Richmond (Virginie). Billet uniface, de haute qualité, également rehaussé d’encre rouge orangé. Ce billet fut développé à partir d’un billet émis localement à Savannah (Géorgie). Au centre, on trouve la représentation d’une charrette chargée de balles de coton tractée par un attelage. A droite, représentation d’un cueilleur de maïs à l’ouvrage. Le portrait de gauche est plus obscure : pendant des années, on a pensé qu’il s’agissait de Williamson S. Oldham, sénateur confédéré du Texas, mais finalement, il semblerait qu’il s’agisse du portrait de John Elliot Ward, président de la Mechanics Savings Bank de Savannah (souvenez vous que ce billet a été tiré sur les plaques d’un vieux billet émis localement à Savannah). L’ironie de l’histoire est que ce personnage était opposé à la sécession, et qu’il quitta le sud en 1860 pour rejoindre New York… Drôle de choix pour illustrer un billet confédéré n’est-ce pas ? Mais on fait avec ce que l’on a sous la main… Ce billet est généralement imprimé sur du papier de bonne qualité, mais il est difficile de trouver une qualité de couleur parfaite, le rouge orangé s’étant estompé avec les années. Billet tiré à 20.333 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 2560. Pour notre culture, voici le modèle de base du billet émis localement à Savannah : Type 24 / 10 $ Gravé et imprimé par Leggett, Keatinge & Ball à Richmond (Virginie). Billet uniface. Représentation à gauche de R.M.T. Hunter, secrétaire d’État de la Confédération. A droite, représentation d’un enfant qui n’est pas précisément identifié encore de nos jours : certains pense qu’il s’agit d’une réutilisation ancienne de gravure et qu’il s’agirait du portrait de du Révérend A.E. Elwyn. Cette hypothèse est ironique, le Révérend Elwyn ayant été un unioniste et abolitionniste convaincu. Une autre hypothèse est qu’il s’agirait d’un « vol » d’une gravure de B. Duncan, mais on peut alors se demander pourquoi Leggett, Keatinge & Ball aurait ainsi placé la gravure d’un de leur concurrent sur une de leur émission… Le débat reste ouvert. Ce billet est généralement imprimé sur du papier de très bonne qualité, souvent filirané (« CSA », J Whatman » et rarement « NY » ) , parfois sur du papier dont la couleur tire sur le rouge (rare). Billet tiré à 278.400 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 2135. Type 25 / 10 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Richmond (Virginie). Billet uniface, imprimé par la même firme après que M. Leggett l’a quitté (d’où le changement de nom de l’entreprise). On retrouve à gauche le même portrait que sur le type 24, à savoir celui de R.M.T. Hunter, secrétaire d’État de la Confédération. A droite, portrait de C.G. Memminger, secrétaire d’État au trésor de la confédération. Au centre, représentation allégorique de l’Espérance, appuyée sur une ancre de marine. Ce type de billet se retrouve souvent imprimé sur du papier de bonne qualité, fréquemment filigrané (« CSA », « J Whatman » ou beaucoup plus rarement « Wookey Hole Mill »). Billet tiré à 178.716 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 44443. Type 26 / 10 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Richmond (Virginie). Billet uniface, émanant de la même firme que les deux précédent. Il s’agit en fait de la même coupure que le type 25 précédemment vu, mais avec ajout de deux « X » rouge de part et d’autre de la vignette centrale. Le but recherché était de compliquer la fabrication de faux billet, mais ce fut un échec, ce billet ayant été largement copié au même titre que les autres… Ce type de billet se retrouve souvent imprimé sur du papier de bonne qualité, parfois filigrané (« CSA », « J Whatman » ou beaucoup plus rarement « Wookey Hole Mill »). Il existe différente variation de l’intensité du rouge, ainsi que 3 modèles du X : un modèle plein, un modèle avec fin entrelacs et un modèle avec entrelacs plus grossier. Modèle plein Modèle à fins entrelacs Modèle de X à entrelacs grossier Billet tiré à 514.400 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 85072. Type 27 / 10$ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. Encore une rareté, tiré à moins de 10.000 exemplaires. Il s’agit d’un billet assez difficile à trouver de nos jours. On ne sait pas pourquoi l’émission de ce billet fut si rapidement interrompu (tout comme son petit frère de 5 $, le type 35, d’ailleurs). Certains évoque un bris de la plaque d’impression. A gauche, représentation de la Liberté avec un aigle (sur le modèle du type 11 de la seconde émission). A droite, vignette représentant un train. Ce billet est disons-le, assez « moche », imprimé sur du papier de mauvaise qualité. Il n’en demeure pas moins très rare, particulièrement dans des états de conservation corrects (very fine ou TTB et au-dessus). Billet tiré à 8.576 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 1379. Type 28 / 10 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie) et J.T. Paterson à Columbia (Caroline du Sud). Billet uniface. Ce billet fut imprimé fin 1861 par la firme Hoyer & Ludwig, puis le relais fut passé à la firme J.T. Paterson de Columbia. A gauche, illustration représentant deux femmes (Cérès, déesse de l’agriculture, et allégorie du commerce). A droite, vignette représentant un train (du même modèle que sur le type 27). Billet imprimé sur un papier de qualité médiocre, une variante rare étant imprimé sur du papier de meilleure qualité filigrané « CSA ». Billet tiré à 1.074.980 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 76409. Type 29 / 10 $ Gravé et imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud). La vignette centrale représente la cueillette du coton par un esclave. A droite, en vignette, représentation d’une barge chargée de balles de coton sur une rivière. Il s’agit d’un billet de bonne qualité, uniface, tiré en quantité assez importante, qui fut également largement copié. Billet tiré à 286.627 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 10676. Type 30 / 10 $ Gravé et imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud). C’est un billet uniface, tiré en très grande quantité à partir de 1862 et jusqu’en 1863 malgré l’émission de nouveaux types de 10 $. Le centre de la coupure comporte une vignette représentant une scène célèbre de la guerre d’indépendance, le « Sweet Potato Dinner » du général Francis Marion, évocation de la résistance et de la guérilla menée aux troupes britanniques. Ce modèle de vignette est repris d’un billet émis localement à la banque d’état de la Caroline du Sud en 1853. A gauche, portrait de R.M.T. Hunter, secrétaire d’État de la Confédération. A droite, représentation de Minerve, déesse de la guerre. Billet tiré à 1.939.810 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 131844. Type 31 / 5 $ Gravé et imprimé par la Southern Bank Note Company à la Nouvelle-Orléans (Louisiane). Billet uniface. Encore un beau billet, émis par l’entreprise de la Nouvelle-Orléans, rehaussé d’encre rouge. On trouve au centre un groupe de cinq femmes représentant le Commerce (avec un navire à l’arrière-plan), l’agriculture (Cérès avec une corne d’abondance), la Justice (avec une balance), la Liberté, l’industrie (avec une quenouille et une filature de coton en arrière-plan). A droite, représentation d’une statue de Georges Washington (originalement située dans le hall principal du capitole de Boston, Massachussetts). A gauche, représentation de Minerve, déesse de la guerre. Billet tiré à 58.860 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 10579. Type 32 / 5 $ Gravé et imprimé par Leggett, Keatinge & Ball à Richmond (Virginie). Billet uniface. Ce billet fut imprimé fin 1861 à Richmond (Virginie) en respectant des standards de haute qualité. Encore une fois, l’entreprise est partie d’un modèle imprimé localement en 1855 par la Mechanics Savings Bank de Savannah (Géorgie), comme pour le type 23 de 10 $. A gauche, on trouve un portrait de petit garçon, image déjà utilisée pour des productions d’avant-guerre. A droite, représentation d’un forgeron accoudé à une enclume, la masse sur l’épaule. Ce billet fut imprimé sur du papier de haute qualité, sans filigrane, parfois avec une teinte rouge/rose. On a pu observer quelques billets dont la couleur rouge s‘est oxydée et a virée au noir, faisant croire à un type différent de billet. Billet imprimé à 20.333 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 5265. Illustration du modèle de la Mechanics Savings Bank de Savannah : Type 33 / 5 $ Gravé et imprimé par Leggett, Keatinge & Ball à Richmond (Virginie). Billet uniface. Il s’agit d’un billet de grande qualité, imprimé en 1862, avec utilisation d’encre verte (tirant sur le bleu ou sur le jaune). Au centre, portrait de C.G. Memminger, secrétaire d’État au trésor de la confédération. A droite, représentation de Minerve, déesse de la guerre, accoudée à une colonne portant le chiffre « 5 ». Ce billet fut imprimé sur plusieurs types de papier, de grande qualité, filigrané « FIVE », « CSA » ou plus rarement « J Whatman ». Il existe de nombreuses variations (de couleur, fautes d’orthographe, nom de l’entreprise etc…) qui multiplient les sous-types de billets observables… Billet imprimé à 136.736 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 23356. Type 34 / 5 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Richmond (Virginie). Billet uniface. Ce billet fut imprimé à Richmond en 1862 alors même que la ville était menacée par les troupes du général McClellan (juste avant la bataille des sept jours, voir historique de la guerre précédemment). Il est globalement identique au type 33 précédemment vu, mais imprimé à l’encre noire. Le motif portant l’inscription « FIVE » à droite change également. Ce type de billet se retrouve souvent imprimé sur du papier de bonne qualité, parfois filigrané (« CSA », « J Whatman » ou beaucoup plus rarement « Wookey Hole Mill »). Billet imprimé à 228.644 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 11921. Type 35 / 5 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. Encore un billet assez frustre et de piètre qualité réalisé par cette firme, mais assez rare également, de part le faible nombre d’exemplaires émis. Il est surnommé « la princesse indienne » (« the indian princess », en raison de la vignette de droite. Cette vignette avait déjà été utilisée pour l’émission de billets locaux par la banque de Saline (Michigan) en novembre 1837. A gauche, représentation d’esclaves manutentionnant des balles de coton, avec une barge à l’arrière-plan. Comme pour le type 27 de 10 $ vu plus tôt, on ne sait pas pourquoi l’émission de ce billet fut si rapidement. Certains évoquent un bris de la plaque d’impression, ou la perte de cette plaque. Le papier utilisé est de très mauvaise qualité, bien évidemment pas filigrané. Il est rare de trouver un billet de ce type, encore plus rare de le trouver en bon état de conservation. Billet imprimé à 7.160 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 2206. Type 36 / 5 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie) et J.T. Paterson à Columbia (Caroline du Sud). Il s’agit d’un billet uniface, de médiocre qualité, imprimé courant 1862 et qui demeure l’un des billets les plus courant de cette 3ème émission, destiné à remplacer le type 35. Au centre, on trouve la représentation de Cérès, déesse de l’agriculture, assise sur une balle de coton. A gauche, représentation d’un marin appuyé sur un cabestan. Ce billet fut imprimé sur du papier de mauvaise qualité. Billet imprimé à 3.694.890 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 178680. Type 37 / 5 $ Gravé et imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud). Billet uniface, de qualité moyenne, imprimé à de nombreux exemplaires en 1862. La vignette centrale représente un marin adossé à une balle de coton. A gauche, portrait de C.G. Memminger, secrétaire d’État au trésor de la confédération et à droite, représentation allégorique de la Justice (debout) et de Cérès, déesse de l’agriculture (assise). Ce billet fut imprimé sur du papier de bonne qualité, non filigrané. Billet imprimé à 1.002.478 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 50031. Type 46 / 10 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Billet uniface. Ce billet est numéroté dans l’inventaire comme appartenant à la quatrième série, mais il s’agit d’une erreur, imputable au fait qu’il porte la date du 2 septembre 1862. Il s’agit en fait d’une malfaçon lors de sa fabrication, le billet aurait du porter la date « September 2, 1861 ». Il appartient bien à la troisième émission, ce qui motive sa présence dans cette partie. Il représente au centre Cérès appuyée sur un baril et une balle de coton. A droite, portrait de R.M.T. Hunter, Secrétaire d’État de la Confédération en 1861. Imprimé sur du papier de qualité moyenne, sans filigrane. Billet imprimé à 635.250 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 3078. [nbpagination_toc="6/ En détail... La 4ème émission"] 4ème ÉMISSION : décrets du 17 avril et du 23 septembre 1862 Le décret du 17 avril 1862 autorise l’émission de 170 millions de dollars supplémentaires sous forme de papier monnaie, avec pour la première fois l’introduction de coupures de 1 et 2 $. Autre nouveauté, les billets de 100 $ rapportent au porteur des intérêts de 2 cents par jour, soit un rendement de 7,3% par an. La somme de 165 millions de dollars fut autorisée à être émise sous forme de billets de 100 $, les 5 millions restant le furent sous forme de coupures de 1 et 2 $. Le 23 septembre 1862, un nouveau décret complétant celui d’avril autorise une émission supplémentaire de 5 millions de dollars sous forme de coupures de 1 et 2 $. Les billets de 100 $ sont dorénavant datés à la main par l’imprimeur, la date étant comprise entre mai 1862 et janvier 1863, et on retrouve souvent au dos des billets des tampons attestant du paiement des intérêts annuels. Les billets de 1 et 2 $ sont tous datés du 2 juin 1862, à l’exception d’une courte série (le type 38, de 2 $), imprimé par B. Duncan, estampillé par erreur « 2 septembre 1861 », ce qui a fait longtemps croire que ce billet appartenait à la 3ème émission (ce qui n’est pas le cas, étant donné que les billets de 2 $ n’existaient pas pour cette émission), ce qui explique son classement en type 38, à la suite donc du dernier billet de la 3ème émission. C’était une erreur facilement explicable par le fait que les billets de la 3ème émission, datés « 2 septembre 1861 », continuèrent à être émis par la plupart des imprimeurs jusque janvier 1863, alors même que la 4ème et même la 5ème émission avait été autorisées. Duncan, qui avait par ailleurs décroché un contrat pour l’émission des types 42, 43, 44 et 45, corrigea rapidement cette erreur et finalement, l’émission de type 38 n’excéda pas 40.000 exemplaires. Duncan décida aussi d’introduire une nouveauté dans la fabrication de ses billets, à savoir l’introduction de couleur verte. Ironiquement, il tenta de facturer le gouvernement confédéré pour cette ajout dû à sa propre initiative, et quand ce dernier refusa, il arrêta d’ajouter cette touche de couleur. N’oublions pas par ailleurs que le type 46 ne fait pas parti de cette émission, mais de la précédente. Ayant été traité dans la 3ème émission, nous ne verrons pas ici bien entendu. Un autre cas spécial concerne les types 47 et 48, qui sont aujourd’hui considérés comme des fantaisies d’époque, des contrefaçons, ou au mieux des modèles plus ou moins approuvés par le gouvernement mais non officiels. Ils ont été néanmoins classifiés dans la liste des billets confédérés car longtemps considérés comme authentiques. Notre 4ème émission comporte donc : - 3 coupures de 100 $ (types 39, 40, 41) - 3 coupures de 2 $ (type 38 avec erreur de date, types 42, 43) - 2 coupures de 1 $ (types 44, 45) - 1 coupure fantaisiste de 20 $ (type 47) - 1 coupure fantaisiste de 10 $ (type 48) Type 38 / 2 $ Gravé et imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud). Billet uniface, imprimé avec une erreur de date (« 2 septembre 1861 » au lieu de « 2 juin 1862 »). Il fut longtemps considéré comme le dernier billet émis lors de la 3ème émission, ce qui explique son classement en type 38 (le dernier billet de la 3ème émission, mis à part le cas particulier du type 46 ajouté plus tard à cette 3ème émission, étant le type 37 de 5 $). L’erreur de date fut ensuite corrigée, ce qui donna le type 42. Certains collectionneurs assimilent ce type à une simple variante du type 42 d’ailleurs. Néanmoins, ce billet a longtemps été référencé comme une série à part entière. La vignette centrale représente une allégorie de la lutte du Sud contre le Nord. A gauche, portrait de Judah P. Benjamin avocat juif réputé et homme d’État de la Confédération (tout d’abord secrétaire d’État à la guerre puis secrétaire d’État de la Confédération). Ce billet fut imprimé sur du papier de mauvaise qualité, non filigrané. Il est excessivement difficile d’en trouver en très bon état. Billet imprimé à environ 36.000 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 481. Type 39 / 100 $ Gravé et imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie) et J. T. Paterson à Columbia (Caroline du Sud). Billet uniface. Il s’agit du premier billet émis avec promesse d’intérêt (7,3% par an). La date d’émission est portée à la main, située entre le 5 mai 1862 et le 14 août 1862. Le billet présenté ci-dessous est daté du 19 juin 1862. Parfois, il est possible de trouver au dos, inscrit à la main, la signature ou le nom des agents ainsi que le lieu de mise en circulation du billet. Le modèle ci-dessous porte 2 tampons attestant que les intérêts ont bien été payé (« Interrest paid [date] at Richmond »). La vignette centrale représente un train tracté par une locomotive à vapeur, avec un jet de vapeur bien visible et rectiligne (ce point à son importance nous le verrons avec le type suivant). A gauche en vignette, représentation d’une trayeuse. Ce billet fut imprimé sur du papier de qualité relativement médiocre, non filigrané. Il existe de très nombreuses variations de graphisme de certains points de détails (calligraphie des lettres, détails d’illustration manquant etc.) Billet imprimé à 284.000 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 7306. Type 40 / 100 $ Gravé et imprimé par J. T. Paterson à Columbia (Caroline du Sud). Billet uniface. Billet émis avec promesse d’intérêt (7,3% par an). La date d’émission est portée à la main, située entre le 8 août 1862 et le 16 janvier 1863. Le billet présenté ci-dessous est daté du 1er septembre 1862. Parfois, il est possible de trouver au dos, inscrit à la main, la signature ou le nom des agents ainsi que le lieu de mise en circulation du billet, ce qui est le cas sur le billet présenté ci-dessous : on peut y lire « Issued Jackson Sept 30 / 62 ». Le modèle ci-dessous porte 2 inscriptions manuscrites attestant que les intérêts ont bien été payé (« Int paid Jan 1st 1864 » et « Int paid Jan 1st 1865 »). La vignette centrale représente un train tracté par une locomotive à vapeur, avec un jet de vapeur diffus (contrairement au type précédent). A gauche en vignette, représentation d’une trayeuse. Certains considèrent ce type comme étant une simple variante du type 39 précédemment vu, mais la plupart des collectionneurs ont adoptés le classement en type 39 et type 40 distinct. Ce billet fut imprimé sur du papier de qualité relativement médiocre, non filigrané. Il existe de très nombreuses variations de graphisme de certains points de détails (calligraphie des lettres, détails d’illustration manquant etc.). Ce billet est facilement trouvable à l’achat, y compris dans des états de conservation excellent. Billet imprimé à 214.400 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 39810. Type 41 / 100 $ Gravé et imprimé par par Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud). Billet uniface. Billet émis avec promesse d’intérêt (7,3% par an). La date d’émission est portée à la main, située entre le 26 août 1862 et le 8 janvier 1863. Le billet présenté ci-dessous est daté du 1er décembre 1862. Parfois, il est possible de trouver au dos, inscrit à la main, la signature ou le nom des agents ainsi que le lieu de mise en circulation du billet. Le modèle ci-dessous porte 1 tampon attestant que les intérêts ont bien été payé (« Interest paid 1st January 1864 at Raleigh NC»). La vignette centrale représente trois esclaves cultivant un champ. A gauche en vignette, portrait de John C. Calhoun, théoricien de l’idéologie sudiste. A droite, représentation allégorique de la Confédération, personnifié par Columbia (qui est l’équivalent de notre Marianne). Le centre du billet est rehaussé d’une inscription « HUNDRED » imprimé à l’encre rouge. Ce billet était gravé et non lithographié. Ce billet fut imprimé sur du papier de bonne qualité, non filigrané. La coupure existe avec de très nombreuses variations de détail. Il s'agit d'un billet de banque facilement trouvable à l’achat, y compris dans des états de conservation excellent. Billet imprimé à 678.600 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 80607. Type 42 / 2 $ Gravé et imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud). Billet uniface, le premier des billets de 2 $ émis par la Confédération. La date imprimée par erreur sur le type 38 (« 2 septembre 1861 ») a été corrigée pour devenir « 2 juin 1862 ». Notez que les dates pour les coupures de 1 et 2 $ sont de nouveau imprimées au lieu d’être manuscrites comme sur les billets de 100 $ vus précédemment. Ce billet n’apporte plus d’intérêts. L’aspect est similaire du fait au type 38 : une vignette centrale représentant l’allégorie de la lutte du Sud contre le Nord, à gauche, le portrait de Judah P. Benjamin avocat juif réputé et homme d’État de la Confédération (tout d’abord secrétaire d’État à la guerre puis secrétaire d’État de la Confédération). Ce billet fut imprimé sur du papier de mauvaise qualité, non filigrané. Billet imprimé à 1.520.000 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 36652. Type 43 / 2 $ Gravé et imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud). Billet uniface, du même modèle et design que le billet précédent de type 42. L’aspect est similaire du fait au type 38 et au type 42 : une vignette centrale représentant l’allégorie de la lutte du Sud contre le Nord, à gauche, le portrait de Judah P. Benjamin avocat juif réputé et homme d’État de la Confédération (tout d’abord secrétaire d’État à la guerre puis secrétaire d’État de la Confédération). La variation par rapport au type 42 est l’ajout d’une inscription à l’encre verte « 2 TWO », à l’initiative de l’imprimeur B. Duncan. Après que le gouvernement confédéré eut exprimé son refus de payer plus cher le billet pour cette adjonction, Duncan cessa d’émettre ce type de billet, qui fut de ce fait tiré en bien moins grand nombre que son prédécesseur le type 42. Tout comme dit précédemment, la date d’émission est imprimée au lieu d’être manuscrite. Ce billet fut imprimé sur du papier de mauvaise qualité, non filigrané. Billet imprimé à 194.900 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 52259. Type 44 / 1 $ Gravé et imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud). Billet uniface. Il s’agit du premier billet de 1 $ émis par la confédération. La vignette centrale comporte à navire à vapeur (avec roues à aubes), semblant pourchasser un voilier présent à l’arrière-plan. A gauche, allégorie de la Liberté sur un piédestal portant la mention « ONE ». A droite, portrait de Mme Lucy Pickens, épouse du gouverneur de la Caroline du Sud. La date d’émission est imprimée. Ce billet fut imprimé sur du papier de faible qualité, non filigrané. Billet imprimé à 1.689.860 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 30734. Type 45 / 1 $ Gravé et imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud). Billet uniface. Tout comme le type 43, il s’agit d’une amélioration d’un billet précédemment émis, ici le type 44 de 1 $ vu ci-dessus. La variation par rapport au type 44 est l’ajout d’une inscription à l’encre verte « 1 ONE », à l’initiative de l’imprimeur B. Duncan. Après que le gouvernement confédéré eut exprimé son refus de payer plus cher le billet pour cette adjonction, Duncan cessa d’émettre ce type de billet. Tout comme dit précédemment, la date d’émission est imprimée au lieu d’être manuscrite. Le graphisme est par conséquent identique au type 44 : La vignette centrale comporte à navire à vapeur (avec roues à aubes), semblant pourchasser un voilier présent à l’arrière-plan. A gauche, allégorie de la Liberté sur un piédestal portant la mention « ONE ». A droite, portrait de Mme Lucy Pickens, épouse du gouverneur de la Caroline du Sud. La date d’émission est imprimée et non manuscrite. Ce billet fut imprimé sur du papier de faible qualité, non filigrané. Billet imprimé à 412.500 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 47644. Je vous rappelle que le type 46 fait partie de la 3ème émission, je ne l’aborderai donc pas ici, mais je vous renvoie vers la fin du chapitre « 3ème émission » si vous souhaitez le visualiser. Les cas particuliers : les types 47 et 48 Les deux billets suivants sont particuliers : considérés initialement comme des billets officiels, ils ont intégré la liste des coupures confédérées officielles, sous les numéros d’inventaire 47 et 48. Ils ont été depuis « dégradés » en version d’essai, billet fantaisiste ou encore faux issus juste après la guerre, mais ont gardé leur numéro d’inventaire. Ils sont clairement inspirés du type 46 de la troisième émission, mais sont datés du 2 septembre 1862, ce qui les rattache à la quatrième émission. Certains pensent par ailleurs qu’il pourrait s’agir d’essais pour la troisième émission, incorrectement datés comme le type 46. Ils portent tout deux la marque de Keatinge & Ball de Richmond, mais il n’est pas évéré que ce soit cette firme qui les ai imprimé. En fait, rien de sûr avec ces deux coupures… Type 47 / 20 $ (fantaisie) Au centre, représentation allégorique de la Liberté. A droite, portrait de R.M.T. Hunter, Secrétaire d’État de la Confédération en 1861. Billet daté du 2 septembre 1862. Papier de très mauvaise qualité, l’encre transparaissant sur le revers du billet. Billet présentant le N° de série 3361. Type 48 / 10 $ (fantaisie) Il représente au centre Cérès appuyée sur un baril et une balle de coton. A droite, portrait de R.M.T. Hunter, Secrétaire d’État de la Confédération en 1861. Billet daté du 2 septembre 1862. Papier de très mauvaise qualité, l’encre transparaissant sur le revers du billet. Billet présentant le N° de série 3727. Sur ces deux coupures pour le moins original, je clôturerai donc mon propos sur cette 4ème émission. [nbpagination_toc="7/ En détail... La 5ème émission"] 5ème ÉMISSION : décret du 13 octobre 1862 Le décret du 13 octobre 1862 autorise la mise en circulation de 170 nouveaux millions de dollars, sous forme de papier monnaie. Dans la réalité, environ 138 millions de dollars furent émis, par 4 différents imprimeurs : Keatinge & Ball, Evans & Cogswell, B. Duncan et Hoyer & Ludwig. Tous les billets ont en revanche été gravé par Keatinge & Ball, cette série représentant le premier effort de standardisation des billets. Ainsi vous ne trouverez qu’un seul type de billet de 100 $, un seul de 50 $ etc. Ils sont tous datés du 2 décembre 1862. Autre nouveauté, l’utilisation d’un papier de couleur rosée pour les coupures de 1, 2, 5 et 10 $ est censé éviter la contrefaçon. Néanmoins, la fabrication de fausse monnaie perdurera, on sait qu’à minima le type 53 de 5 $ fut contrefait. Les coupures de 20, 50 et 100 $ sont elles imprimées sur du papier blanc ou crème. Encore une nouveauté : les coupures de 5, 10, 20, 50 et 100 $ portent maintenant un motif reprenant la valeur de la coupure imprimé au dos du billet. Cette impression à double face provoque l’apparition de nouvelles erreurs : on trouve certains billets avec des inversions de sens d’impression du revers du billet. Ces billets fautés sont rares à trouver et très recherché par les collectionneurs. Seul le type 53 de 5 $ n’a pas d’exemplaire fauté connu à ce jour. Le billet devient certes biface, mais n’empêche pas pour autant la contrefaçon : le type 49 de 100 $ sera ainsi largement copié. Néanmoins, ce problème de contrefaçon, récurrent depuis la mise en circulation des premiers billets confédérés, commence à décliner, comme en témoigne la difficulté de trouver des faux de cette série. Les type 51, 52 et 53 (20, 10 et 5 $) sont également connus pour posséder de multiples erreurs de gravures, ainsi que des erreurs sur les noms des graveurs portés sur les billets : cela est du au fait que le gouvernement ait confié la tâche de gravure à un seul établissement, à savoir Keatinge & Ball. Les plaques de gravure furent ensuite distribuées aux autres imprimeurs, qui devait alors tenter de les regraver pour faire apparaitre son nom en lieu de place du nom du graveur précédent. On peut également trouver des billets portant le nom de deux imprimeurs… En définitive, collectionner les billets de la 5ème émission est relativement facile si vous souhaitez acquérir un modèle de chaque type. Cela se complexifie si vous tentez d’obtenir des billets de grande qualité de conservation, ou encore si vous recherchez les multiples variantes possibles de chaque type. Type 49 / 100 $ Gravé et imprimé par par Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud). Il s’agit donc du premier billet de 100 $ biface émis par la Confédération. Au centre, on trouve en médaillon le profil de Lucy Pickens, épouse du gouverneur de Caroline du Sud, surnommée pendant et après sa vie comme "la reine de la Confédération". Décrite comme « belle, brillante et captivante » par ses contemporains masculins, elle a contribué à façonner le stéréotype de la « belle du sud ». On peut noter qu’à la fin du XIXème siècle, le débat restait ouvert sur l’identité de ce personnage féminin : s’agissait-il de Lucy Pickens ou bien de Mme Davis ? Le premier choix fut définitivement retenu en 1917. A gauche, on trouve la représentation de deux soldats confédérés et à droite le portrait de G. W. Randolph, secrétaire d’État à la guerre. Ce billet fut imprimé sur du papier filigrané (« CSA » et beaucoup plus rarement « J Whatman », « Hogkinson & Co » ou « Wookey Hole Mill »). Au dos, la valeur du billet est rappelée dans deux rosaces. Impression à l’encre verte. Billet imprimé à 628.640 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 108687. La bordure ondulée du filigrane se remarque bien sur l’image du dos du billet. Type 50 / 50 $ Gravé et imprimé par par Keatinge & Ball à Richmond (Virginie) et Columbia (Caroline du Sud). Il s’agit ici du premier billet de 50 $ biface émis par la Confédération. La vignette centrale représente Jefferson Davis, président de la Confédération. Au dos, une rosace centrale, entourée de deux pastilles portant le chiffre « 50 ». Encre verte. Ce billet fut imprimé sur du papier filigrané (« CSA », avec ou sans cadre ondulé, « J Whatman », « Hogkinson & Co » ou « Wookey Hole Mill »). Billet imprimé à 414.400 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 55752. La bordure ondulée du filigrane se remarque bien sur l’image du dos du billet. Type 51 / 20 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par par Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud), J.T. Paterson & Co à Columbia (Caroline du Sud), B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud). Au centre, représentation du Capitole de Nashville (Tennessee). A droite, portrait d’A. Stephens, Vice-Président de la Confédération. Au dos, imprimés à l’encre bleu, une rosace centrale porte le chiffre « 20 », encadrée de deux pastilles portant chacune le chiffre « 20 ». Coupure produite sur du papier de bonne qualité, non filigrané, l’usage de ce dernier étant réservé aux billets de 50 et 100 $ (qui attiraient plus les faux monnayeurs). Billet imprimé à 776.800 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 28631. Type 52 / 10 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud), Evans & Cogswell à Columbia (Caroline du Sud). Il s’agit du premier billet sur un papier à fibres tirant sur la couleur rose. Il possède également un dos imprimé à l’encre bleue. L’édifice représenté au centre est le capitole de Columbia (Caroline du Sud). A droite, représentation de R. M. T. Hunter, sénateur et secrétaire d’État de la Confédération. Au dos, présence de 10 pastilles portant le chiffre « X », agencées en croix. Billet imprimé à 3.060.000 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 38036. Type 53 / 5 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par J. T. Paterson à Columbia (Caroline du Sud), Evans & Cogswell à Columbia (Caroline du Sud). Ce billet fut imprimé, comme le précédent sur du papier légèrement teinté de rose, non filigrané. Au centre se trouve la représentation du capitole de Richmond (Virginie). En bas à droite, on retrouve le portrait de C. G. Memminger, secrétaire d’État au trésor de la Confédération. Au dos, imprimé à l’encre bleue, cinq rosaces portant le chiffre « 5 » sont arrangé sur le chiffre romain « V ». Curieusement, pour ce type de billet et bien que tiré en énorme quantité, on ne connait pas d’exemple à l’heure actuelle de revers imprimé à l’envers. Billet imprimé à 2.833.600 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 66876. Type 54 / 2 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Ce billet fut imprimé, comme le précédent sur du papier légèrement teinté de rose, non filigrané. En revanche, il ne possède pas de dos imprimé, le coût d’une telle impression étant jugé trop cher pour des coupures de si petite valeur faciale, qui de plus perdaient rapidement de leur valeur du fait de l’inflation. Il semblerait qu’une telle impression du dos ait néanmoins été anticipée : en effet, il existe au moins un exemplaire de ce billet avec un revers imprimé. Au centre on trouve une rosace portant un large « 2 » et en bas à droite, le portrait de Judah P. Benjamin, secrétaire d’État à la guerre puis secrétaire d’État de la Confédération. Billet imprimé à 603.000 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 42864. Type 55 / 1 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud) et Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Tout comme le précédent, ce billet fut imprimé sur du papier tirant sur le rose, non filigrané, sans impression du revers, même si cette impression fut un temps envisagée (au moins un exemplaire connu). Au centre du billet se trouve le portrait de Clement C. Clay, Sénateur confédéré de l’Alabama. Billet imprimé à 1.141.200 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 6752. Voila qui clôt l'examen de cette 5ème émission ! [nbpagination_toc="8/ En détail... La 6ème émission"] 6ème ÉMISSION : décret du 23 mars 1863 Un nouveau décret daté du 23 mars 1863 autorise l’émission mensuelle de 50 millions de dollars, sans intérêts, en coupures de 5 à 100 $. Par ailleurs, ce décret autorise également l’impression d’un million de dollars supplémentaire en billets de 2 $, 1 $ et 50 cents. Le billet de 50 cents est une nouveauté, hormis cela, les billets sont du même aspect que ceux de la 5ème émission. Comme précédemment, tout les billets sont gravés par Keatinge & Ball, à l'exception du billet de 50 cents, gravé et produit par Archer & Daly de Richmond (Virginie), nouvellement arrivé sur le marché de l'impression de papier monnaie. En définitive, ce seront un peu plus de 517 millions de dollars qui seront émis au titre de cette émission. Tous les billets sont datés du 6 avril 1863. Une nouveauté : les coupures de 100, 50, 20, 10 et 5 $ portent imprimé au tampon la date d’émission réelle, ce qui sert à calculer la date anniversaire d’émission du billet : à cette date, il peut être échangé en bons du trésor, avec plus-value de 6%. Le numéro de série de la coupure peut être manuscrit ou tamponné à l’encre rouge ou brune. Il existe de nombreuse variété de police, de taille pour ces tampons. Quelques billets de cette émission portent un sceau rouge : comportant un palmier au centre, entouré des lettres « C.S.A. » et du mot « TREASURY DEPARTMENT », il s’agit d’une certification apposée par le département du trésor sur certaines séries qui ont été précédemment inspectées. Généralement apposé avant découpe, on retrouve ce tampon incomplet. Exemple de sceau du département du trésor Les billets de 50 cents, 1 et 2 $ sont imprimés sur du papier coloré en rose, toujours utilisé à des fins de lutte contre la contrefaçon, ce qui finalement ne servait pas à grand-chose, la valeur de telle billets étant très faible à cause de l’inflation. Les billets de valeur supérieure à 2 $ sont imprimés sur du papier blanc, filigrané ou non, avec comme dit précédemment la date d’émission réelle tamponnée sur le billet. Ils sont également systématiquement bifaces. Ces mesures n’empêchèrent toutefois pas la production de faux, le type 56 de 100 $ notamment. Type 56 / 100 $ Gravé et imprimé par par Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud). Au centre, on trouve en médaillon le profil de Lucy Pickens, épouse du gouverneur de Caroline du Sud. A gauche, on trouve la représentation de deux soldats confédérés et à droite le portrait de G. W. Randolph, secrétaire d’État à la guerre. Ce billet fut imprimé sur du papier filigrané (« CSA » à l’horizontale, avec bordure ondulée). Au dos, la valeur du billet est rappelée dans deux rosaces. Impression à l’encre verte. L’utilisation d’un tampon rouge ou brun est censée rendre plus difficile la tache des faux-monnayeurs, mais dans les faits, on retrouve de nombreux faux de ce billet de 100 $, généralement imprimé sur du papier non filigrané. Ce billet reste très courant, peu difficile à trouver pour le collectionneur, y compris dans de très bons états de conservation. Billet imprimé à 1.950.400 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 948. Type 57 / 50 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Richmond (Virginie) et Columbia (Caroline du Sud). Là aussi, le billet reprend le design de son prédécesseur de la 5ème émission : la vignette centrale représente Jefferson Davis, président de la Confédération et on trouve au dos une rosace centrale, entourée de deux pastilles portant le chiffre « 50 » (imprimé à l’encre verte). Ce billet fut imprimé sur du papier filigrané (« CSA », avec cadre ondulé). Quelques rares exemplaires sont imprimés sur du papier non filigrané. Billet imprimé à 2.349.600 exemplaires, N° présenté ci-dessous : 46281. Type 58 / 20 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud), J.T. Paterson & Co à Columbia (Caroline du Sud), Evans & Cogswell à Columbia (Caroline du Sud). Identique au type 51 : au centre, représentation du Capitole de Nashville (Tennessee). A droite, portrait d’A. Stephens, Vice-Président de la Confédération. Au dos, imprimés à l’encre bleu, une rosace centrale porte le chiffre « 20 », encadrée de deux pastilles portant chacune le chiffre « 20 ». Coupure produite sur du papier de bonne qualité, filigrané ou non. Les numéros de série sont inscrits à la main, mais certains billets (très rare) sont numérotés à la machine. Il n’existe pas de contrefaçon connue à ce jour. Billet imprimé à 4.429.600 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 19719. Type 59 / 10 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par B. Duncan à Columbia (Caroline du Sud), ), J.T. Paterson & Co à Columbia (Caroline du Sud), Evans & Cogswell à Columbia (Caroline du Sud). Contrairement au type 52 de 10 $ de la précédente émission, ce billet est imprimé sur du paier blanc ou crème, filigrané ou non. Le dos est également imprimé. L’édifice représenté au centre est le capitole de Columbia (Caroline du Sud). A droite, représentation de R. M. T. Hunter, sénateur et secrétaire d’État de la Confédération. Au dos, présence de 10 pastilles portant le chiffre « X », agencées en croix. Billet imprimé à 7.420.800 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 10672. Type 60 / 5 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud), J. T. Paterson à Columbia (Caroline du Sud) et Evans & Cogswell à Columbia (Caroline du Sud). Ce billet fut imprimé, reprenant l’aspect du type 53 de la 5ème émission, est imprimé sur sur du papier légèrement blanc ou crème, filigrané ou non. Au centre se trouve la représentation du capitole de Richmond (Virginie). En bas à droite, on retrouve le portrait de C. G. Memminger, secrétaire d’État au trésor de la Confédération. Au dos, imprimé à l’encre bleue, cinq rosaces portant le chiffre « 5 » sont arrangé sur le chiffre romain « V ». Il existe de (très) rare exemplaires d’impression inversée. Billet imprimé à 7.745.600 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 6591. Type 61 / 2 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud), Evans & Cogswell à Columbia (Caroline du Sud). Ce billet fut imprimé sur du papier légèrement teinté de rose, non filigrané. Comme son prédécesseur de 2 $ de la 5ème émission, il ne possède pas de dos imprimé, le coût d’une telle impression étant jugé trop cher. Au centre on trouve une rosace portant un large « 2 » et en bas à droite, le portrait de Judah P. Benjamin, secrétaire d’État à la guerre puis secrétaire d’État de la Confédération. Billet imprimé à 1.645.600 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 6264. Type 62 / 1 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par Evans & Cogswell à Columbia (Caroline du Sud) et Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Tout comme le précédent, ce billet fut imprimé sur du papier tirant sur le rose, non filigrané, sans impression du revers. Au centre du billet se trouve le portrait de Clement C. Clay, Sénateur confédéré de l’Alabama. Billet imprimé à 1.645.600 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 20414. Type 63 / 0,50 $ Gravé et imprimé par Archer & Daly à Richmond (Virginie). Imprimé par Evans & Cogswell à Columbia (Caroline du Sud) et Hoyer & Ludwig à Richmond (Virginie). Ce billet de taille réduite fut imprimé sur du papier tirant sur le rose, non filigrané, sans impression du dos. Les numéros de série sont tamponnés à l’encre rouge. Au centre du billet se trouve le profil de Jefferson Davis, président de la Confédération. Billet imprimé à 1.831.517 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 87404. [nbpagination_toc="9/ En détail... La 7ème émission"] 7ème ÉMISSION : décret du 17 février 1864 Il s’agit du dernier décret publié par la Confédération, autorisant la fabrication et la mise en circulation de 200 nouveaux millions de dollars sous forme de coupures de 5 $ à 500 $. Finalement, et en incluant les coupures de valeur inférieure émises simultanément, ce sont finalement plus de 400 millions de dollars qui furent émis. Le graphisme suit celui des deux séries précédentes, sans évolution notable, hormis l’introduction d’une nouvelle vignette centrale pour le type 68, de 10 $. Une autre nouveauté est l’introduction d’un billet à la valeur faciale de 500 $, ce qui ne s’était pas vu depuis le type 2 de 1861. Le billet de 0,5 $ est imprimé sur du papier à la teinte rosée, tandis que les autres billets le sont sur du papier blanc ou crème, généralement de grande qualité. Ce papier est lui-même surchargé de motif à l’encre rouge orangé ou rougeâtre, donnant un aspect rouge ou rose au billet. La teinte définitive du billet dépend de la qualité et de la quantité d’encre utilisée au moment de l’impression. De surcroit, les coupures de 5 $ et plus sont imprimées à l’encre bleue au dos, à l’exception du nouveau billet de 500 $. Cela n’empêcha néanmoins pas la fabrication de faux, dans des proportions réduites toutefois. Comme pour la 5ème et 6ème émission, Keatinge & Ball est l’unique graveur de toutes les coupures, à l’exception du billet de 0,5 $, toujours gravé par Archer & Halpin de Richmond (Virginie). Tous les billets portent une date d’émission commune, à savoir le 17 février 1864. Les billets sont numérotés à la main ou à la machine. La date d’émission réelle n’est plus mentionnée, les billets de cette série n’apportant aucun intérêt au porteur. Il existe pour toutes les coupures de multiples variantes, à cause de positionnement de lettrage différents, d’erreur diverses et variées, les plus rares étant les dos inversés, connu à quelques exemplaires. Réunir cette série de la 7ème émission peut être le premier objectif du collectionneur de billets confédérés, tous les billets la constituant se retrouvant facilement sur le marché, pour des prix abordables, y compris pour de bons ou très bons états de conservation. Type 64 / 500 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Columbia, (Caroline du Sud). Il s’agit du deuxième et dernier billet de 500 $ émis par la Confédération (le premier étant le type 2 de 1861, appartenant à la 1ère émission). A gauche, représentation en médaillon de Georges Washington à cheval, surmonté de la devise « DEO VINDICE » (« Dieu vainqueur »), le tout surmonté du drapeau de guerre confédéré. A droite, portrait du général Thomas « Stonewall » Jackson, officier dans l’armée de Virginie, blessé (et mort des suites de ses blessures) lors de la bataille de Chancellorsville en mai 1863. On notera que c’est le seul officier de l’armée à figurer sur un billet confédéré. Le revers du billet est vierge. Tous les billets sont numérotés à la machine. Ce billet existe sous de nombreuses variantes, principalement dues à la qualité de l’impression initiale rouge/rose du papier : le billet peut avoir ainsi évoluer d’une teinte rose très pâle à une teinte rouge foncé. I existe même quelques billets dont l’impression initiale n’a pas été réalisée ou à été réalisée après l’impression des motifs et lettres à l’encre noire. Les billets à la couleur tirant sur un rose ou un rouge soutenu sont dénommés « dark red variety », les plus pâles « light red variety », et ceux dont la couleur est rose un peu délavé « dusty pink variety ». Billet tiré à 168.400 exemplaires. Exemplaire présenté ci-dessous : n° 33600 (« light red ») Exemplaire présenté ci-dessous : n° 38057 (« Dark Red ») Exemplaire présenté ci-dessous : n° 19865 (« dusty pink ») Type 65 / 100 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Columbia, (Caroline du Sud). Au centre, on trouve en médaillon le profil de Lucy Pickens, épouse du gouverneur de Caroline du Sud. A gauche, on trouve la représentation de deux soldats confédérés et à droite le portrait de G. W. Randolph, secrétaire d’État à la guerre. Au dos se trouve l’impression simplifié mise en place pour cette émission. Imprimée à l’encre bleu, on trouve la dénomination « HUNDRED » dans un cadre frappé dans chaque coin du chiffre « 100 » dans un médaillon. Tout comme le billet précédent, il existe des variations de teinte du fond rouge imprimé : rouge clair, avec effet un peu « sali », rouge foncé ou rouge orangé (variété la plus rare). Ce billet reste très courant, peu difficile à trouver pour le collectionneur, y compris dans de très bons états de conservation. Billet tiré à 929.200 exemplaires. Exemplaire présenté ci-dessous : n° 86339. Exemplaire présenté ci-dessous : n° 7063 (variante rouge fonçée) Type 66 / 50 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Columbia, (Caroline du Sud). La vignette centrale représente Jefferson Davis, président de la Confédération. Au dos, imprimée à l’encre bleu, on trouve la dénomination « FIFTY » dans un cadre frappé dans chaque coin du chiffre « 50 » dans un médaillon. Tout comme le billet précédent, on trouve les mêmes variations de teinte du fond rouge imprimé : rouge clair, avec effet un peu « sali », rouge foncé ou rouge orangé (variété la plus rare, mais aussi rare que pour le type 65). Ce billet fut largement copié, notamment à la Havane (Cuba). Ce billet reste très courant, peu difficile à trouver pour le collectionneur, y compris dans de très bons états de conservation. Billet tiré à 1.671.444 exemplaires. Exemplaire présenté ci-dessous : n° 66152 (rouge clair) Type 67 / 20 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Columbia, (Caroline du Sud). Au centre, représentation du Capitole de Nashville (Tennessee). A droite, portrait d’A. Stephens, Vice-Président de la Confédération. Il existe là encore plusieurs nuances de rouge, allant d’un rouge foncé à un rouge très clair. Au dos, imprimés à l’encre bleu, une inscription centrale comporte la mention « TWENTY », placée dans un cadre frappé aux quatre coins d’un médaillon portant le chiffre « 20 ». L’impression bleu peut également connaitre des variations de teinte, la plus recherchée étant un bleu très profond. Les numéros de série sont dorénavant inscrits à la main, contrairement aux billets de plus haute valeur faciale précédents. Il n’existe pas de contrefaçon connue à ce jour. Billet imprimé à 4.297.004 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 56061. Type 68 / 10 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Columbia, (Caroline du Sud). Il s’agit du seul billet dont le design général change par rapport à la précédente émission : le capitole de Columbia (Caroline du Sud) placé au centre du type 59 est remplacé par la représentation d’un canon et de sonn caisson d’artillerie, tracté par 4 chevaux. A droite, représentation de R. M. T. Hunter, sénateur et secrétaire d’État de la Confédération. Il existe là encore plusieurs nuances de rouge, allant d’un rouge foncé à un rouge très clair. Au dos, imprimés à l’encre bleu, une inscription centrale comporte la mention « TEN », placée dans un cadre frappé aux quatre coins d’un médaillon portant le chiffre « 10 ». L’impression bleu peut également connaitre des variations de teinte, la plus recherchée étant un bleu très profond. Les numéros de série sont inscrits à la main. Billet imprimé à 9.145.000 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 24106 (version rouge moyen). Type 69 / 5 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud). Ce billet reprend l’aspect du type 53 de la 5ème émission et du type 60 de la 6ème émission. Au centre se trouve la représentation du capitole de Richmond (Virginie). En bas à droite, on retrouve le portrait de C. G. Memminger, secrétaire d’État au trésor de la Confédération. Au dos, imprimé à l’encre bleue, on trouve la mention « FIVE » dans un cadre portant au quatre coins le chiffre « 5 » en médaillon. La couleur du billet est le plus souvent qualifiée de light red, bien qu’il existe des variantes dark red, bien plus rares. Billet imprimé à 5.527.200 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 34935. « Sic semper tyrannis ! » Ce sont les mots que prononce John Wilkes Booth, acteur et sympathisant de la cause sudiste, après avoir blessé mortellement le président Abraham Lincoln le 14 avril 1865. Abraham Lincoln décèdera des suites de ses blessures le lendemain, 6 jours après la reddition de l’armée de Virginie du Nord du général Lee à Appomatox, qui marque la fin de la guerre de Sécession, et la fin de la Confédération par la même occasion (même si les capitulations confédérées dureront jusqu’en juin 1865). C’est le premier président américain à mourir assassiné alors qu’il est en fonction. Qu’est-ce que ce billet de 5 dollars confédérés a à voir avec cette Histoire me direz-vous ? Pas grand-chose en définitive, sauf que dans les poches du défunt président, entre autres objets, on trouva un billet de 5 $ du type 69… Que venait-il faire là, on ne le saura jamais précisément, mais depuis le billet type 69 porte le surnom de « Lincoln’s note »... Type 70 / 2 $ Gravé et imprimé par Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud). Comme son prédécesseur de 2 $ de la 5ème émission, il ne possède pas de dos imprimé, le coût d’une telle impression étant jugé trop cher. Ce billet existe en modèle rouge clair et foncé, voire tirant sur l’orangé ou le marron clair. Au centre on trouve une rosace portant un large « 2 » et en bas à droite, le portrait de Judah P. Benjamin, secrétaire d’État à la guerre puis secrétaire d’État de la Confédération. Revers vierge. Billet imprimé à 932.800 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 114165. Type 71 / 1 $ Gravé par Keatinge & Ball. Imprimé par Evans & Cogswell à Columbia (Caroline du Sud), Keatinge & Ball à Columbia (Caroline du Sud). Tout comme son homologue de la 6ème émission, ce billet fut imprimé sur du papier tirant sur le rose, non filigrané, sans impression du revers. La couleur du fond du billet est habituellement un rouge très pâle, certaines variantes possédant une couleur plus rose ou rouge foncé. Au centre du billet se trouve le portrait de Clement C. Clay, Sénateur confédéré de l’Alabama. Billet imprimé à 945.600 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 83405. Type 72 / 0,50 $ Gravé et imprimé par Archer & Daly à Richmond (Virginie). Ce billet de taille réduite fut imprimé sur du papier tirant sur une couleur rose/brun, non filigrané, sans impression du dos. Les numéros de série sont tamponnés à l’encre noire et non plus manuscrits. Il existe des billets qui ont été mis en circulation sans avoir reçu leur numéro. Au centre du billet se trouve le profil de Jefferson Davis, président de la Confédération. Billet imprimé à 1.132.200 exemplaires. N° présenté ci-dessous : 101911. Voila qui clôt l'inventaire des billets émis par les État Confédérés durant guerre de Sécession. [nbpagination_toc="10/ Biographies..."] Sur 43 billets présentés précédemment, 13 personnages historiques, attaché de près ou de loin à la Confédération sont représentés. Afin de parfaire cette étude, je me suis permis de faire une biographie de ces personnages, ce qui permet de mieux comprendre la guerre de sécession en général, la raison de leur présence sur les billets confédérés, mais aussi les raisons plus profondes du conflit... BENJAMIN, Judah Philip (Né en Angleterre en 1811, mort en France en 1884, âgé de 72 ans). La famille Benjamin émigra au Indes Occidentales Danoises (Antilles) pendant les guerres napoléoniennes, puis à Charleston en Caroline du Sud, dès 1813. Après des études à Yale, interrompues en 1827, il déménage à la Nouvelle-Orléans (Louisiane) en 1828, où il devient avocat. Devenu propriétaire terrien, il possède en Louisiane une plantation nommé Bellechasse, ainsi que près de 150 esclaves. Sa carrière politique débute en 1841, avec son élection au sein de la chambre des représentants de Louisiane. Il devient Sénateur de Louisiane au Congrès des États-Unis en 1852. Il devient alors un des plus ardents défenseurs de l’esclavagisme. Après que la sécession eut été prononcé par l’État de Louisiane, il démissionne de ses fonctions de Sénateur et retourne à la Nouvelle-Orléans. Il est rapidement rappelé à Montgomery (capitale provisoire du Sud) par Jefferson Davis, devenu président des États Confédérés d’Amérique, qui lui confit le poste d’Attorney General (ministre de la Justice). Grace à ses succès et ses capacités de travail, il est rapidement promu au rang de secrétaire d’État à la guerre, en septembre 1861. Sa tâche est énorme : il s’agit d’armer la Confédération, de superviser et d’équiper ses armées, alors que le Sud ne possède quasiment aucune fabrique d’arme. L’entretiens des forts, des équipements relève aussi de ses fonctions, ainsi que celle de ravitailler tous les soldats sous les drapeaux. Judah Benjamin se rend vite compte que la Confédération est totalement dépendante des importations, qui vont devoir forcer le blocus imposé par la marine unioniste. En février 1862, la capture de l’ile de Roanoke en Virginie par le général Burnside provoque une crise dans laquelle le secrétaire d’État est personnellement impliqué : il est accusé de ne pas avoir su fournir suffisamment d’armes et d’équipement aux (faibles) troupes défendant l’ile, qui a dans les faits facilement été capturée. Le déchainement de l’opinion publique provoque son éviction du poste de secrétaire d’État à la guerre en mars 1862, mais reconnaissant son travail, le président Jefferson Davis le nomme dans la foulée secrétaire d’État de la Confédération. Sa tache principale devient dès lors de gagner la confiance de l’Europe, principalement de l’Angleterre et de la France, afin d’obtenir une reconnaissance officielle de la Confédération. Il est aidé dans sa tache par des circonstances favorable au début de son mandat : les suite de l’affaire du Trent (navire britannique qui fut arraisonné par un navire unioniste, et sur lequel des délégués confédérés furent fait prisonniers, engendrant la colère de la Grande Bretagne), le blocus limitant les liaisons commerciales avec l’Europe, provoquant progressivement une crise du coton en France et en Angleterre, sont autant d’aide pour Judah Benjamin, qui semble près du succès de sa démarche à la fin 1862. Même la victoire unioniste d’Antietam et la proclamation d’émancipation ne semblent pas pouvoir changer le cours des évènements. A la fin de l’année 1862, il semble exister des ouvertures diplomatiques en faveur des États confédérés. Las, l’année 1863 sera fatale à ces espérances. Les victoires majeures de l’Union à Gettysburg et Vicksburg sonnent le glas de toute reconnaissance officielle de la Confédération, qui ne semble plus en mesure de pouvoir s’imposer militairement. Devant le refus du consul britannique de défendre la cause sudiste auprès de la reine Victoria, interdisant même aux sujets britanniques résidant dans les états confédérés de prendre les armes contre l’Union, Judah Benjamin décide de faire expulser le consul britannique de Savannah, mettant Jefferson Davis devant le fait accompli. Benjamin est alors l’homme fort de la Confédération. Judah Benjamin est durant la même période le responsable des services secrets de la Confédération : plusieurs projets sont à mettre à son compte, comme le projet d’incendier New York, plusieurs tentatives de corruption de haut fonctionnaire afin de miner la politique d’Abraham Lincoln, différents projets d’attaque du Nord via le Canada… L’assassinat de Lincoln en 1865 verra les noms de Jefferson Davis et de Judah Benjamin apparaitre durant l’enquête, sans qu’aucun lien formel ne puisse être réellement mis au jour… La fortune des armes tournant rapidement en défaveur de la Confédération en 1864, diverses voix s’élèvent pour réclamer une émancipation partielle des esclaves contre leur enrôlement dans l’armée confédérée. Si Jefferson Davis est hostile à une telle idée, il semble que Judah Benjamin se soit sérieusement penché sur la question, y accordant une attention certaine. Les désastres de 1864 inciteront de plus en plus Benjamin à faire pression sur Jefferson Davis afin de libérer les esclaves, et leur permettre de se battre, ce qui sera finalement effectif en février 1865, mais bien trop tard pour la Confédération. Début avril 1865, Richmond est sur le point de tomber. Les troupes confédérées ne sont tout simplement plus assez nombreuses pour protéger efficacement la ville des troupes innombrables de l’Union. Le 2 avril, Jefferson Davis et son cabinet prennent la fuite vers Danville, petite ville de Virginie, qui servit un temps de capitale d’emprunt de la Confédération… Après la reddition de Lee à Appomatox le 9 avril, Judah Benjamin s’enfuit de Danville en train, quelques minutes seulement avant que la cavalerie fédérale ne coupe les voies, se réfugiant avec le reste du gouvernement à Greensboro (Caroline du Nord), puis à Charlotte. Davis souhaitait rejoindre le Texas afin de poursuivre la lutte, mais Judah Benjamin estimant la cause sudiste désespérée se dissocie du président en fuite de la Confédération. Ainsi commença un long périple qui l’emmena en Floride et de là, via un forceur de blocus, aux Bahamas. Le 6 août 1865, Judah Benjamin quitte les Bahamas pour l’Angleterre, accostant à Southampton le 30 août suivant. Il reprendra une vie active, exerçant de nouveau ses activités de juriste en Grande Bretagne, devenant même conseiller juridique de la reine Victoria. Il décède début 1864 à Paris, son état de santé ne lui permettant pas de rejoindre Londres, et est enterré au cimetière du Père Lachaise. Judah Benjamin est l’un des personnages publics les plus représenté sur les devises confédérées : on le trouve sur les billets de type 38, 42, 43, 54, 61 et 70, soit à 6 reprises. Portrait de Judah Benjamin sur les types 38, 42 et 43 Portrait de Judah Benjamin sur les types 54, 61 et 70 CALHOUN, John Caldwell (Né en Caroline du Sud en 1782, mort à Washington D.C. en 1850, âgé de 68 ans). Cet homme politique américain n’est pas issu d’une famille aristocratique : ses parents sont fermiers. La période dans laquelle il grandi est marquée par des troubles sociaux de plus importants, en raison de l’extension de la culture du coton, qui sous-entend la pratique de l’esclavage de manière de plus en plus importante. L’opposition entre le pouvoir des états et le pouvoir central fédéral se fait de plus en plus important. C’est à cette période (fin des années 1790, début 1800…) que l’idée qu’un état puisse faire sécession de l’Union commence à germer, avec les conséquences que l’on connait. A la mort de son père en 1796, il reprend la ferme familiale qui a pris de l’importance : il est désormais propriétaire de 31 esclaves. En 1801, c’est son frère qui prend la relève de l’exploitation, John reprenant ses études et s’inscrivant à l‘université de Yale. Il finit ensuite son droit et devient avocat en 1807. Il est alors convaincu que Nord et Sud sont diamétralement opposé et que préserver les valeurs du Sud ainsi que son mode de vie est une mission plus importante que tout. Il est élu la même année à la législature de la Caroline du Sud. De 1811 à 1817, il est élu au Congrès des États-Unis, où il se fait remarquer comme membre influent du groupe souhaitant la guerre contre l’Angleterre. C’est d’ailleurs John Calhoun qui prononcera le discours d’introduction à la déclaration de la guerre de 1812 (qui verra s’opposer les flottes américaines et britanniques). En 1817, le président James Monroe lui attribue le poste de secrétaire d’État à la guerre. Il restera en poste jusque 1825, son rôle étant de rétablir l’autorité de l’État sur l’armée et de procéder au développement de cette dernière. Pendant son mandat de secrétaire d’État à la guerre se pose le problème de l’admission du Missouri à l’Union, en tant qu’état esclavagiste ou non. Pour ne pas nuire à sa carrière, John Calhoun, pourtant propriétaire d’esclave et pro-esclavagiste ne se prononce pas. Il a néanmoins conscience que cette question de l’esclavage pourrait à terme provoquer l’éclatement de l’Union. Le compromis du Missouri permet finalement d’éviter un conflit entre états esclavagistes et états non esclavagistes : le Missouri demeure un état esclavagiste mais ne pourra introduire de nouveaux esclaves, tandis que tous les états intégrant l’Union et situé au nord de la frontière du Missouri seront d’office abolitionniste, ceux au sud restant esclavagistes. En 1824, John Calhoun présente sa candidature pour la magistrature suprême, mais doit se contenter du poste de vice-président de John Quincy Adams (6ème président des États-Unis). A ce poste, Callhoun tentera par tous les moyens de favoriser les états du sud, qu’il trouve étouffé par le Nord. Il critique parfois ouvertement la politique menée par le pouvoir fédéral, et n’hésite pas à affirmer que les États gardent le droit de s’opposer au pouvoir s’ils le jugent nécessaire. La publication du South Carolina Exposition and Protest en 1828, reprenant ces idées, met un terme définitif à ses ambitions de devenir président des États-Unis. En 1831, il récidive avec la publication de l’Adresse de Fort Hill, dans laquelle il réaffirme que les États restent des entités souveraines et indépendantes. Il présente finalement sa démission du poste de vice-président en décembre 1832. Il redevient dès lors Sénateur de Caroline du Sud et continue à défendre l’esclavagisme et le droit à l’autodétermination des États. En 1844, il est brièvement rappelé au poste de secrétaire d’État par le président John Tyler (10ème président des États-Unis) pur une durée d’un an. Calhoun jouera un grand rôle dans l’annexion du Texas à l’union, comme état esclavagiste. A la fin de sa carrière, il est désormais convaincu que Nord et Sud ont des intérêts totalement inconciliables, et que la sécession est inévitable. Atteint de tuberculose, il décède en mars 1850 à Charleston. John Calhoun reste finalement connu pour avoir été l’un des plus brillants porte-parole de l’idéologie sudiste après lui avoir donné corps. Son influence reste conséquente, même s’il reste un personnage controversé du fait de ses idées esclavagistes. Il est naturellement représenté sur les billets confédérés, étant un théoricien du droit des états et un ardent défenseur du Sud. On trouve ainsi son effigie sur le premier billet émis par les États Confédérés (type 1) ainsi que sur le type 41 de 100 $. Portrait de John Calhoun sur le type 1 Portrait de John Calhoun sur le type 41 CLAY, Clement Claiborne (né en 1816 en Alabama, décédé en 1882 en Alabama, à l’âge de 65 ans). Né en 1816 en Alabama, Clement C. Clay semble destiné à connaitre une carrière politique : son père, homme de loi de l’Alabama, est en effet appelé à devenir sénateur puis gouverneur de l’Alabama, tandis que son cousin Henry Clay deviendra un homme d’état influent au Kentucky. Après des études en Alabama puis en Virginie, il obtient un diplôme de droit et est admis au barreau de l’Alabama en 1839. Membre de la chambre des représentants de l’Alabama dès 1842, puis en 1844-1845, il pose sa candidature pour le congrès des États-Unis en 1850 mais n’est pas élu. En revanche, il est élu sénateur en 1853, période durant laquelle il se lie d’amitié avec un autre sénateur du Mississipi : Jefferson Davis. Lors de ses mandats, il est plutôt modéré sur sa position envers les droits du Sud. Lorsque l’Alabama fait sécession le 11 janvier 1861, Clement Clay donne sa démission du Sénat. Il devient dès lors plus tranchant, tentant de justifier la sécession. Ainsi il se sent insulté quand il entend les discours demandant l’égalité entre hommes blancs et hommes noirs. Il considère également que l’élection d’Abraham Lincoln est un acte hostile envers la population sudiste. Il refuse un poste de secrétaire d’État à la guerre dans le gouvernement confédéré, mais devient membre du Congrès des États Confédérés, de 1862 à 1864. En 1864, alors qu’il n’a pas été réélu, le président Jefferson Davis lui confie la mission de se rendre au Canada dans la région des grands lacs, afin de coordonner les actions des sympathisants sudistes. Expulsé du Canada, il rejoint Richmond puis tente de s’enfuit au Mexique après la chute de la Confédération. Supposément liée à l’assassin d’Abraham Lincoln, John Wilkes Booth, un mandat d’arrêt est émis à son nom par le président Andrew Johnston. Apprenant qu’il est recherché, Clement Clay se constitue prisonnier à Macon, en Géorgie. Il restera enfermé au Fort Monroe pendant près d’un an, avant que les charges portées contre lui soient abandonnées et qu’il soit libéré. Il retourne alors avec sa famille en Alabama, tentant de reprendre une vie normale, tout d’abord en tenant une ferme, puis en tentant (sans succès) de reprendre des activités de juriste. Il meure en 1882 dans le comté de Madison en Alabama. Clement C. Clay est représenté sur 3 billets sudistes : les types 55, 62 et 71. Portrait de Clement Clay, sur les types 55, 62 et 71 DAVIS, Jefferson Finis (né en 1808 au Kentucky, décédé en 1889 à la Nouvelle-Orléans, à l’âge de 81 ans). Jefferson Davis nait le 3 juin 1808 à Fairview (Kentucky) dans la résidence familiale. Son père est un ancien soldat de l’armée continentale lors de la guerre d’indépendance. Il nomma son fils en hommage à Thomas Jefferson, un des rédacteurs de la déclaration d’indépendance et qui était président en 1808. Dès 1811 puis 1812, sa famille déménage en Louisiane puis dans le Mississipi. En 1824, Jefferson Davis intègre la célèbre académie militaire de West Point et en sort diplômé en 1828. Nommé dans le 1er régiment d’infanterie, il participe alors à la guerre de Black Hawk contre les amérindiens en Illinois. En 1835, il épouse la fille de son commandant (contre son avis d’ailleurs) et démissionne de l’armée. Son épouse décède malheureusement 3 mois plus tard, ayant contracté la malaria lors d’un séjour en Louisiane. Jefferson Davis retourne alors dans sa plantation, où il acquiert progressivement une centaine d’esclaves. Il entre en politique à l’âge de 40 ans quand il est élu grand électeur du Mississipi sous la bannière démocrate de James Polk. A cette période, il se remarie avec Varina Howell, de 15 ans sa cadette. Il démissionne peu après de son siège de représentant afin de s’enrôler dans l’armée américaine à l’occasion du conflit américano-mexicain en 1846. Il devient colonel d’un régiment de volontaires et rejoint le Texas. Il participe au cours de ce conflit aux batailles de Monterrey et de Buena Vista, y recevant par ailleurs une proposition d’avancement au grade de général de brigade, mais Davis refuse le poste argumentant que la nomination d’officier de milice appartient aux États et non au gouvernement fédéral. En 1847, et en remerciement de son service, il est nommé sénateur du Mississippi, mandat temporaire vite confirmé par un vote de la législature du Mississipi. Il tente durant son mandat d’accroitre le nombre de circonscriptions esclavagistes. Il brigue ensuite la fonction de gouverneur du Mississipi mais est battu lors des élections. Sans mandat, il poursuit tout de même ses actions politiques, avant de faire campagne sous l’étiquette démocrate pour le candidat à la présidence Franklin Pierce. Après la victoire de ce dernier, Jefferson Davis est nommé secrétaire d’État à la guerre et participe à cette fonction à l’acquisition de l’Arizona et à la future construction du chemin de fer transcontinental. Il obtient également de faire croitre de 36% les effectifs de l’armée régulière (qui passe de 11.000 hommes à 15.000 !) et imposa l’usage de fusils à canons rayés. En 1856, après la victoire aux élections présidentielles de James Buchanan, sachant qu’il ne serait pas reconduit dans ses fonctions, Jefferson Davis démissionne de son poste, brigue un nouveau mandat de sénateur du Mississipi et est élu à ce poste dès 1857. S’il estime que chaque État est et doit rester souverain, Davis se montre hostile à toute idée de sécession, expliquant que le Sud n’aurait pas les ressources militaires ou économiques nécessaires, et que le Nord n’autoriserait pas une sécession pacifique. Après la sécession de la Caroline du Sud en décembre 1860 et celle du Mississipi en janvier 1861, il démissionna de son poste de sénateur le 21 janvier et rejoignit le Mississipi. Dès le 23 janvier, Jefferson Davis est nommé major-général de l’armée du Mississipi, puis est envoyé à la convention constituante de Montgomery (Alabama) pour participer à l’élection d’un président provisoire des États Confédérés. Souhaitant initialement être nommé commandant en chef des armées confédérées, Davis est proposé à la charge de président et élu facilement à ce poste, avec comme vice-président Alexander Stephens (voir plus bas). Dans un premier temps, Davis tenta de temporiser avec le Nord : Charleston posait un problème à cause du fort protégeant l’entrée du port, fort resté fidèle à l’Union. Les négociations furent un échec, et ordre fut donné de demander la reddition du fort puis de le prendre par la force, ce qui déclencha les hostilités. Jefferson Davis ne s’entoura pas de conseillers militaires, décidant seul de la conduite des opérations (il respectait néanmoins les avis de certains de ses subordonnés, surtout ceux du général R.E. Lee, placé en juin 1862 à la tête de l’armée de Virginie du Nord, principale armée sur le théâtre oriental). Il décida ainsi de mener une stratégie essentiellement défensive, tout en menant des offensives aux moments les plus opportuns pour faire vaciller le Nord. Jusqu’au bout, il refusa de désigner un général en chef, préférant s’occuper lui-même des questions militaires. Il nomma finalement le général Lee à ce poste en janvier 1865, mais trop tard pour la Confédération. Les choix de Jefferson Davis furent sévèrement critiqués à posteriori : choix des divers commandants en fonction de ses amitiés, maintenant des généraux incapables en poste tandis qu’il relevait de leurs fonctions des généraux plus habiles, laisser aller en ce qui concernait les affaires intérieures. Sa volonté de défendre l’intégralité du territoire de la Confédération, dispersant ainsi ses faibles forces, fut également une erreur. Il s’avéra enfin incapable de coordonner les actions sur les deux grands théâtres de la guerre : le front de Virginie et le front occidental (vallée du Mississipi entre autres). En manière de politique générale, Davis s’attacha à représenter tout les États dans son administration, ce qui provoqua certaines tensions, le nombre d’États dépassant le nombre de poste aux hautes fonctions gouvernementales. Ce cabinet vit de nombreux changement au fur et à mesure de la poursuite du conflit, le mécontentement s’accroissant. Davis s’opposa par ailleurs régulièrement à son vice-président ainsi qu’à ses gouverneurs. Jefferson Davis ne parvint également jamais à mobiliser le peuple et exploiter le nationalisme sudiste. Il voyageait peu, restant isolé à Richmond, et finalement le peuple sudiste développa un sentiment défavorable à son sujet. Son ignorance des catégories populaires, et le favoritisme accordé aux riches et aux puissants exacerba ce sentiment. Pour financer le conflit, le gouvernement confédérés commença par émettre des bons, mais devant l’inefficacité de la méthode, imprima de plus en plus de papier monnaie, provoquant une inflation de plus en plus importante. La collecte des impôts était également bien moins efficace que dans le Nord. Tous ces problèmes ne semblèrent pas affecter Jefferson Davis, jusqu’à ce que des émeutes éclatent en avril 1863 à cause de pénuries alimentaires, la situation étant ramenée à la normale par la force. La politique étrangère de Davis durant tout le conflit fut essentiellement de tenter de recueillir le soutien des grandes puissances européennes, notamment la France et le Royaume-Uni. Du fait du leadership du Sud en ce qui concernait le commerce de coton, la situation semblait favorable aux États confédérés, mais à la fois le blocus de l’Union, l’action de la diplomatie nordiste et le fait que les états européens étaient largement abolitionnistes empêchèrent toute reconnaissance officielle du Sud. Les puissances européennes se mirent également à douter devant l’incapacité de la Confédération à remporter suffisamment de victoires. Finalement, aucun pays n’accorda de reconnaissance officielle aux États Confédérés. Le 3 avril 1865, devant l’imminence de la prise de Richmond par les troupes unionistes, Jefferson Davis s’enfuit avec son cabinet dans la ville de Danville. C’est là qu’il apprit la reddition du général Lee le 12 avril, avant de rejoindre Greensboro en Caroline du Nord. Devant la volonté de plusieurs dirigeants de poursuivre la guerre, il fut un temps envisagé de déménager le gouvernement sudiste à la Havane afin de continuer le combat, notamment à l’ouest du Mississipi. Ce projet tourna finalement court. Davis fut accusé d’avoir trempé dans l’assassinat de Lincoln, et sa tête fut mise à pris 100.000$ par le nouveau président Andrew Johnston. Finalement, le gouvernement confédéré fut dissous officiellement le 5 mai 1865 à Washington en Géorgie et Davis fut capturé peu après à Irwinville. Jefferson Davis passa alors deux année emprisonné à Fort Monroe, sur la côte de Virginie, avant d’être libéré sur caution (100.000$ réunis par diverses personnalités, du Nord comme du Sud). Les accusations portées à son encontre ne furent levées qu’après 1869. Devenus directeur dune agence d’assurance, il fut élu au Sénat en 1875, mais la fonction lui fut refusé, un amendement de la Constitution interdisant aux anciens confédérés toute fonction fédérale. En 1877, au Royaume-Uni, il commença la rédaction de ses mémoires, dont la publication provoqua une amélioration de sa réputation. Il ne cessa de proclamer que les sudistes s’étaient battus courageusement pour leurs droits, en état d’infériorité numérique, et ne furent battus que par la supériorité économique du Nord. Il demanda néanmoins aux anciens sudistes de se montrer loyaux envers les États-Unis. Jefferson Davis décède finalement le 6 décembre 1889. Il laisse l’image d’un courageux soldat, d’un sénateur accompli et actif, mais d’un président globalement inefficace. Il reste honoré dans de nombreux États. Pour l’anecdote, Davis fut réhabilité dans ses droits en octobre 1978 par le président Jimmy Carter. Jefferson Davis est représenté sur 6 billets confédérés : les types 16, 50, 57, 63, 66 et 72. Portrait de Jefferson Davis sur les types 16, 50, 57 et 66 Buste de Jefferson Davis sur les types 63 et 72 HUNTER, Robert Mercer Taliaferro (né en 1809 en Virginie, décédé en 1887 en Virginie, âgé de 78 ans). Robert Hunter nait le 21 avril 1809 à la plantation de Mount Pleasant en Viriginie. Sa famille est une des plus importantes et influente de l’État, directement issue des premiers colons britanniques. A l’âge de 17 ans, il commence ses études à l’université de Virginie et sort dans les premiers de sa promotion. Il étudie ensuite le droit à la Winchester Law School. Il est admis au barreau de Virginie dès 1830 et est élu en 1834 représentant du comté d’Essex à la chambre des représentants de Virginie. Continuant sur sa lancée, il devient membre de la Chambre des représentants des États-Unis de 1837 à 1843, puis de 1845 à 1847. Il sert d’ailleurs comme speaker (Président de la Chambre) de 1839 à 1841, demeurant à ce jour la plus jeune personne à avoir exercé cette fonction (30 ans). A ce poste, il œuvre particulièrement pour l’intégration du Texas à l’Union. A partir de 1847 et ce jusqu’en 1861, il est sénateur de Virginie, œuvrant en faveur des droits du Sud et de l’esclavage. Il est partisan comme d’autre sénateur d’étendre le compromis du Missouri (tous les états intégrant l’Union et situé au nord de la frontière du Missouri seront d’office abolitionniste, ceux au sud restant esclavagistes), s’oppose à l’abolition de l’esclavage dans le district de Columbia, et participe activement lors des débats qui aboutiront au Fugitive Slave Act (texte adopté en 1850 qui prévoit les modalités de capture des esclaves fugitifs et de leur retour à leur propriétaire). En 1860, Robert Hunter participe à la première session de la convention nationale démocrate à Charleston, en Caroline du Sud. Il est alors considéré comme présidentiable en cas de sécession, mais reçoit finalement assez peu de soutien hormis de ses collègues de Virginie. Ne considérant pas l’élection d’Abraham Lincoln comme un motif suffisant de sécession, il tente de proposer un modus vivendi satisfaisant à la fois Nord et Sud, mais échoue dans sa tentative. Il rejoint alors la Virginie en Avril 1861 pour voter l’ordonnance de sécession de l’État. De nouveau pressenti pour devenir président de la sécession, c'est Jefferson Davis qui finalement héritera de la fonction. En 1861-1862, il devient secrétaire d’État des États confédérés, puis démissionne du poste pour devenir membre du Sénat confédéré jusqu’à la fin de la guerre, organisme dans lequel il ne cache guère ses critiques, parfois acerbes, vis-à-vis de la politique de Jefferson Davis. Quasiment tout les membres de sa famille servirent sous le drapeau confédéré (1 cousin commandant la garde territoriale du comté d’Essex, 2 autres cousins devenant généraux de brigade – et mort au combat pendant le conflit –, son fils servant au 9ème régiment de cavalerie de Virginie…). A la fin du conflit, lorsque certaines voix s’élevèrent pour demander que les esclaves soient armés, Robert Hunter se montra farouchement opposé à cette éventualité. Jefferson Davis le nomme émissaire confédéré à la conférence d’Hampton Roads en février 1865 : lors de cette rencontre, 3 émissaires de la Confédération (Robert Hunter, Alexander Stephens – vice-président – et John A. Campbell – Secrétaire adjoint à la guerre –) rencontrèrent Abraham Lincoln et William H. Seward (secrétaire d’État de l’Union) afin de discuter des conditions pour mettre fin à la guerre. Devant le refus de Lincoln de transiger sur l’esclavage et de reconnaitre une quelconque indépendance du Sud, le président Jefferson Davis ne donna pas de suite et annonça qu’il n’y aurait pas de compromis. Après la capitulation de Robert E. Lee, Hunter fut convoqué par Abraham Lincoln en avril 1865 pour discuter de la restauration de la Virginie dans l’Union. En 1867, il obtient la grâce du président Andrew Johnson et se présenta aux élections sénatoriales de 1874, mais ne fur pas élu. Il accepte néanmoins d’assurer la charge de trésorier de la Virginie de 1874 à 1880. Il décède en juillet 1887 en Virginie. Robert M. T. Hunter apparait à 8 reprises sur les billets confédérés : types 24, 25, 26, 30, 46 , 52, 59 et 68. Portrait de R. M. T. Hunter sur les types 24, 25 et 26 Portrait de R. M. T. Hunter sur le type 30 Portrait de R. M. T. Hunter sur le type 46 Portrait de R. M. T. Hunter sur les types 52, 59 et 68 JACKSON, Andrew (né en 1767 en Caroline du Sud, décédé en 1845 dans le Tennessee, âgé de 78 ans). Andrew Jackson est né de parents irlandais, juste arrivé dans le nouveau-monde. Son lieu de naissance prête à controverse, étant né juste à la limite des États de Caroline du Sud et de Caroline du Nord. L’intéressé déclarait par ailleurs être né en Caroline du Sud… Ill reçoit une éducation en pointillé, avant de s’enrôler dans un régiment local à l’occasion de la guerre d’Indépendance. Il sera d’ailleurs fait prisonnier par les anglais, et manquera de mourir en captivité. Le conflit décime d’ailleurs la famille d’Andrew Jackson, sa mère mourant du choléra et son frère des suites de maladie contractée en captivité. Il développe à cette occasion un fort sentiment antibritannique, à son sens responsables de la tragédie touchant sa famille. Après la guerre d’Indépendance, Andrew Jackson reprend des études et devient avocat en Caroline du Nord puis au Tennessee, État auquel il participe à la rédaction de sa constitution lors de son intégration dans Union. Là-bas, il commande quelques milices dans des combats contre les indiens. En 1812, lors du conflit contre les britanniques, Jackson commande les milices contre les indiens Creek et Séminoles, suspecté d’être téléguidé par les anglais. Il n’hésite pas à aller à l’encontre des ordres du gouvernement fédéral, y gagnant le surnom de « Old hickory », en référence à la dureté du bois de noyer. Il bat durement les indiens Creek en Floride puis en Alabama, chassant par la même occasion anglais et espagnols, permettant l’accès des colons américains à ce territoire. Les indiens Séminoles, refugiés en Floride subissent le même sort, ouvrant la voie à la cession de cet État aux États-Unis dès 1821. Jackson commande enfin les troupes lors de la dernière bataille contre les anglais à La Nouvelle-Orléans en décembre 1814. Il y gagne la victoire et le titre de héros national. En 1821, Andrew Jackson est élu gouverneur de l’État de Floride, tout en continuant à cultiver sa terre. Il se présente ensuite à la magistrature suprême en 1824, mais est battu par John Quincy Adams : cette élection voit la création des parti national-républicain et démocrate. Il remporte finalement la victoire en 1828 et devient le 7ème président des États-Unis. Il ser d’ailleurs reconduit dans ses fonctions en 1832. Il s’agit du dernier président à porter le titre d’ancien combattant de la Guerre d’Indépendance, mais le premier président à ne pas avoir participé à la rédaction de la Déclaration d’Indépendance. Il est par ailleurs d’extraction modeste, ce qui est aussi une nouveauté. Propriétaire d’esclaves, il n’hésite par ailleurs pas à encourager l’esclavage ainsi qu’une répression rapide et sommaire envers ces derniers. Son mandat présidentiel est marqué par l’expulsion des amérindiens à l’ouest du Mississipi. Issu du Sud, il soutient la demande des États sudistes (ruraux) qui ne veulent pas d’instauration de droit de douane élevés (ce que veulent les États du Nord, occupé à mettre en place leur industrie), marquant par cette occasion la victoire de l’intérêt individuel des États sur le gouvernement fédéral. Il refuse également à plusieurs reprises la création d’une banque centrale, laissant l’émission des monnaies à la charge des États. Du point de vue international, Andrew Jackson trouve un compromis afin de pouvoir commercer avec la France et le Royaume-Uni, éternels rivaux. En 1837, à la fin de son second mandat, il retourne dans sa ferme au Tennessee, où il décèdera en 1845. Il laisse l’image d’un homme dur et impénétrable, impliqué de près dans la déportation des amérindiens, mais également protecteur de la démocratie et de la liberté individuelle. Son protrait figure sur le premier billet émis par la confédération, le type 1 de 1000 $, issu en 1861. Portrait de A. Jackson sur le type 1 JACKSON, Thomas Jonathan dit « Stonewall » (né en 1824 en Virginie, décédé en 1863 en Virginie, âgé de 39 ans). Issue d’une famille qui s’est exilé dans le nouveaux monde au milieu du XVIIIème siècle, Thomas Jonathan Jackson nait en janvier 1824 dans l’État de Virginie Occidentale. Il ne connaitrait guère son père qui décède deux ans plus tard, ni même sa mère d’ailleurs qui décède en 1830 alors que Thomas n’a que 6 ans. Il est alors élevé jusqu’en 1842 par son oncle qui possède un moulin à blé à Jackson’s Mill, toujours en Virginie Occidentale. Autodidacte, et entre divers travaux agricoles, il acquiert une formation assez variée notamment par la lecture de très nombreux ouvrages, lui permettant d’entrer à l’école militaire de West Point en 1842. Compensant son éducation rudimentaire avec une force de travail et une détermination remarquable, il arrive à terminer sa formation au 17ème rang de sa promotion. Il débute alors sa carrière militaire comme Lieutenant au sein du 1er régiment d’artillerie et combat durant la guerre américano-mexicaine de 1846-1848, participant notamment au siège de Veracruz et aux batailles de Contreras, Chapultepec et Mexico. Lors de cette dernière bataille, il rencontrera notamment Robert E. Lee, dont il ne sait pas encore qu’il sera un jour son commandant dans l’armée de Virginie du Nord. Il est d’ailleurs remarquable de noter que bien des hommes lors de ce conflit se rencontreront dans l’un ou l’autre camps lors de la guerre de sécession : P. G. T. Beauregard et Georges B. Mac Clellan servent tout deux dans l’état-major du général Scott, et commanderont chacun une armée lors de la guerre civile (mais pas dans le même camp) ; le Lieutenant Grant reçoit les félicitations du général en chef pour son rôle dans l’attaque de Mexico, remerciements portés en main propre par le Lieutenant Pemberton, qui seize ans plus tard capitulera à Vicksburg face aux troupes commandées par Grant ; les Lieutenants Hancock et Longstreet combattront côte à côte avec vigueur lors de la bataille de Churubosco, avec autant de vigueur que lorsque 17 ans plus tard ils lanceront leurs corps d’armée l’un contre l’autre en Pennsylvanie… Il existe bien d’autres exemples… Pour revenir à Thomas J. Jackson, il fini la guerre au rang de Major, en récompense de ses états de service. En 1851, il accepte un post d’enseignant à l’Académie Militaire de Virginie, devenant professeur de philosophie et instructeur d’artillerie. Malgré un enseignement de qualité, ses excentricités le rendent impopulaire : Jackson est en effet un homme pieux à l’excès, passant même pour certains pour un fanatique, totalement dépourvu d’humour, obsédé par la manie du secret, humaniste, mais partisan de l’esclavage qu’il considère comme voulu par Dieu. Il conservera ces traits de caractères jusqu’à sa mort prématurée, y gagnant le surnom de « old Tom fool » (« Tom le vieux fou »), de façon provisoire… En décembre 1859, il est à la tête d’une délégation de l’Institut Militaire lors de la pendaison de l’abolitionniste John Brown : ce dernier, avec 18 hommes, avait tenté le 16 octobre précédent de lancer une insurrection d’esclave, en prenant possession notamment de l’arsenal fédéral d’Harpers Ferry. Début 1861, avant même que la Virginie ne fasse sécession, il propose ses services aux États Confédérés d’Amérique. Il prend alors le commandement d’une brigade et passe au grade de brigadier general (général de brigade). Lors de la première bataille du Bull run en juillet 1861, il organise avec sa brigade une ligne défense afin de mettre un terme à l’avance nordiste alors en passe de mettre en déroute les troupes confédérées. Il parvient à briser l’assaut et à contre-attaquer, participant ainsi à la première victoire confédérée de la guerre. Il n’est plus question dès lors d’un vieux fou, mais d’un mur de pierre (« stone wall »), surnom gagné grâce à la capacité de Jackson et de sa brigade à tenir face aux assauts unionistes : le général Bee, tentant de rallier ses hommes prononça les mots suivants « Regardez donc Jackson qui se tient là comme un mur de pierre ! Ralliez-vous derrière les Virginiens ! ». La légende était née ! (il existe néanmoins une controverse, un observateur rapportant que c’est avec colère que Bee prononça ces paroles en voyant la brigade de Jackson immobile : « Regardez donc Jackson qui se tient là comme un fichu mur de pierre ! » L’intéressé n’a pu éclaircir personne sur ce point, ayant été tué dans les instants qui suivirent…) La brigade de Jackson gagne à cette occasion le même surnom, devenant la brigade Stonewall, et ce jusqu’à la fin du conflit (ils ne seront d’ailleurs que 219 survivants à ces 4 années de guerre). A l’issue de la bataille, Jackson est promu général de division. Au printemps 1862, Jackson est à la tête d’une petite armée dans la vallée de la Shenandoah et se révèle être un formidable chef, alliant ardeur, audace et capacité à motiver ses troupes. Durant une campagne d’un mois et demi, Jackson divise et concentre ses troupes au gré des évènements, parvenant à remporter 5 victoires contre des troupes unionistes comptant près de 4 fois plus d’effectifs (60.000 contre 17.000), empêchant l’envoi de renfort vers l’armée du Potomac alors en passe de mettre le siège devant Richmond. Cette campagne, l’un des chefs d’œuvre du général Jackson, est toujours enseignée de nos jours dans les écoles militaires, afin d’illustrer comment la vitesse d’exécution peut compenser une infériorité numérique… Grâce à ses succès, le Général Robert E. Lee donne à Jackson le commandement d’un de ses corps d’armée de l’armée de Virginie du Nord. Jackson combat désormais sous les ordres de Lee, même s’il montre une inhabituelle lenteur et un certain manque d’agressivité lors des combats de la bataille des sept jours, probablement dû à une grande fatigue physique et une lassitude psychologique. Il se rattrapera lors des affrontements suivants, notamment lors de la seconde bataille du Bull run, d’Antietam, de Fredericksburg… La réputation de Jackson va grandissant, il est généralement chargée des missions à vocation offensive de l’armée de Lee. Son alter ego commandant le second corps d’armée, le Général Longstreet, a lui une attitude plus défensive. Lors de la bataille de Chancellorsville, Jackson est chargée d’accomplir le mouvement qui tourne totalement la droite unioniste. Le 2 mai 1863, en fin d’après-midi, après une marche de 18 kilomètres, Jackson lance l’intégralité de son corps d’armée dans une attaque de flanc surprise et dévastatrice pour l’armée du Général Hooker, qui se replie en désordre. Le soir même, Thomas Jackson part en reconnaissance en avant de ses positions, afin de planifier la poursuite des combats le lendemain. Pris sous le feu de sa propre infanterie lors de son retour dans ses lignes, il est grièvement blessé au bras gauche et ne participe plus aux combats. Il est amputé quelques temps plus tard du bras et part en convalescence dans une plantation proche. Il semble se rétablir mais commence à présenter les symptômes d’une pneumonie, qui finalement l’emporte le 10 mai 1863. Il laisse une veuve et une enfant née en 1862. Sa veuve ne se remariera d’ailleurs jamais et vécue jusqu’en 1915. Il reste l’une des figures les plus connues de la guerre de sécession. Il jouissait de la pleine confiance du général Lee, qui lui donnait des ordres volontairement peu précis, afin que Jackson puisse agir aux mieux selon les circonstances. Son absence sera durement ressentie lors de l’engagement majeur de l’été 1863, à Gettysburg. Thomas J. « Stonewall » Jackson est le seul officier du conflit à être représenté sur une coupure confédérée, en l’occurrence le type 64, billet de 500 $. Portrait de T. J. Jackson sur le type 64 [en construction]
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  3. [nbpagination_toc="Introduction"] Au travers de la monnaie ci-dessus, récemment acquise, je voudrais explorer les guerres d’Italie sous Louis XII. Si je connais comme tout le monde la bataille de Marignan et sa date 1515 (bien qu’il ne s’agisse plus de Louis XII mais de François Ier), c’est une période que je découvre totalement. Je vous propose donc un petit rappel historique du contexte de ces guerres d’Italie, afin de permettre de comprendre comment on en est arrivé à frapper des monnaies royales françaises dans le duché de Milan. [nbpagination_toc="Des origines des conflits italiens de 1494 - 1569..."] Des origines des conflits italiens de 1494 - 1569... Il existe en fait 11 guerres d’Italie qui ont rythmé la fin du XVème siècle, jusque dans la seconde moitié du XVIème siècle. Elles impliquent de nombreux états, le royaume de France bien entendu, mais également le duché de Milan, les royaumes de Naples, de Castille, d’Aragon, le Saint Empire, les États Pontificaux, la Confédération Helvétique et la République de Venise. Je retiendrais que celles qui intéressent directement le règne de Louis XII (c’est-à-dire les 4 premières). Il faut remonter au règne de Louis XI (r. 1461-1483) pour trouver l’origine de ces conflits, qui est comme fréquemment à cette époque un problème de succession : le royaume de Naples est jusqu’en 1442 aux mains de la maison d’Anjou. A cette date, le roi d’Aragon Alphonse V prend le contrôle du royaume de Naples. La maison d’Anjou n’a de cesse dès lors d’essayer de récupérer le royaume. A la mort de René d’Anjou en 1480, dernier représentant de la lignée, ses droits passent alors au roi de France Louis XI. Ce dernier n’a que peu d’intérêt à récupérer le royaume, mais son fils Charles VIII (r. 1483-1498) mettra bien plus d’ardeur à récupérer ce qu’il présente comme son dû. L’affaire est en elle-même bien plus complexe, car au-delà des gains territoriaux, il s’agit pour le roi de France de lutter contre l’alliance Florence / Milan / Naples, de s’allier au Duché de Milan pour freiner la puissance vénitienne. Il est également question de déposer l’actuel Pape Alexandre VI. Tout un programme on le voit ! Milan est d’ailleurs à la fois un objectif et un allié pour atteindre les buts fixés (on à l'esprit flexible côté alliance à l'époque...) ! Carte de l'Italie en 1494 [nbpagination_toc="La première guerre d'Italie (1494-1497) : une conquête éphémère"] La première guerre d’Italie (1494-1497) : une conquête éphémère Après s’être assuré la neutralité du roi d’Aragon et de Maximilien de Habsbourg grâce à certains arrangement territoriaux, Charles VIII entre en 1494 en Italie, à la tête d’une armée impressionnante. Les différents états traversé ne s’opposent pas aux français qui parviennent à Naples en février 1495. Cependant la résistance s’organise : le duc de Milan, le roi d’Aragon, l’empereur Maximilien, le Pape Alexandre VI et le République de Venise s’allient et coupent dès lors toute retraite aux français. La retraite s’effectue difficilement, mais la relative victoire des Français à Fornoue leur permet de poursuivre leur route vers le sud de la France. Le reste des troupes française, resté à Naples, résiste tant bien que mal, mais est finalement assiégé dans la ville d’Atella. Décimée par la maladie et la faim, l’armée fini par se rendre. La trêve d’Alcala de Henares, signée le 24 novembre 1497 entérine la fin de la première guerre d’Italie. La Bataille de Fornoue - gravure anonyme, 15è/16è siècle Charles VIII, n’ayant pas renoncé à ses prétentions italiennes, entretient néanmoins des intelligences avec certains princes d’Italie en vue de sa revanche, mais le roi meurt avant d’avoir pu mettre en œuvre ses projets. [nbpagination_toc="La deuxième guerre d’Italie (1499-1500) : le duché de Milan"] La deuxième guerre d’Italie (1499-1500) : le duché de Milan Succédant à Charles VIII, Louis XII (r. 1498-1515) reprend les prétentions de son prédécesseur et ajoute à ces dernières ses propres prétentions sur le duché de Milan qui avait été dirigé jusqu’en 1447 par la famille de sa grand-mère Valentine Visconti. De nombreuses alliances sont signées avec les États Pontificaux, la République de Venise, les cantons suisses, le royaume d’Angleterre et le futur roi de Castille. Le roi de France a les mains libres tandis que le duc de Milan Ludovic Sforza est totalement isolé. La campagne débute en juillet 1499 et Milan est occupé par les français dès le mois de septembre suivant. Gênes tombe également dans les mains des français au passage. Le duc de Milan s’est enfui et réfugié à Innsbruck. Ludovic Sforza, dit Ludovic le More Miniature de Giovanni Ambrogio de Predis Sous l’oppression française, la ville de Milan se révolte en janvier 1500, et le duc Sforza reprends la ville en février. Louis XII envoie alors ses généraux reprendre la ville, mais Ludovic Sforza est trahi par ses mercenaires suisses le 10 avril 1500 et est livré aux français. La ville retombe sous la coupe française et le restera pendant 12 ans. Le duc Sforza, quant à lui, finira ses jours incarcéré au château de Loches ou il décédera en mai 1508 (les causes du décès restant un peu obscures…). [nbpagination_toc="La troisième guerre d’Italie (1501-1504) : Objectif Naples !"] La troisième guerre d’Italie (1501-1504) : Objectif Naples ! Après cet intermède milanais, Louis XII se tourne vers Naples, non sans avoir au préalable obtenu et signé diverses alliance : avec le Pape tout d’abord, puis avec le roi Ferdinant II d’Aragon (Traité de Grenade, qui régit le partage du royaume de Naples. Un Yalta avant l’heure en quelque sorte…) En 1501, les français et les espagnols passent à l’attaque, forçant le roi de Naples à capituler dès septembre 1501. Le royaume de Naples est divisé selon les termes du traité de Grenade pour parti au français, pour parti aux espagnols. La ville de Naples reste aux mains françaises. Mais rapidement, des tensions entre les vainqueurs font jour, et entrainent un conflit entre les royaumes de France et d’Aragon, dès 1502. Les défaites françaises de Seminara, de Cérignole et du Garigliano entrainent la chute de Naples. Bataille de Cerignole :Goncalves de Crdoue regardant la dépouille de Louis d'Armagnac-Nemours œuvre deFederico de Madrazo y Küntz, musée du Prado En février 1504, l’armistice de Lyon est signé et voir le roi Louis XII renoncer à toute prétention sur le royaume de Naples. Les deux grands vainqueurs sont le royaume d’Aragon qui est désormais implanté à Naples et la Papauté qui a vu ses territoires s’accroitre (signalons au passage que le Pape Alexandre VI est mort durant le conflit. C’est le Pape Pie III qui lui succède pour quelques jours -26 très exactement- avant de mourir et d’être remplacé par Jules II). [nbpagination_toc="La quatrième guerre d’Italie (1508-1513) : patatras… Retour à la case départ…"] La quatrième guerre d’Italie (1508-1513) : patatras… Retour à la case départ… Même si Louis XII a renoncé en 1504 à ses vues sur le royaume de Naples, il reste implanté en Italie du Nord par sa possession du duché de Milan. Sous l’impulsion des États pontificaux, le traité de Cambrai (1508) débouche sur la quatrième guerre d’Italie, avec la papauté, le royaume de France et le Saint Empire associés contre la République de Venise. Le conflit débute en mai 1509. Rapidement, les alliés remportent les premières victoires et forcent les vénitiens à reculer en perdant quelques places au passage. Néanmoins, la puissance française effraie le Pape Jules II et en 1510, faisant preuve de grandes capacités de revirement (et de « plantage de couteau dans le dos », osons le dire…), il s’allie à Venise contre le royaume de France, afin de chasser les français du nord de l’Italie. Venise reprend peu à peu ses possessions sur la terre ferme. Le 5 octobre 1511 est formée la Sainte Ligue (incluant les États pontificaux, Venise, l’Espagne, l’Angleterre et la Suisse) dirigée contre les français. Ces derniers remportent une victoire à Ravenne en avril 1512, mais y perdent leur général Gaston de Foix-Nemours dans la lutte. Plutôt que de marcher directemet sur Rome, les français préfèrent perdre leur temps à piller la ville, laissant l’opportunité aux armées espagnoles et pontificale de se ressaisir. En juin 1512, les français sont chassés de l’Italie du Nord, y compris de milan ou Maximilien Sforza (le nom vous dit quelque chose ? C’est le fils du duc Ludovic évoqué plus tôt dans ce sujet…) est replacé sur le trône ducal. Malgré un sursaut français au printemps 1513 (qui permet de reprendre Milan quelques mois), les troupes françaises sont mises en échec lors de la bataille de Novare le 6 juin 1513 et doivent évacuer le nord de l’Italie. La mort de Gaston de Foix-Nemours à Ravenne Huile sur toile, State hermitage Museum Un nouveau danger menace en effet le royaume de France : l’Angleterre est passée à l’offensive en Picardie, les suisses avancent en Bourgogne et les espagnols sont entreprenant en Navarre. Après quelques défaites de ci de là, Louis II de la Trémoille, chef de guerre de Louis XII signe le 14 septembre 1513 le traité de Dijon qui voit l’abandon des prétentions françaises sur l’Italie. Néanmoins, le roi Louis XII refusera de ratifier le traité, ce qui laissera donc les coudées franches à son successeur François Ier (r. 1515-1547) et lui permettra de retourner guerroyer en Italie. Mais cela, c’est une autre histoire… [nbpagination_toc="Le gros royal de six sous"] Le « gros royal de six sous » Passons maintenant à la monnaie évoquée en début d’article, car oui, tout ce laïus n’a pour seul et unique but d’expliquer comment un roi de France en est arrivé à frapper une monnaie royale dans le duché de Milan ! En l’occurrence un gros royal de six sous. Gros royal de six sous, entre 1500 et 1512, atelier de Milan Poids 3,6g, diamètre 27mm, argent. Il s’agit d’une monnaie en argent reprenant un avers classique, à savoir l’écu de France couronné, accosté de 2 lys. La légende porte en guise de lettre d’atelier la tête de Saint Ambroise, suivie de l’inscription « ’LVDOVICVS’D'G'FRANCOR'REX' » pour « LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DES FRANCS ». Le revers est plus intéressant à mon sens : il représente Saint Ambroise assis de face, tenant dans sa main gauche sa crosse d’évêque (Saint Ambroise fut évêque de Milan de 374 à 397) et dans sa main droite un fouet à trois queues. La légende dit qu’il aurait chassé les hérétiques ariens d’Italie avec ce fouet. Une autre variante ets qu'il serait apparu lors de la bataille entre les Scaliger et les Visconti pour séparer les combattants à l'aide de ce fouet. Le revers porte la légende « MEDIOLAN – I’DVX'ET'C’ » pour « DUC DE MILAN ETC. » [nbpagination_toc="Autres monnayage milanais..."] Double ducat d’or, entre 1500 et 1512, atelier de Milan Poids 6,91g, diamètre non connu, or Avers : +LVDOVICVS’D'G'FRANCOR'REX' (LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DES FRANCS). Buste du roi à droite vêtu du manteau orné d’un lis et coiffé d’une couronne posée sur un chaperon. Revers : : MEDIOLANI’DUX. (DUC DE MILAN). Saint Ambroise à cheval, tenant le fouet dans sa main droite. A l'exergue, un écu de France couronné. © Vinchon.com Teston, entre 1500 et 1512, atelier de Milan Poids 9,32g, diamètre 28mm, argent Avers : +LVDOVICVS’D'G'FRANCOR'REX' (LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DES FRANCS). Buste du roi à droite vêtu du manteau orné d’un lis et coiffé d’une couronne posée sur un chaperon. Revers : MEDIOLANI’DUX. (DUC DE MILAN). Saint Ambroise à cheval, tenant le fouet dans sa main droite. A l'exergue, un écu de France couronné. © Monnaiedantan.com Ces testons sont les premières monnaies françaises représentant le souverain régnant. Les ducs de Milan ont été les premiers à frapper des pièces à leur effigie (les testons, de l’italien testa, tête). Ces derniers connaissent un vif succès, et Louis XII, devenant duc de Milan en frappe à son tour. Gros royal dit Bissone, entre 1500 et 1512, atelier de Milan Poids 2,36g, diamètre 20mm, argent Avers : +LVDOVICVS’D'G'FRANCOR'REX' (LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DES FRANCS). Ecu de France couronné, accosté de deux guivres couronnées. Revers : MEDIOLANI’DUX’ET’CET. (DUC DE MILAN ETC.). Pallium sous une couronnelle. © Monnaiedantan.com Soldino de Milan, entre 1500 et 1512, atelier de Milan Poids 1,15g, diamètre 20mm, billon Avers : +LVDOVIC'D.G.FRANCOR/REX'. (LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DES FRANCS). Ecu de France couronné. Revers : MEDIOLANI’DUX’ET’C. (DUC DE MILAN ETC.). Croix feuillue. © Suffren-numismatique.com
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  4. LES ÉCUS "VERTUGADINS" DE LOUIS XV Louis XV accède au trône à la mort de son arrière-grand père Louis XIV (mort après un règne de 72 ans ! Le plus long de l’histoire française soit dit en passant) le 1er septembre 1715. Agé de cinq ans, le nouveau roi est bien entendu incapable de gouverner et son cousin Philippe d’Orléans exerce la régence jusqu’en février 1723. Durant les premiers mois du règne de Louis XV, on continue à frapper les écus aux trois couronnes hérités de Louis XIV (frappés depuis 1709 pour une valeur de 3 livres et demie), bien entendu au nom et au portrait du nouveau souverain (cette série d’écu aux trois couronnes – écu, demi-écu et quart d’écu – de Louis XV est par ailleurs excessivement rare, frappée uniquement à Paris, La Rochelle, Lille et Rennes). Par la déclaration du 14 décembre 1715, le régent ordonne l’introduction d’une nouvelle monnaie appelée « écu neuf » (ainsi nommé dans les textes de l’époque). Ce nouveau type monétaire sera fabriqué à partir de flancs neufs ou d’anciennes monnaies (généralement des écus aux trois couronnes ou leurs divisionnaires) refrappées au nouveau type. Ce procédé, appelé réformation, est d’un usage courant à l’époque : par soucis d’économie, on réforme les anciennes monnaies, c’est-à-dire que l’on surfrappe l’ancienne monnaie, sans prendre la peine de fondre ladite monnaie et de créer un flanc neuf (ce qui coute plus cher et prend plus de temps). De ce fait, la qualité des monnaies réformée est variable, le motif de l’ancien type pouvant rester visible sur certaines parties du flanc. L’écu neuf, qui prend vite le surnom de « vertugadin », peut être tenu comme étant la première monnaie de Louis XV, si l’on considère que l’écu aux trois couronnes est juste une réutilisation provisoire (avec modifications du portrait et des légendes) du type introduit sous Louis XIV. D’où vient ce nom « vertugadin » d’ailleurs ? Eh bien initialement de l’espagnol (verdugo, baguette) : le terme « vertugadin » servait à désigner au XVIème et XVIIème siècles une armature servant à faire bouffer une robe au niveau de la taille, lui donnant une forme de cloche. Par extension, le mot désignera les robes équipées de ce système ainsi que les chaises spéciales permettant de s’asseoir avec un tel vêtement d’une ampleur considérable. C’est à priori la forme ronde de l’écu de France qui vaudra ce surnom moqueur à la monnaie. Les robes vertugadin étant aussi surnommées « caches enfants », le portrait juvénile du roi sur la monnaie a peut-être également inspiré le surnom… En tout cas, plus jamais l’écu de France ne sera représenté en rond. Le surnom « vertugadin » restera en usage quant à lui pour ce type monétaire. Cette monnaie traine à l’époque une mauvaise réputation à cause de la mutation monétaire qui accompagna sa production : le régent Philippe d’Orléans ordonne que les écus neufs soient émis à la valeur de 5 livres alors que précédemment, l’écu d’argent était émis pour une valeur de 3 livres et demie. La mutation monétaire est une manière bien connue pour le pouvoir en place de faire rentrer de l’argent : quand les particuliers ramenaient leurs vieux écus aux trois couronnes valant 3 livres et demie, ils repartaient avec la même quantité de métal mais émise pour une valeur de 5 livres, la différence allant directement au trésor, au grand mécontentement de la population on peut se l’imaginer, la monnaie se voyant ainsi dévaluée de près de 40%. La monnaie présentée ci-dessus est frappé sur un flanc large, qui laisse apparaitre la quasi-intégralité du grenetis. Malheureusement, la monnaie a reçu un choc à 7 heures sans toutefois que cela n’altère trop l’aspect général de la pièce qui reste très agréable. D’un diamètre maximal de 42mm, pour un poids de 30,6 grammes (poids théorique : 30,6g.), la monnaie est en argent au titre de 917 millièmes, ce qui est le titre courant pour l’argent à l’époque. Cet écu réformé se reconnait tout d’abord à la présence d’une rose à cinq pétales sous le buste au droit qui est la marque spécifique de la réformation. Plus simplement, de façon subtile au droit, et nettement plus marquée au revers, on retrouve les traces de l’ancienne monnaie sur laquelle fut refrappé cet écu vertugadin : il s’agit en l’occurrence d’un ancien écu aux trois couronnes de Louis XIV (dont la date et le lieu de fabrication ne sont pas discernables) : on voit nettement la trace d’une couronne à 2 heures au revers de la monnaie. L’avers de la monnaie représente le buste enfantin de Louis XV tourné vers la droite, drapé et cuirassé. La légende est classique : « LVD. XV. D. G. FR. ET. NAV. REX » pour « Louis XV, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre ». Le portrait est l’œuvre de Norbert Roëttiers, Graveur Général des Monnaies de 1704 à 1727. Au revers, on trouve un écu de France rond, couronné, avec en légende « SIT NOMEN DOMINI BENEDICTVM 1716 » (« Béni soit le nom du Seigneur »). La lettre d’atelier (A pour Paris, dans le cas présent) se situe à 6 heures, dans la légende. La tranche de l’écu est gravée « DOMINE SALVVM FAC REGEM » (« Seigneur, sauvez le Roi »), les mots étant séparés par des fleurons et des fleurs de lys. Comme sous les règnes précédents, les écus « vertugadins » (émis pour une valeur de 5 livres, 1 livre valant 20 sols) sont divisés en monnaies plus petites afin de faciliter la circulation et l’utilisation des espèces. Ces divisionnaires sont au nombre de 4 : les demi-écus (émis pour 2 livres et 10 sols), les quarts d’écu (émis pour 1 livre et 5 sols), les dixièmes d’écus (émis pour 10 sols) et les vingtièmes d’écus (émis pour 5 sols), ce qui représente au final une série de 5 monnaies : De gauche à droite (avec respect des proportions) : - Ecu vertugadin 1716 (atelier de Rouen) : diamètre 41mm, poids 30,5g (poids théorique : 30,6g). Frappé sur flanc neuf. - Demi-écu vertugadin 1716 (atelier de Paris) : diamètre 34mm, poids 15,1g (poids théorique : 15,3g). - Quart d’écu vertugadin 1716 (atelier de Troyes) : diamètre 30mm, poids 7,2g (poids théorique : 7,65g). - Dixième d’écu vertugadin 1717 (atelier de Poitiers) : diamètre 23mm, poids 3g (poids théorique : 3,06g). Frappé sur flanc neuf. - Vingtième d’écu vertugadin 1718 (atelier de Rennes) : diamètre 20mm, poids 1,40g (poids théorique : 1,53g). Toutes illustrations ci-dessus : ©monnaiesdantan.com Cette monnaie sera frappée dans tout les ateliers du royaume, de 1715 à 1718 (l’écu « vertugadin » connaitra une nouvelle mutation en 1718, la valeur de la monnaie passant de 5 à 6 livres). Ci-dessous la liste des ateliers ayant frappé l’écu vertugadin (écus frappés aussi bien sur flanc neuf que sur flanc réformés) : A : Paris AA : Metz B : Rouen BB : Strasbourg C : Caen D : Lyon E : Tours G : Poitiers H : La Rochelle I : Limoges K : Bordeaux L : Bayonne M : Toulouse N : Montpellier O : Riom P : Dijon Q : Perpignan S : Reims T : Nantes V : Troyes W : Lille X : Amiens Y : Bourges Z : Grenoble ϽϹ : Besançon & : Aix 9 : Rennes A partir de mai 1718, un nouveau type monétaire est mis en place : l’écu de Navarre, toujours émis pour la valeur de 6 livres mais pour un poids inférieur de 20% (environ 24,5g en lieu et place des 30,6g de l’écu vertugadin). Écu de Navarre, 1718, atelier de Paris. Poids 24,4 g, diamètre 38 mm. ©monnaiesdantan.com Bibliographie : - L’écu dit « au vertugadin » de Louis XV, rédaction de Monnaie Magazine, septembre 2018. - Les monnaies royales françaises 987-1793, par Arnaud CLAIRAND et Michel PRIEUR, éditions les Chevau-légers, 2008. - Les monnaies françaises royales de Hughes Capet à Louis XVI (987-1793), tome II (François Ier – Louis XVI), 2ème édition, par Jean DUPLESSY, éditions Maison Platt, 1999. - Monnaies royales de Louis XIII à Louis XVI 1610-1793, par Chantal BEAUSSANT, éditions de la Banque de France, 1987.
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  5. Salut, aujourd'hui j'ai décidé de vous offrir directement le premier chapitre de mon livre Autour de la monnaie romaine. (Pour recevoir la version intégrale cliquez ici . Une dernière chose, ce livre est gratuit, je vous le donne alors n'hésitez pas.) Je vais donc vous montrer comment identifier n'importe quelle monnaie romaine. Bien sûr plus vous avez de l'expérience plus c'est facile et inversement. Quoi qu'il en soit, je vais vous donner ci-après différentes méthodes pour l'identification des monnaies romaines. Même si vous êtes débutant, vous y arriverez. Aussi, si vous lisez cet article mais que vous vous intéressez à un autre type de monnaie, allez jusqu'au bout car certaines astuces pourraient vous servir. Bref assez parlé, passons au vif du sujet et surtout bonne lecture. Comment identifier une monnaie romaine ? La chose la plus importante dans la numismatique, c'est bien évidement l'identification des monnaies. Pour identifier une monnaie romaine, il y a plusieurs étapes : - déterminer le type (sesterce, denier, nummus, ...) - déterminer l'avers (empereur, impératrice, ...) - déterminer le revers (allégorie, animal, …) 1) Déterminer le type de monnaie Pour déterminer le type de la monnaie, identifiez d'abord le métal qui la constitue. Pour cela, un simple coup d’œil suffit. Si la monnaie est verdâtre/cuivrée, il s'agit d'une monnaie en cuivre ou en bronze. La couleur verte est causée pas l'oxydation du métal ou par la patine de la monnaie. Ensuite, si la monnaie est argentée ou légèrement grise, il s'agit d'argent ou de billon. Enfin, si la monnaie est dorée, vous êtes une personne chanceuse car il s'agira d'une monnaie en or. Une fois le métal déterminé, mesurez le diamètre de la monnaie. Par exemple, pour une monnaie en argent de 18mm, il s'agira d'un denier. Une fois le diamètre déterminé, pesez votre monnaie pour connaître son poids. Voici un tableau extrait de mon livre Les monnaies romaines en seulement 20 pages (Les poids qui vont suivre sont imprécis car ils ont varié au fil de la Rome Antique et au fil des siècles les monnaies ont perdu de leur poids). Le type La composition Le diamètre (mm) Le poids (gramme) L'aureus or 18/19 7/8g Le denier argent 18/19 3/4g Le quinaire argent 14/17 1,5/2g L'as cuivre 26 12g Le sesterce cuivre 28/36 15/25g L'antonien billon 20/23 2/4g Le nummus cuivre 17/20 2/3,5g Le follis cuivre 24/28 6/10g Le sillique argent 16/19 1,5/2g Le solidus or 20/21 4/4,5g Après avoir déterminer le type de votre monnaie, il faut déterminer le personnage sur l'avers de la monnaie. 2) Déterminer l'avers de la monnaie Cette étape pose problème si l'avers ne présente aucun personnage. En effet, certaines monnaies ont des animaux ou des allégories (représentation d'une idée comme la liberté, la fortune …) à la place de l'empereur ou de l'impératrice mais cette possibilité est plutôt rare. Si cette situation vous arrive et que vous avez par exemple une monnaie de type denier avec un éléphant figurant sur l'avers, il vous suffit de marquer « denier éléphant » sur internet et en cherchant dans les différentes images, vous n'aurez aucun mal à identifier votre monnaie. Je vous conseille d'utiliser internet car dans ces cas là, le nom de la personne ayant émise la monnaie n'est généralement pas indiqué, et il est donc difficile de chercher dans un livre car les personnages sont généralement classés par ordre alphabétique. De ce fait, il vous faut le nom de la personne pour trouver votre monnaie. Par exemple ici, si vous marquez « denier éléphant », vous tomberez sur cette monnaie. Il s'agit d'un denier de Jules César à l'éléphant. Vous savez donc déterminer une monnaie lorsque aucun personnage n'apparaît.Maintenant, voici comment déterminer le personnage présent sur l'avers de la monnaie. Pour déterminer le personnage sur la monnaie, il y a plusieurs possibilités : - lire la légende, - reconnaître l'empereur ou l'impératrice. Lire la légende La lecture de la légende est le moyen le plus sûr pour déterminer de quel empereur il s'agit, car comme beaucoup d'empereurs se ressemblaient, il est difficile lorsque l'on est débutant de les différencier et donc le risque d'erreur est parfois important. Ce déchiffrage est très facile. En effet, la plupart du temps le nom de l'empereur est écrit en toutes lettres avec à la fin du nom une terminaison à consonance latine. Par exemple, pour Antonin le Pieux, il sera écrit Antoninus Pius ou encore pour Commode, il sera écrit Commodus. Bien sûr, ici, il ne vous sert à rien de savoir la traduction du nom en français. Si vous marquez par exemple « denier Antoninus Pius », vous trouverez tout de même votre monnaie. Reconnaître l'empereur ou l'impératrice Reconnaître l'empereur ou l'impératrice visuellement est un bon moyen mais je le déconseille aux débutants car comme je l'ai dit précédemment, beaucoup d'empereurs se ressemblaient. Avec de l'expérience, on peut déterminer de quel empereur il s'agit au premier coup d’œil mais lorsqu'on est débutant la manière la plus simple est de prendre une liste de tous les portraits des empereurs et impératrices et de les comparer jusqu'à obtenir une ressemblance parfaite. Je vous conseille la liste des portraits dans le livre Die Münzen der römischen Kaiserzeit, (voir ici). 3) Déterminer le revers Voici la dernière étape : déterminer le revers. Pour déterminer le revers, il y a ici encore plusieurs possibilités suivant ce qui apparaît sur ce dernier. Il peut y avoir, des animaux, des objets, des allégories … S'il s'agit d'animaux, il suffit juste de reconnaître de quel animal il s'agit et voilà, l'identification est terminée. Pareil s'il s'agit d'un objet comme des instruments pontificaux, des galères (navires romains)... S'il s'agit d'une allégorie, vous pouvez reprendre les étapes de l'identification de l'avers car ici aussi, vous pouvez lire la légende. Par exemple, la Fortune devient « Fortuna ». Sinon, vous pouvez déterminer de quelle allégorie il s'agit par vous même mais si vous êtes débutant, je vous déconseille une fois de plus cette méthode bien qu'ici, ce soit plus facile que pour les empereurs. Par contre, si vous souhaitez vous entraîner à les reconnaître, je vous conseille une fois de plus le livre Die Münzen der romschen Kaiserzeit qui contient une liste de toutes les différentes allégories. En plus, vous avez la liste des portraits et la liste des allégories dans un seul et même livre. Dernier cas de figure, la légende ne correspond pas avec l'allégorie. Par exemple, l'allégorie est « Fortuna » mais la légende est « COS IIII » Ici, deux solutions s'offrent à vous. En effet, soit vous déterminez l'allégorie visuellement ou avec l'aide d'un livre, soit vous cherchez une monnaie ayant la même légende dans un livre ou sur internet et normalement, dans la description de la monnaie, le nom de l'allégorie correspondante sera spécifié. Voilà comment identifier une monnaie romaine. Maintenant, si vous avez des monnaies non identifiées près de vous, essayez les méthodes si dessus. Encore une dernière chose, voici une monnaie romaine que je vous laisse identifier. Marquez dans les commentaires si vous avez réussi à déterminer son type, l'empereur et son revers. Informations données : Poids : 10 g Diamètre : 28 mm Cet article est maintenant finit. Maintenant, entraînez vous et essayez de pouvoir identifier n'importe quelle monnaie au premier coup d’œil. De plus, vous pouvez désormais déterminer le prix des monnaies. D'ailleurs, j'ai écris un article à ce sujet. Si vous en voulez plus, cliquez ici pour recevoir le livre en entier (n'oubliez pas c'est gratuit, alors n'hésitez pas). Aussi, dîtes moi de quel sujet en rapport avec les monnaies romaines vous voudriez que je parle. Merci d'avoir lu cet article et n'oubliez pas d'aller voir mon blog empiredesmonnaies.fr si vous voulez plus d'article comme celui-ci. A bientôt !
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  6. A l'occasion d'un voyage à Rome, j'ai recherché un musée ayant une section sur la numismatique de la Rome Antique. Première tentative avec le musée de la monnaie de la Banca d'Italia. L'entrée est gardée par deux soldats en arme pas très accueillants. Après quelques échanges laconiques, on me fait comprendre que le musée numismatique n'est ouvert que deux semaines par an au printemps. La deuxième tentative avec le musée Palazzo Massimo fut plus fructueuse. A Rome, les musées sont légion, mais celui-ci vaut vraiment le détour. Et rassurez vous si vous êtes accompagné par quelqu'un d'un peu moins sensible que vous aux monnaies de collection, il y trouvera aussi son compte. Le palais fut construit en 1883 par l'architecte Camillo Pistrucci pour en faire un collège jésuite. En 1981, il est racheté par l'état dans le but d'exposer des œuvres d'art de la Rome Antique (sculptures, fresques) ainsi qu'une exceptionnelle collection numismatique allant de l'antiquité à nos jours. Les monnaies présentées proviennent de la collection Victor-Emmanuel III (médiévales et modernes), de l'ancien musée Kircherian et de la collection Gnecchi. Le musée est ouvert au public depuis 1998. La section numismatique se trouve au sous-sol du musée qui comporte 2 étages. Le rez-de-chaussée présente des sculptures de la Rome Antique de la République Romaine jusqu'à la dynastie julio-Claudienne (Tibère, Caligula, Claude et Néron). Le premier étage est consacré aux œuvres allant des Flaviens jusqu'à un peu au delà de la fin de l'empire romain. Le deuxième étage comporte des mosaïques et des fresques provenant de villa romaines. Quelques bustes d'empereurs romains : La section numismatique est divisée en plus de 50 présentoirs, allant des premières monnaies antiques aux euros d'aujourd'hui en passant par toutes les invasions et influences étrangères en Italie au cours de l'Histoire. Voici un petit échantillon des monnaies présentées dans ce musée (que j'ai limité à la période IVème siècle av JC au VI ème ap JC, soit près d'un millénaire) 1) Les premières monnaies romaines (IV-IIIs av JC) AES rude, AES signatum et premières monnaies : Les premières monnaies étaient seulement en bronze. Lors des transactions, les monnaies ou lingots n'étaient alors pas comptés mais pesés. Ensuite apparurent les premières monnaies d'argent et d'or (IIIe siècle av JC) 2) Les monnaies et le pouvoir à Rome, de la République à l'Empire - Les deniers, vecteurs de propagande. Les deniers faisaient souvent référence à des décisions politiques, votes, réformes, victoires etc... - Traditions religieuses, mythologie, légendes, jeux appolinaires - La fin de la République, Antoine et Cléopâtre - La période d'Auguste, organisation du système monétaire (voir table) - La période de Néron 3) Les monnaies et l'Empire - Les réformes et l'inflation, dévaluation des monnaies d'argent et augmentation des prix (IIe siècle ap JC) - Tentative de restaurer la confiance dans les monnaies d'argent. (II - IIIe siècle ap JC) De Pertinax à Alexandre Sévère en passant par Caracalla - La crise de l'Empire au IIIe siècle Aurélien tente de relancer l'économie de l'Empire. Le poids de l'antoninien est rehaussé à 1/80 de livre et contient un taux d'argent inférieur à 5% De Maximinus Thrax à Lulianus en passant par Gallienus - La période de Dioclétien. Réforme du système monétaire avec l'introduction du nummus argenteus (radié ou lauré), follis (1/50è de denier). - La période de Constantin. Introduction du solidus (1/72e de livre). - 5ème de l'Empire. De Honorius à Romulus Augustus - Les goths en Italie. (535-553) - L'Italie byzantine (553-568) - Les Lombards en italie (568-574) - production de fausses monnaies PRATIQUE : Musée national de Rome Palazzo Massimo alle Terme Adresse: Largo di Villa Peretti (près de la gare Termini et des thermes de Dioclétien) Ouverture: Du mardi au dimanche 9 heures-à-19h45. Fermé le lundi Coût: 7 € (inclus également les musées Palazzo Altemps, de la Crypte Balbi, ainsi qu’au Musée des Thermes de Dioclétien)
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  7. Introduction Notre étude s’est tout d’abord appuyée sur le recensement réalisé par BD-PAMOCH ; accessible sous le lien : http://bdpamoch.free.fr/p_c-serie.php?ID=7. Un travail immense a été réuni sur ce site et l’objectif est ici de rendre facilement accessibles les données produites dans BD-PAMOCH. Quelques modifications ont cependant été apportées à la description des monnaies dans le but de mieux les différentier. La carte de répartition de l’ensemble des bronzes à l’oiseau recensés est représentée schématiquement sur la Figure 1. On constate un déficit significatif d’émissions autour de Sens, la cité mère des Sénons. Les données réunies permettent de représenter l’aire de circulation des bronzes à l’oiseau. Cette aire dépasse significativement le territoire actuellement identifié des Sénons. On peut envisager que le territoire des Tricasses ainsi que celui des Sénons localisés au voisinage de la Seine corresponde à la zone de circulation la plus intense de ces monnaies et éventuellement à des zones d’émission importantes. Les peuples et les frontières étant imparfaitement connus, on peut envisager que la zone de circulation la plus intense de ces monnaies ne corresponde pas rigoureusement au territoire actuellement connu des Sénons. La carte serait cohérente avec une émission par des gaulois riverains de la Seine couvrant une partie des territoires Tricasses et Sénons. Une explication plausible serait que le territoire des Tricasses ait été une création augustéenne à partir des territoires originels des Sénons et des Lingons (voir Bibliographie, 1). La première classification de ces monnaies a été proposée par J. Piette à l’occasion d’une publication sur les fouilles partielles de Villeneuve-au-Châtelot (VAC). Nous appuierons nos descriptions sur cette classification qui repose sur environ 500 bronzes de types variés. Il est extrêmement difficile de produire une classification complète et celle proposée par Piette permet d’attribuer une classe à une immense majorité de monnaies y compris quand elles présentent des singularités (on peut dans ce cas leur attribuer une lettre de variante au sein de sa classe). Quelques monnaies résistent à cette classification et feront le bonheur des collectionneurs (comme par exemple les bronzes Giamilos SIINV sans la légende Giamilos ni torque devant le portait ou encore les nombreuses monnaies inclassables de la série XI). Une étude plus récente (voir Bibliographie, 3) a été menée par Bruno Foucray et Alain Bulard et s’est appuyée sur environ mille bronzes à l’oiseau dont 500 découverts principalement en fouilles lors des chantiers d’Archéologie Préventive. Les 500 autres monnaies, issues du sanctuaire de Villeneuve-au-Châtelot, représentent la moitié des bronzes à l’oiseau connus et faussent la vision du domaine de circulation quand elles sont utilisées pour cartographier la provenance des monnaies sans suffisamment de précautions. Bruno Foucray et Alain Bulard ont pris en compte ce biais, dans leur étude, pour analyser la répartition des monnaies. Il est aussi prévisible qu’après un temps suffisant des monnaies émises depuis un lieu donné diffusent et se répartissent de manière de plus en plus homogène sur son territoire de circulation. Ce second biais vient progressivement masquer le territoire d’émission. C’est la raison invoquée pour le déficit apparent de monnaies découvertes à Sens. La Seine ayant déjà donné leur nom aux Séquanes, peuple ayant ultérieurement émigré loin de la Seine, il a été envisagé que les Sénons doivent leur nom à un mot Indo-Européen signifiant « ancien » ayant donné le mot « senos » en gaulois et partageant ses racines avec le mot « sénile ». La toponymie est une science fragile et il nous semble que l’on ne peut pas exclure un lien avec la Seine comme pour les Séquanes. Les Sénons ont donné le nom actuel à la ville de Sens qui est généralement considérée comme la capitale des Sénons. Les bronzes étudiés présentent une épigraphie latine qui permet de dater leur circulation pendant la décennie précédant la guerre des Gaules. Traditionnellement leur émission est proposée entre -60 et -50 et peut-être même jusqu’aux premiers temps de la romanisation du territoire. 31 de ces bronzes à l’oiseau ont été retrouvés dans les fouilles d’Alésia, ces monnaies ont-elles été perdues comme de nombreuses autres par les Gaulois assiégés ? Leur épigraphie fait apparaitre les mots « SIINV » « YLLYCII » ou « YLLVCI » ou « INS » ou encore les noms « GIAMILOS » ou « KOIIACA ». Le double « II », apparaissant dans « SIINV » et dans KOIIACA » des monnaies gauloises se prononce « é », il apparait pendant la même période sur les deniers « IIPAD » ou « EPAD » des Arvernes. La lettre S apparait également sur certains des avers, mais aussi sur certains statères. Il semble, de ce fait, qu’une attribution de ce monnayage aux Sénons soit à favoriser. Leur territoire a-t-il évolué ? Figure 1: Aire de circulation des bronzes à l’oiseau, à partir de BD-PAMOCH, en traits orange et niveau de couleurs (orange foncé, forte circulation) – entouré de noir épais les territoires des : Carnutes, Sénons, Tricasses, Rèmes et Lingons d’après Jacques Lacroix1. L’oiseau représenté sur ces monnaies est-il : un aigle, un corbeau ou une corneille ? Nous ne le savons pas. Plusieurs éléments viennent nous interroger : les ailes sont parfois représentées sous la forme de stries le long du corps de l’oiseau (classe Ia, par exemple). Ceci suggère que le panache représenté systématiquement au-dessus de l’oiseau ne représente pas automatiquement les ailes du volatile. Il pourrait s’agir d’une évocation du mouvement des ailes lors de l’envol de l’oiseau. Certains bronzes présentent une urne sous le bec de l’oiseau. Il pourrait s’agir d’une urne funéraire. Dans ce cas, l’oiseau pourrait bien être un corbeau, l’une des représentations du dieu gaulois Lug responsable entre autres du voyage vers l’au-delà. Bien entendu, aucune certitude sur cette interprétation n'est possible. Les annelets centrés, les points, les pentagrammes, les esses, les croisettes aux extrémités bouletées restent également mystérieuses mais font écho à certains bronzes carnutes à l’aigle faisant apparaitre des symboles similaires. L’oiseau est-il un aigle de ce fait ? Des questions que nous laisserons sans réponse. Figure 2 : Quelques représentations de l’oiseau sur les bronzes des Sénons. Une classification des bronzes à l’oiseau Les différentes classes de monnaies ont été successivement décrites dans le Tableau 1, ci-dessous. Il existe de nombreuses sous-variétés de ces monnaies qui peuvent être repositionnées assez facilement dans cette classification. Nous n’avons pas pu disposer d’étude de caractérioscopie (analyse des correspondances des coins utilisés). Un tel travail permettrait de déterminer si un ou plusieurs ateliers sont à l’origine de ces émissions. Tableau 1 : Classification des bronzes à l’oiseau des Sénons. Ce tableau est téléchargeable ici au format TIF pour plus de lisibilité (22,36 Mo) : 3 Tableau classes de bronzes.tif Conclusion L’étude réalisée s’appuie sur trois sources principales dans le but de caractériser les différents types de bronzes à l’oiseau des Sénons. Les documents en support rassemblent des données très conséquentes et l’étude de Bruno Foucray et Alain Bulard apporte un nouvel éclairage sur ces monnaies. On ne peut que recommander la lecture directe de cet ouvrage qui couvre de nombreux autres aspects en dépit d’un prix assez modéré (50 euros, 631 pages et de nombreuses illustrations en couleur). Le travail qu’ont réalisé les auteurs de BD-PAMOCH est tout autant louable. Cette étude synthétise pour l’essentiel les travaux issus de ces deux sources et n’apporte pratiquement pas d’éléments nouveaux. L’objectif est de fournir des clefs simples d’identification des bronzes Sénons à l’oiseau. Le territoire des Sénons était structuré autour de deux agglomérations majeures, Sens et Melun, et des sanctuaires ou lieux de culte comme à Villeneuve-au-Châtelot ou à Lieusaint. La présence significative de cette monnaie en territoire tricasse est-elle le signe que les sanctuaires drainaient des pèlerins des peuples environnants ou plutôt que les Tricasses étaient en forte interaction économique avec les Sénons, ou même une partie du territoire des Sénons redécoupée sous Auguste ? On peut probablement opter pour les trois possibilités. Cette proposition est appuyée par le fait qu’il n’existe aucun type monétaire attribué spécifiquement aux Tricasses. Il semble exister plusieurs zones d’émissions associées aux différentes classes de monnaies. Il reste cependant un travail immense à conduire concernant la caractérioscopie pour s’assurer de l’existence effective d’ateliers indépendants plutôt que d’ateliers mobiles. Il reste aussi à lier ces monnaies aux bronzes des peuples environnants circulant pendant la même période (Meldes, Carnutes au moins) et faisant apparaitre aigles et autres oiseaux sur leur revers, mais aussi des pentacles ainsi que le bestiaire de la mythologie celtique : sanglier, cerf, serpent, aigle, corbeau. Peut-on envisager que ces monnaies s’inscrivaient dans un système monétaire plus global ? Bibliographie 1. Michel Kazprzyk, Cédric Roms, Anne Delo-Ahu, Cyril Dryard, « Troyes/Augustobona, Cité des Tricasses », Gallia, 72-1, pp. 247-260, 2015. 2. Jacques Lacroix, « Les frontières des peuples gaulois », Editions Yoran, 2021. 3. Bruno Foucray, Alain Bulard, « Monnaies Gauloises en bronze de l’Ile-de-France », Revue Archéologique d’Ile de France, 6ème supplément, 2020.
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  8. Unités de compte de la Kharouba et du Ryal en passant par la Piastre espagnole et le Nasri Hafside (Aspre) (Grandeur réelle: diamètre de 14mm) Figure 01 - Kharouba en argent (1/16 Ryal) frappée à Tunis en 1163 de l’Hégire (1749 JC) sous Ali 1 Bey (1735-1756) et le sultan Mahmoud 1 (1730-1754) – Poids de 1.3 g et diamètre de 14 mm - Réf. Anonyme. Face = Indications en arabe en deux lignes: «Sultan, Fleur tulipe / Mahmoud, Fleur tulipe»; globule au centre, grènetis à points, cercle. Revers = Indications en arabe en 3 lignes: «Dhuriba (frappé), 1163 de l’Hégire correspondant à 1749 JC / Fi (à) / Tunis», tulipe, globule au centre, grènetis à points, cercle. Observation: Il existe une autre variété de la Kharouba dont la date est en bas sur le revers. En créant la Kharouba en argent de valeur 1/16 Ryal (1/16 Piastre) et son demi, de valeur 1/32 Ryal (1/32 Piastre), ainsi que la monnaie de 1/8 Ryal (1/8 Piastre), Ali 1 Bey (1735-1756) a continué le processus d’élaboration du système monétaire en argent du Ryal (encore à l’état virtuel), entamé par son prédécesseur Hussein 1er Bey (1705-1735), le fondateur de la dynastie Husseinite. Auparavant, et depuis la conquête ottomane de Tunis en 1574, ce sont les Pachas, les Deys et les Beys Mouradites qui ont gouverné jusqu’à 1705. Le poids moyen de la Kharouba à sa création était d’environ 1.4 g et son diamètre avoisinant 14 mm. Quant au titre en argent, il était aux alentours de 440 g pour mille (Billon), en baisse par rapport à la période d’Hussein 1er Bey (1705-1735) dont les monnaies en argent, le ¼ Ryal (1/4 Piastre) et le Nasri (Aspre) (1/52 Piastre), titraient aux environs de 650 g pour mille (1). L’alignement de la régence de Tunis, province ottomane, ne l’oublions pas, sur le système monétaire ottoman du Kurus élaboré plutôt sous le sultan ottoman Soliman 2 (1687-1691), a été initié à Tunis en 1716 JC, non pas par l’émission du Ryal, conçu équivalent au Kurus ottoman et à la Piastre espagnole de poids moyen de 24 à 28 g, mais par l’émission du ¼ Ryal (Rubû Ryal) de poids moyen de 6 à 7g. L’iconographie adoptée pour le ¼ Ryal est celle du ¼ Kurus reproduisant sur sa face la fameuse citation ottomane « Sultan Al Barrayne Wa Khagane Al Bahrayne » traduite en « Sultan des deux terres et Khagane des deux mers ». (Grandeur réelle: diamètre = 24 mm) Figure 02 – Rubù Ryal (1/4 Ryal) en argent, frappée à Tunis en 1142 de l’Hégire (1728 JC) sous le sultan Ahmed 3 Ibn Mohamed (1703- 1730 JC) et Hussein 1er Bey (1705-1735 JC) – Poids de 6.1 g et diamètre de 24 mm – Anonyme. Face = Indications en arabe en 4 lignes: « /Sultan / Al Barayne Wa Khagane / Al Bahrayne Al Sultan / Ahmed [le reste du nom du sultan est indiqué sur le revers: Ibn Mohamed] ; 1142 de l’Hégire /» [Traduction = « /Sultan / des deux terres et Khagan / des deux mers, le Sultan / Ahmed; (1728 JC) /»]; globule au centre, cercle grènetis sous forme d’un petit trait répétitif (et non d’un globule). Revers = Indications en arabe en 4 lignes: « /Ibn Mohamed / Khan Izza Nasrou / Dhuriba Fi / Tounes / » [Traduction = « / Fils de Mohamed / Khan, honneur à sa victoire / Frappé à / Tunis»/»]; globule au centre, cercle grènetis sous forme d’un petit trait répétitif. La date est indiquée en bas de la face de la monnaie en chiffres arabes correspondant à 1142 de l’Hégire, équivalente à 1728 JC. Il est à noter que le chiffre 4 en arabe est souvent frappé sur les monnaies avec sa ligne du bas prolongée vers la gauche et parfois en continuant vers le haut Le Ryal tunisien, conçu équivalent à la Piastre et au Kurus, a été émis longtemps après ses subdivisions (1/32, 1/16 :Kharouba, 1/8, ¼, 1/2). Il ne sera émis que sous Ali 2 Bey (1759-1782) et demeurera à l’état virtuel durant une cinquantaine d’années depuis la création du système monétaire du Ryal en 1716 par Hussein 1er Bey (1705-1735). En plus, le terme Kurus (Kirch) adopté par la réforme ottomane en Turquie, n’a pas été adopté par la régence de Tunis comme c’est le cas pour la plupart des provinces ottomanes. Le terme Ryal lui a été préféré. L’ambiguïté qui en est résulté est la confusion du Ryal tunisien, équivalent à la Piastre de 8 Reaux, avec le Real espagnol, de valeur égale à 1/8 Piastre (1/8 Ryal). C’est pour cette raison que pour le distinguer, on lui a aussi attribué également la dénomination de Ryal Sebili. En interdisant la Piastre espagnole en 1714 avant d’entamer sa réforme monétaire du Ryal par l’émission en 1716 du Rubû Ryal (1/4 Ryal), le malin Hussein 1er Ben Ali (1705-1735) s’est servi de la matière en argent de la Piastre pour en fabriquer des Nasris (Aspre) en argent, sa principale monnaie marchande d’un poids d’environ 1g et de titre moindre de 650 pour mille. La belle affaire monétaire d’Hussein 1er Bey (1705-1735) est que la fusion d’une Piastre espagnole de 28 g en argent titrée 900 g d’argent pour mille, permettait d’émettre une quarantaine de monnaies de Nasris (Aspre) de poids moyen de 1g ou 5 monnaies de ¼ Ryal de poids moyen de 7g titrant 650 pour mille. Pour rappel, les monnaies composant le système monétaire espagnol basé sur la Piastre et ses subdivisions sont les suivantes: Piastre dénommée Real de Occo ou Peso en Amérique (8 Reaux*), 1/2 Piastre (4 Reaux), 1/4 Piastre (2 Reaux), 1/8 Piastre (Real: unité de compte espagnole), 1/16 Piastre (½ Real) et 1/32 Piastre (¼ Real). *Reaux : pluriel de Real. Après la défaite des espagnols et leur départ de Tunis en 1574, la Piastre espagnole et ses subdivisions sont demeurés en circulation légale jusqu’à leur mise à l’écart en 1714 JC. Durant cette période, la Piastre était admise comme l’unité de compte principale du système monétaire beylical malgré qu’elle porte sur son revers la croix chrétienne. (Grandeur réelle: aux environs de 4X3 cm) Figure 03 – Piastre espagnole en argent de 8 Réaux de forme particulière d’environ 4X3 cm, caractéristique des frappes en Amérique espagnole du 16ème siècle, poids de 26.6 g -– Réf. ARTmedina-tounes. (Grandeur réelle: aux environs de 2X2 cm) Figure 04 - Real en argent (1/8 Piastre espagnole) de forme particulière d’environ 2X2 cm, caractéristique des frappes en Amérique espagnole du 16ème siècle, poids de 4g – Réf. ARTmedina-tounes. Ce sont les divergences fratricides entre princes Hafsides qui ont permis à Charles Quint d’envahir Tunis la Hafside en 1535 et à l’Espagne d’y rester plus d’une trentaine d’années, avant de s’incliner en 1574 devant les troupes ottomanes conduites par Sinan Pacha. Cela correspondait à l’époque où les minerais argentifères gigantesques découverts en Amérique allaient permettre à la Piastre espagnole d’envahir le monde. La reine des monnaies, plus connue par la dénomination de Peso sur le nouveau continent découvert en 1492 par Christophe Colomb, avait un poids consistant d’environ 30 grammes d’argent et était simplement fabriquée par découpage de plaques d’argent, ce qui explique sa forme irrégulière. Ce processus de fabrication, qui a perduré jusqu’à la moitié du 17ème siècle avant l’apparition des machines de frappe, a engendré des formes particulières de la Piastre et ses subdivisions qui ont circulé partout dans les provinces espagnoles et ses territoires de conquête. Tunis la Hafside sous le « protectorat » espagnole de 1535 à 1574 a ainsi « bénéficié » de cette devise universelle qui a continué à circuler légalement à Tunis sous les ottomans jusqu’à sa mise à l’écart en 1714 au profit du Ryal beylical Husseinite. Durant le 17ème siècle synonyme de la période des Pachas, Deys et Beys Mouradites et à côté de la Piastre espagnole admise comme l’unité de compte principale de la régence de Tunis, c’est le Nasri (Aspre) en argent équivalent à 1/52 Piastre, d’origine Hafside et de forme carrée (parfois rectangulaire) qui s’est imposé comme unité de compte secondaire en argent et ce, jusqu’à la création de la Kharouba (1/16 Ryal équivalent 1/16 Piastre) par Ali 1er Bey (1735-1756) comme ci-dessus mentionné. (Grandeur réelle: cotes de 14 X 14 mm) Figure 05 - Nasri en argent (billon) sans indication de la date, du lieu et du gouvernant ce qui rend son attribution assez difficile, voire impossible. - Attribué à la période Hafside du 16ème siècle sur la base de ses cotes de 14X14 mm et ce, selon la méthode formelle d’attribution des Nasris par Monhel* - Les Nasris Hafsides ont été créés depuis le 13ème siècle et n’ont été écartés à Tunis qu’au début du 19ème siècle - Réf. ARTmedina-tounes ; monnaie transformée en pendeloque pour bijoux ethniques de Tunisie. *Méthode formelle développée en annexe 05 du cahier artistique ARTmedina-tounes n°03 « Système monétaire de la régence de Tunis 1574-1891 », Moncef Helioui, 2020, Amazon. Sans aucun doute, la Piastre espagnole, le Nasri (Aspre) Hafside, la Kharouba et le Ryal beylicaux sont des monnaies emblématiques du système monétaire de la Régence de Tunis sous la période ottomane de 1574 à 1891. Ils ont fait partie de la vie quotidienne des tunisiens durant plus de 3 siècles. Elles font partie intégrante du patrimoine culturel numismatique et archéologique de Tunisie. Un patrimoine numismatique riche, malheureusement délaissé sur le plan de la communication. Que dire alors de la promotion de la numismatique en Tunisie ? Un aspect de la réponse a été développé par l’auteur dans l’annexe 15 de son cahier artistique n°03 (2). Le dit cahier artistique n°03 s’est investi par ailleurs sur la clarification des dénominations et des valeurs des monnaies beylicales posant des problèmes de confusion. On confond encore le Nasri Hafside en argent, dénommé Aspre par les commerçants européens de l’époque, avec le Nasry d’Ahmed 1er Bey (1737-1755) que d’autres nomment Nasiri. Par ailleurs, on remarque souvent sur les catalogues de numismatique que l’attribution de la valeur monétaire se fait par rapport à la Kharouba, l’unité de compte secondaire. Même le Ryal, l’unité de compte principale, est mentionné par sa valeur de 8 Kharoubas. Malgré l’émission effective par Ali 2 Bey (1759-1782) du Ryal (équivalant à la Piastre), l’unité de compte principale du système monétaire beylical en argent depuis le début du 18ème siècle, la plupart des catalogues continuent à attribuer la valeur des monnaies beylicales non pas par rapport au Ryal, mais par rapport à la Piastre espagnole, l’unité de compte principale admise au 17ème siècle et écartée en 1714 JC. Ceci dénote certainement une preuve d’attachement et d’admiration à cette emblématique monnaie espagnole universelle qui a fait partie légale du système monétaire beylical de Tunis et qui a été tant partagée par les deux mondes de l’époque depuis la découverte espagnole de l’Amérique et ses gigantesques minerais argentifères. Monhel Références : 1 Abdelhamid Fenina, 2003, « Les monnaies de la régence de Tunis sous les Hussaynides, études de numismatique et d’histoire monétaire (1705-1891) », Tunis, 456 pages, 12 planches. 2 Moncef Helioui, 2020, Cahier artistique ARTmedina-tounes n°03 : « Système monétaire de la régence de Tunis (1574-1891) », Amazon, 344 pages, 182 figures. Prochains suivants : II : Système monétaire beylical de Tunis (1574-1891) – Unités de compte en cuivre III : Système monétaire beylical de Tunis (1574-1891) – Unités de compte en or
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  9. Depuis longtemps, la Mandchourie fait partie de la Chine. En 1931, le Japon en pleine expansion a déjà annexé la Corée (un seul pays à l’époque) et prend prétexte de l’instabilité politique en Mandchourie pour l’envahir et la déclarer indépendante de la Chine. La Dynastie chinoise des Qing était d’origine mandchoue (sous leur règne le nom des ateliers où sont fabriqués les cashs sont écrits en caractères mandchous). Le dernier empereur de cette dynastie Pu Yi, démis par les républicains en 1911 est récupéré par les japonais. Placé à la tête du gouvernement en 1932 et sacré empereur deux années plus tard. Pu Yi est le héro du film de Bertollucci « Le dernier Empereur » Carte (carte : source Wikipédia) Parmi les causes de l’implication du Japon dans la seconde guerre mondiale, il faut noter le surpeuplement du pays. Si l’archipel nippon semble grand sur une carte, il est très montagneux et les régions habitables et cultivables sont peu nombreuses. Une autre cause est le manque de matières premières qui freinait le développement industriel du pays. La Mandchourie, riche en minerais sera surexploitée par les japonais et la région relativement peu habitée va se faire coloniser par des fermiers nippons. Le pays vers la fin de la guerre va connaître de sérieuses pénuries liées à la dégradation de la situation militaire. Le métal aura des utilisations beaucoup plus urgentes que la fabrication de monnaies. L’aluminium des « fens» (la monnaie mandchoue) sera remplacé en 1944 et 1945 par des fibres compactées qui évoquent le carton. Si pour des pièces en circulation, le fait est rare, pour des jetons de rationnement et des jetons de bus (good for one fare), à la même époque, les américains utilisaient le même procédé. 1 fen de 1945 (17 mm) 5 fen de 1945 (20 mm) Texte, photographies et collection : 33sud
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  10. En Chine, le 20 août 1966, Mao Zedong appelle les Gardes rouges à détruire les "Quatre vieilleries" : les "vieilles idées", la "vieille culture", les "vieilles coutumes" et les "vieilles habitudes". Tout objet d'avant 1949 (prise du pouvoir par les communistes) et ayant le moindre lien avec la culture ou l'intelligence doit être détruit, parce qu'il est le produit d'une société non communiste. La détention de tels objets peut signifier la mort, selon le bon vouloir de l'équipe de Gardes rouges qui les découvre. Nous sommes dans les premières semaines de la "Grande révolution culturelle prolétarienne" qui durera dix ans et sera tant admirée en Occident. Un très grand nombre de monuments historiques est alors détruit, les livres et peintures brûlés en public, le corps de Confucius, mort depuis près de 2500 ans, sorti de la tombe et profané. Les statues de pierre sont brisées, celles en métal sont fondues ; la totalité des opéras, pièces de théâtre, films sont interdits et remplacés par huit ballets et opéras gouvernementaux. A peu près tous les établissements d'enseignement ferment. Quand ils rouvrent enfin, les cours de mathématiques, physique et chimie y sont supprimés, les connaissances devant se limiter à l'industrie et l'agriculture. Pendant plusieurs années, tous les livres sont interdits en-dehors des manuels d'industrie, d'agriculture et de ceux écrits par Mao et quelques-uns de ses proches. Les enseignants et tout lettré sont torturés en public ou en prison, et parfois mutilés et tués. Le cannibalisme d'humiliation se répand, soutenu par des bureaux locaux du Parti communiste. Pourtant, à l'échelle de la Chine, certains traverseront la tempête, parfois avec leurs collections... On ne sait pas toujours comment. Dans le Liaoning, au nord de la Chine, en 2009 et 2010, j'ai fréquenté assez longuement une Chinoise née au tout début des années 60. Son père lui avait appris à lire clandestinement pendant la Révolution culturelle avec les livres classiques qu'il cachait au péril de sa vie. Pour cette raison, elle est toujours la seule que je connaisse de sa génération à lire les idéogrammes traditionnels supprimés en 1964, après une première réforme très limitée en 1956. En 1976 Mao meurt, à partir de la fin 1977 il est permis de critiquer la Révolution culturelle et en décembre 1978, Deng Xiaoping amorce un net tournant vis-à-vis de l'époque maoïste. C'est alors que certains intellectuels et certains objets peuvent revenir au grand jour en Chine. C'est ainsi qu'en décembre 1979, "La Chine en construction", mensuel chinois en français destiné à la propagande en Occident, consacre un article non signé à la donation faite à l'Etat par un numismate de 73 ans, Qu Huichuang. Il collectionnait depuis les années 1920, à travers plusieurs décennies de guerre civile et d'invasion. "La Chine en construction", décembre 1979. Vous pouvez cliquer sur la photo pour l'agrandir et lire l'article. Cet "acte patriotique" lui vaut un certificat d'honneur et une prime de 8 000 yuans. C'est une belle somme : en 1972, le revenu annuel moyen d'une famille paysanne de 12 personnes (enfants inclus, et c'est avant la loi sur l'enfant unique) est de 1093 yuans dans la brigade de production qu'interroge Maria-Antonietta Macciocchi ; en 1981, un cheminot retraité perçoit 90 yuans de pension mensuelle, son salaire était de 120 yuans en fin de carrière, tandis que sa fille et son gendre dont les métiers ne sont pas précisés gagnent environ 100 yuans mensuels à deux ("La Chine aujourd'hui"); en 2009, dans une très grande ville je mangeais un repas pour 7 yuans. On voit par les photos illustrant l'article que la collection de Qu Huichuang semblait couvrir tout ce qui était chinois et en lien avec la monnaie, des monnaies archaïques à nos jours, et des billets médiévaux à nos jours en incluant les émissions des innombrables entités de la guerre civile, nationalistes inclus. L'article ne permet toutefois pas de savoir si les "gouvernements fantoches" collaborateurs des Japonais en faisaient aussi partie. 33sud évoque par exemple une curiosité de leur monnayage ici https://www.numismatique.com/articles/monnaies_11_11_11_11/monnaies-de-fibre-rouge-du-mandchoukouo-r33/ Il n'est pas aisé de trouver d'autres informations sur Qu Huichuang. Selon la base de données de l'American Numismatic Society, en 1985 il publie avec Wang Yicheng "A preliminary probe on currency theory of ancient China", dont l'existence est enregistrée sans autre information hélas. Et à l'été 2003, la lettre d'information de l'Oriental Numismatic Society signale l'hommage qui lui est rendu dans la revue chinoise "Zhongguo xianbi" de mars 2002 par trois de ses compatriotes, qui le qualifient de "one of China's greatest collectors of money" en lui attribuant comme dates "1903-1994". Cette date de naissance ne correspond pas à celle d'un homme qui avait 73 ans en décembre 1979, mais ceux qui connaissent la Chine ne s'en formaliseront pas. Cette recension affirme aussi que la donation de 1979 portait sur 10 000 pièces, tandis que l'article de 1979 la limite à 3 400. Je ne suis pas en mesure de savoir si la donation initiale a été complétée après la rédaction de l'article de 1979, ou si c'est la méthode de décompte qui a été modifiée. On voit dans l'article que les monnaies étaient présentées sur des feuilles qui pouvaient en compter parfois plus d'une dizaine ; 3 400 est-il le nombre de feuilles et 10 000 le nombre d'objets monétaires ? Quels que soient la date de naissance de Qu Huichuang et surtout le quantum de sa donation, on peut apprécier la rareté de l'évocation publique d'une numismatique en Chine à cette époque, et ce qu'ont représenté la constitution puis la préservation de cet ensemble à travers 50 ans de guerres et de persécutions. Et l'Histoire nous fait un clin d'oeil : Xi'an, la ville de Qu Huichuang, c'est aussi l'antique capitale des Zhou occidentaux, des Qin, des Han et des Tang, et c'est dans ses environs que se trouvent la tombe du Premier empereur et son armée en terre cuite. Bibliographie Ancient Chinese coins, site incluant une base de données issue de l'American Numismatic Society, site internet consulté en juin 2020 http://chinesecoins.lyq.dk/ANS_China_index_bibliografi.htm DAI Sijie, Balzac et la petite tailleuse chinoise, Gallimard – Paris, 2000 La Chine aujourd'hui, De la jeunesse à la retraite, collectif sous la direction de Fa Wen Bu, Beijing information – Beijing, 1983 La Chine en construction, décembre 1979, collectif sous la responsabilité de Soong Ching Ling, Centre des publications de Chine – Beijing, 1979 MACCIOCCHI Maria-Antonietta, De la Chine, Editions du Seuil – Paris, 1974 Oriental Numismatic Society, site internet consulté en juin 2020 http://orientalnumismaticsociety.org/JONS/Files/ONS_176.pdf Wikipédia
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  11. [nbpagination_toc="Contexte Préliminaire à l'apparition du franc"] Monnaie d’or, le franc est né non comme on pourrait le penser dans une période riche et prospère, mais dans une période particulièrement troublée, celle de la guerre de Cent Ans. Il me parait important de revenir sur ce conflit ainsi que sur les causes économiques et sociales qui ont précédé son introduction. Le franc étant une monnaie royale en or, nous en profiterons pour faire un petit aperçu succinct et rapide du monnayage d’or l’ayant précédé ou cotoyé. Contexte préliminaire à l’apparition du franc : Philippe II Auguste (r.1180-1223) introduit la notion de monnaie royale à la fin du XIIème siècle afin d’affermir la puissance royale. Les deniers (parisiis et tournois) vont régner en maître alors que les monnayages locaux sont appelés à progressivement disparaître. Louis IX (Saint Louis, r.1226-1270) poursuivra cette politique monétaire, tout en l’améliorant : fabrication de monnaies d’or (Écu d’or), fabrication de gros tournois de 12 deniers, ces dernières étant interdites de frappe hors du domaine royal. Enfin l’utilisation des monnaies féodales est autorisée, mais uniquement dans le lieu d’émission. Écu d'or de Saint Louis (département des monnaies, Bibliothèque Nationale de France) À la fin du XllIème siècle, Philippe le Bel (r.1285-1314) s'engage dans une politique militaire onéreuse contre l'Aquitaine anglaise et la Flandre. Afin de maintenir ses revenus monétaires, et pallier l’augmentation du cours des métaux précieux, le roi pratique des réajustements et des mutations (dévaluations successives, réévaluations partielles, baisse de poids en métaux précieux), ce qui perturbe fortement l’économie du pays, les règlements devant s’effectuer à la valeur de la monnaie au moment de la passation du marché. Philippe Le Bel C’est une période faste pour la création de monnaies notamment en or, que Philippe le Bel fait battre en quantité : Petit royal, Masse d’or (grand royal), Chaise d’or, Florin d’or à la reine, Petit royal debout, Agnel d’or… La monnaie de billon sera très abondante (le billon étant un alliage d’argent, de cuivre et de plomb), mais sa teneur en argent diminuera progressivement. Quelques exemples de monnayage d'or sous Phillipe le Bel : Petit royal Masse d'or Chaise d'or Florin d'or à la Reine Agnel d'or (toute illustration : www.vinchon.com) Les successeurs de Philippe le Bel essaieront bien de revenir à plus de stabilité, mais sans grand succès. C’est Philippe VI qui parviendra à stabiliser les cours et rétablira une monnaie saine. Provisoirement toutefois, car lors du déclenchement de la guerre de Cent Ans, Les problèmes financiers du règne de Philippe le Bel réapparaîtront avec une toute autre ampleur… [nbpagination_toc="Prémices à la guerre de Cent Ans"] Prémices à la guerre de Cent Ans : En 1328, la mort sans héritier de Charles IV (r. 1322-1328), fils de Philippe le Bel et dernier des Capétiens mâles en ligne directe est directement la cause de la guerra de Cent Ans. Deux prétendants au trône sont alors en lice : Philippe de Valois, plus proche héritier de la lignée masculine, et le roi d'Angleterre Édouard III (1327-1377), qui fait valoir ses droits à la succession en tant que petit-fils de Philippe le Bel : la fille de Philippe le Bel, Isabelle de France, a été offerte en mariage à Édouard II d’Angleterre. Arguant une ancienne loi franque, dite "loi salique", qui exclue de la succession au trône de France la descendance par les femmes, Philippe de Valois est élu par les pairs du royaume roi de France sous le nom de Philippe VI. Édouard Ill, roi d’Angleterre, maître de la Guyenne, doit alors lui prêter allégeance (avec une certaine réticence, on peut l’imaginer). Lorsque Philippe VI de Valois arrive au pouvoir, il trouve un pays prospère et puissant tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. On copie le système de bonne monnaie prôné par Saint Louis, et de nombreuses et magnifiques monnaies d’or sont frappées à cette période (beaucoup seront d’ailleurs reprises par son successeur…) Néanmoins le jeu des mutations monétaires ne tarde pas à recommencer, et à partir de 1328, la monnaie commence à perdre de la valeur, jusqu’à 4/5 en 1342 (l’or quadruplera sa valeur sur cette période). A cette date, un nouveau conflit a éclaté entre le royaume de France et celui d’Angleterre : dès l’accession au trône de Philippe VI, ce dernier reprend la politique capétienne traditionnelle. Différents conflits, intéressant dans un premier temps l’Écosse mais surtout le duché de Guyenne, font monter la tension entre les Valois et les Plantagenets : la Guyenne, possession anglaise depuis 1188, est en effet à l’origine d’un conflit larvé entre les deux monarchies depuis plusieurs générations. Le soutien apporté par le royaume de France aux écossais contre les anglais incite Édouard III à rappeler ses prétentions au trône de France. Par mesure de répression, Philippe VI de Valois annexe alors la Guyenne. Commencent alors cent seize années de conflits qui verront s’alterner périodes de guerre et de trêve. Monnayage d'or de Philippe Vi : Royal d'or Parisis d'or Lion d'or Pavillon d'or Couronne d'or Écu d'or à la chaise Ange d'or Florin Georges Chaise d'or (toute illustration : www.vinchon.com) [nbpagination_toc="La guerre de Cent Ans"] La Guerre de Cent Ans Le début de la guerre n’est guère favorable au royaume de France, les défaites se succédant les unes aux autres implacablement : destruction de la flotte française à Lécluse en 1340, qui laisse les mains libres à l’Angleterre sur mer, défaite de Crécy en 1346, où les archers anglais déciment la cavalerie française. Dans la foulée, Calais tombe aux mains anglaises après 11 mois de siège (la ville restera anglaise pendant près de 2 siècles). La guerre est menée sous forme de raids, sans occupation du territoire, hormis certains points stratégiques. Ces raids sont dévastateurs et ruinent les régions traversées. Les périodes de trêves n’offrent pas plus de répit à la population, les soldats et mercenaires démobilisés s’organisant en bande qui mettent le pays en coupe réglée, pillant et semant la terreur. Pour compléter ce tableau déjà bien sombre, ajoutons qu’une grande épidémie de peste s’abat sur la France, achevant un petit peu plus une population déjà bien éprouvée… La Bataille de Crécy, le 26 août 1346 La peste noire de 1346-1352 ( Miniature extraite de la seconde chronique de Gilles le Muisit (1272-1352), abbé de Saint-Martin de Tournai. Manuscrit latin. ) Les mutations monétaires s’accélèrent et s’amplifient au rythme des défaites : on totalisera 85 mutations entre 1337 et 1380 ! La guerre ruinant le pays, de nouveaux impôts sont levés. Ces mesures rendent le pouvoir fort impopulaire après de la population et des acteurs économiques, ce qui aura une influence ultérieurement. En 1355, le fils d’Édouard III, le Prince de Galles dit le Prince Noir, débarque en Aquitaine et dévaste la région. Dans une tentative pour contrer cette incursion, l’armée royale avec à sa tête le roi Jean II « le Bon » (successeur de Philippe VI) affronte l’armée anglaise près de Poitiers le 19 septembre 1356 : la bataille tourne au désastre pour l’armée française qui est écrasée, et le roi est capturé ! La bataille de Poitier, le 19 septembre 1356 [nbpagination_toc="Le traité de Brétigny et la création du franc"] Le traité de Brétigny et la création du franc Capture du roi Jean II le Bon, à l'origine du traité de Brétigny. Suite à la capture du roi Jean II, le dauphin Charles est nommé régent du royaume. Ce dernier doit faire face à de nombreuses difficultés : - en tout premier lieu, il faut lever la rançon du roi qui a été fixée à 4 millions de livres, soit plus de 16 tonnes d’or, somme considérable. - une révolte paysanne se propage autour de Paris, en Normandie et en Champagne (la Jacquerie). - le roi doit ensuite réprimer un soulèvement contre sa personne, initié à Paris par Étienne Marcel. C’est dans ce contexte qu’une armée anglaise débarque à Calais. Le régent Charles n’a guère le choix : la France est ruinée, en crise politique et sociale. Malgré une victoire stratégique contre l’armée du roi Édouard III, il faut conclure la paix avec l’ennemi anglais. Le traité de Brétigny est signé le 8 mai 1360, accordant à l’Angleterre des concessions territoriales (le tiers du royaume appartenant désormais à l’Angleterre), la rançon pour la libération de Jean II étant abaissée à « seulement » 3 millions de livres (soit tout de même la bagatelle de 12,5 tonnes d’or…). A cause de son repli dans le nord de la France, Édouard III renonce également à ses prétentions sur le trône de France. Après un premier versement de 400.000 livres en écus, Jean II est libéré sur parole et peut rejoindre le royaume le 25 octobre 1360, laissant tout de même derrière lui des otages en captivité à Londres, dont son frère et ses trois fils. De passage à Compiègne, il signe trois ordonnances le 5 décembre 1360 pour réintroduire un monnayage stable et de bonne qualité : - Généralisation de la gabelle (impôt sur le sel) et levée d’un impôt direct sur chaque foyer fiscal : le « fouage », - Renforcement des deniers d’argent, - Création d’une nouvelle pièce en or : le franc, en référence à la liberté retrouvée du roi (comme il est spécifié dans l’ordonnance royale : « Nous avons été délivré à plein de prison et sommes franc et délivré à toujours » […] « Nous avons ordonné et ordonnons que le Denier d'Or fin que nous faisons faire à présent et entendons à faire continuer sera appelé Franc d'Or »), établi à la valeur d’une livre tournois, soit 20 sols tournois, ou 240 deniers. De par son graphisme, la monnaie est rapidement appelée « franc à cheval ». La volonté du roi est de fixer un rapport le plus fixe possible entre l’or et l’argent, afin garantir une certaine stabilité. Il suit en cela les préconisations de son conseiller Nicolas Oresme, clerc, philosophe et économiste qui prône l’arrêt des mutations, afin de permettre à la monnaie de lutter contre les monnaies étrangères, notamment le florin de Florence qui domine l’Europe. Les anciennes monnaies ont vocation à être refondue, pour que seule la nouvelle monnaie circule. [nbpagination_toc="Le franc à cheval"] Le Franc à cheval Il s'agit d'une pièce de 3,88 grammes d'or (soit 63 pièces pour 1 marc d'or, le mac d'or équivalant à à une demie livre, soit environ 245 grammes), au titre de 24 carats (1000/1000ème). Les premiers francs à cheval sont frappés en février 1361. Il existe également une pièce nommé « grand franc d'or », de graphisme identique, mais d'un poids et d'un diamètre plus élevés (5,83g soit 42 pièces pour 1 marc d'or). Ces deux monnaies sont mentionnées dans l'ordonnance du 10 avril 1361 : « Pour ce est il que nous qui voulons que chascun saiche que nous qui avons très parfaite entention et bonne volonté de tout nostre povoir faire tout au plaisir du Dieu et au bien et prouffit commun de tout le peuple de nostre dit royaume, que iceulx puissent estre en bonne union et tranquillité , et que par le fait et mutacion de nostre dite monnoye, d'ores en avant, ne puisse estre grevé ni affaibli, mais puisse et doye le fait et gouvernement d'icelles demeurer et arrester en ung estat ; par très grant et bonne délibération eüe par plusieurs fois avec plusieurs prélats, barons, bourgeois et aultres à ce cognoissants, en considérant tout ce qui est à considérer, avons volu et ordonné et par ces présentes volons et ordonnons, et à tous quels que ils soient, tant de nostre lignage comme d'autres, qu'ils ne soient tant osés ni si hardys, surtout ce en quoy ils se peuvent mesfaire envers nous, de prendre ou mettre en appert ou en couvert pour aucun prix, sinon au marc pour billon, depuis la publication de ces présentes, et pour le prix que nous leur avons donné et qui s'en suit ci-après : c'est assavoir les francs d'or que nous avons fait faire, faisons et ferons faire d'ores en avant, n'ayent cours et soient pris ou mis que pour seize sols parisis la pièce tant seulement, ainsi comme ordonné avons paravant ; et aussi les autres grands francs d'or que nous avons ordonné estre faits des quels les deux sont et seront d'autelle valeur comme les trois francs de seize sols dessus dits, ne soient pris et mis que pour vingt-quatre sols parisis et non pour plus, etc. » Et aussi dans celle du 14 avril 1361 : « Que l'en face faire et ouvrer francs d'or fin de 63 de poids au dit marc, autels comme nous avons fait et faisons faire à présent, qui auront cours pour vingt sols tournois la pièce, si comme nous leur avons ordonné par avant ; et avec ce que l'en face faire et ouvrer francs d'or fin, plus grands les quels seront de quarante-deux pièces de poids au dit marc, et auront cours pour trente sols tournois la pièce, en y mettant différence, et en donnant en chacun marc d'or fin soixante livres tournois , etc. » La pièce est d'une certaine manière originale, car c'est la première monnaie à représenter le roi chevauchant l'arme à la main. Les représentations royales existaient auparavant, mais montrant toujours le roi assis ou debout, ne portant ses armes que sur l'écu d'or à la chaise de Philippe VI. Cette représentation équestre est plutôt l'apanage des sceaux utilisé à cette période. C'est également la première monnaie à porter le nom de franc. Jean II, Franc d'or à cheval, 1361-1364, atelier non connu. Diamètre 28,7 mm, poids 3,85 g. (Coll. personnelle) L'avers représente le roi en chevalier en arme, chargeant pour aller au combat (vers la gauche), portant une tunique fleurdelisée et un heaume couronné et surmonté d'une fleur de Lys (celle-ci se trouvant dans la légende de la monnaie. Le cheval du roi est recouvert d'un caparaçon, également fleurdelisé. En légende, on trouve l'inscription « IOHANNES : DEI : GRATIA : FRANCORV : REX », que l'on peut traduire par « JEAN, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DES FRANCS ». La devise latine est la règle à l'époque. On remarquera l'absence de numérotation du souverain, ce qui est normal à l'époque. Cette numérotation commencera à apparaître sous Louis XII, et sera généralisée sous Henri II (ordonnance royale de 1549). La mention « DEI GRATIA » rappelle que le roi tient son pouvoir directement de Dieu, et qu'il ne reconnaît par conséquent dans son royaume aucune autre autorité supérieure. Le revers est plus classique : il reprend globalement les codes utilisés à partir du monnayage royal de Saint Louis. On y retrouve une croix végétale, au cœur quadrilobé, entourée d'un quadrilobe orné de palmettes, cantonné de 4 trèfles. La légende porte l'inscription « + XPC*VINCIT*XPC*REGNAT*XPC*IMPERAT », qu'il faut lire « CHRISTUS VINCIT CHRISTUS REGNAT CHRISTUS IMPERAT » et qui se traduit « CHRIST VAINC CHRIST RÈGNE CHRIST ORDONNE ». Il s'agit là d'une acclamation prononcée lors des fêtes religieuses de Pâques. Utilisée au revers du monnayage royal d'or sous Saint Louis et sous cette forme jusqu'au règne de Charles IX, la formule (et également la croix) fait encore une fois référence au caractère divin du roi. [nbpagination_toc="Après le règne de Jean II le Bon"] Après le règne de Jean II le Bon Le duc d'Anjou, fils de Jean II le Bon, s'étant enfui de sa prison londonienne, le roi tint sa parole et alla se reconstituer prisonnier en Angleterre en janvier 1364. Il y meurt peu de temps après le 8 avril 1364. Charles V lui succède. Ce dernier poursuit un temps la frappe des francs à cheval, bien que ceux-ci ne soient plus destiner à payer une rançon inutile (l'otage étant décédé) et au final jamais complètement honorée. Le franc à Cheval de Charles V est identique à celui de Jean II, à l'exception de la légende de l'avers qui porte désormais l'inscription « KAROLVS : DEI : GRATIA : FRANCORV : REX ». Charles V, franc à cheval, 1365 Dès 1865, le roi Charles V ordonne la frappe d'un nouveau modèle de franc qui prends le nom officiel de « denier d'or aux fleurs de lys », mais qui sera rapidement plus connu sous le nom de « franc à pied ». Ce franc garde les caractéristiques techniques de son prédécesseur. Charles V, franc à pied L'avers porte désormais l'image du roi de France, portant une tenue fleurdelisée et tenant dans ses mains les attributs royaux, debout sous un dais gothique décoré de fleurs de Lys. La légende porte l'inscription « KAROLVS x DI GR : FRANCORV x REX » (« CHARLES PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DES FRANCS ». Le revers change légèrement : la croix est désormais cantonnée de 2 couronnes et de 2 fleurs de lys, et entourée d'un quadrilobe anglé cantonné de 8 fleurs de Lys. Le franc d'or a coïncidé avec une période de redressement financier du royaume, et le terme reste dès lors dans les mémoires. A la mort du roi Charles V, le franc disparaît pour être remplacé par l'écu d'or à la couronne sous Charles VI. La guerre de Cent Ans poursuit ses ravages, tant militaires que financier. Il faut attendre le règne de Charles VII et l'intervention de Jeanne d'Arc pour que l'ennemi anglais reflue lentement. Sous le règne de Charles VII est émis un nouveau franc à cheval, en 1423, dont la frappe est rapidement abandonnée au profit de l'écu d'or. Charles VII, franc à cheval. Exemplaire du cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale de France Avers : KAROLVS D - EI.GRACI.FRACORV.REX Charles VII, écu d'or à la couronne (ou écu neuf) Le franc disparaît alors pour une période de plus de 150 ans... [nbpagination_toc="La réintroduction de Henri III"] La réintroduction de Henri III C’est en 1575 et sous le règne de Henri III(r. 1574-1589) qu’une réflexion est engagée afin de lutter contre l’instabilité monétaire et la hausse des prix : en 1577, le pouvoir décide d’introduire une nouvelle monnaie, l’écu d’or, et d’exprimer toute somme en cette unité, un écu d’or valant trois livres soit 60 sous. Le franc est réintroduit en lieu et place du teston, non plus sous forme de monnaie d’or, mais sous la forme d’une pièce d’argent. Elle prendra dès lors le nom de « franc blanc ». Sa valeur est d’une livre tournois. Il s’agit d’une pièce de 14 grammes en argent, portant au revers le profil tourné à droite d’Henri III, la tête ceinte d’une couronne de laurier. La légende porte l’inscription « HENRICVS. III. D. G. FRANC. ET. POL. REX. » (« HENRI III ROI DE FRANCE ET DE POLOGNE PAR LA GRACE DE DIEU »). Le millésime se trouve à 6h dans la légende, la lettre d’atelier sous le buste. Un petit mot sur la légende et ce titre de roi de Pologne : Henri, à l’âge de 21 ans est candidat à la succession du trône de Pologne, et est élu le 11 mai 1573 roi de Pologne Lituanie. A la mort de son frère Charles, décédé sans descendance mâle, il rejoint la France abandonnant de facto la charge de roi polonais (un nouveau sera élu dès 1575) pour reprendre la couronne de France en mai 1574. Au revers, on trouve une croix formée de 4 éléments feuillus et fleurdelisés, et d’un H en cœur. En légende « + SIT. NOMEN. DOMINI. BENEDICTVM » (« BÉNI SOIT LE NOM DU SEIGNEUR »). Il existe bien entendu des variantes à ces légendes, selon les ateliers, il serait long et fastidieux de toutes les recenser… Conjointement sont créés des « demis francs » et des « quarts de franc » : les poids sont respectivement de 7 et de 3,5 grammes. Le graphisme est identique, mais les pièces sont bien évidemment plus petites. Dès 1586, la frappe des francs d’argent est suspendue : trop souvent rognés, le régime ne laisse en place que les modules d’un demi et d’un quart de franc. Henri III, Franc au col fraisé, 1580, atelier de Toulouse (M). Diamètre 36mm, poids 13,94g. ©monaiesdantan.com Henri III, Demi-franc au col plat, 1587, atelier de Toulouse (M). Diamètre 29mm, poids 6,86g. ©monaiesdantan.com Henri III, quart de franc au col plat, 1587, atelier de Bordeaux (K). Diamètre 26mm, poids 3,27g. ©monaiesdantan.com L’assassinat du roi Henri III par le moine Jacques Clément en 1589 propulse Henri III de Navarre sur le trône de France, sous le nom de Henri IV. C’est la fin de la dynastie des Valois, et l’avènement de celle des Bourbons. C’est une période trouble, nous sommes en pleine guerre de religions, et la nomination de Henri de Navarre, chef du parti protestant, sur le trône de France ne va pas sans provoquer de trouble : la Sainte union (catholique) refusant de reconnaitre Henri IV, et choisit pour successeur à la couronne l’oncle de Henri de Navarre, le cardinal Charles de Bourbon. Ce dernier aurait du régner sous le nom de Charles X, mais meurt en 1590, sans avoir pu exercer ses fonctions. Durant cette année 1589, on voit ainsi un monnayage frappé au nom de Henri III, mais également à partir de 1590, émanant d’ateliers ligueurs, des frappes au nom de Charles X. Certaines de ces monnaies seront encore frappées bien longtemps (1598) après la mort de Charles de Bourbon. Henri IV, qui n’a plus de réel opposant sérieux, reconquiert patiemment son royaume, avec la prise de Paris en 1594. C’est après l’adoption de l’Édit de Nantes en 1598, qu’une certaine paix peut s’installer dans le royaume de France. Ce n’est qu’à parti de ce moment que le roi peut s’attacher à restaurer un système monétaire sain : il reprend le système en vigueur sous Henri III, qui voit cohabiter 2 système fondés le premier sur les demi-franc et quart de francs, le second sur l’écu est ses divisions. Le graphisme des francs reste globalement le même, la légende de l’avers devenant « HENRICUS IIII D. G. FRANC. ET. NAVA. REX pour « Henri IV, roi de France et de Navarre » (variantes possibles « FRANCO. ET NAV. REX. par exemple…) Henri IV, demi franc, 1603, atelier de Toulouse (M). Diamètre 31mm, poids 6,90g. ©monaiesdantan.com Henri IV, quart de franc, 1604, atelier de Montpellier (N). Diamètre 26mm, poids 3,40g. ©inumis.com Le franc demeure peu utilisé durant le règne d’Henri IV, et est frappé de manière irrégulière. Juste à titre de complément, j’illustre l’autre grand type de monnaie en circulation : les quarts et huitièmes d’écu : Henri IV, quart d’écu, 1606, atelier de Bayonne (L). Diamètre 28mm, poids 9,46g. AVERS : + HENRICVS.IIII.D.G.FRANC.E.NAVA.RX. Croix formée d'un quadrilobe en cœur et de quatre éléments feuillus. REVERS : SIT NOMEN DOMINI BENEDITVM. Ecu de France couronné et accosté de II - II Lettre d'atelier à la pointe de l’écu. © monaiesdantan.com Henri IV, huitième d’écu Béarn, 1606, atelier de Morlaas (M). Diamètre 25mm, poids 4,70g. AVERS : HENRICVS. 4. D. G FRANC. ET. NAVA. REX. DB. Croix fleurdelisée. REVERS : GRATIA. DEI. SVM. Q. ID. SVM (millésime). Ecu couronné de France-Navarre-Béarn, accosté de V - III. © monaiesdantan.com [nbpagination_toc="La réforme monétaire de Louis XIII"] La réforme monétaire de Louis XIII Au début de son règne en 1610, le roi Louis XIII maintient le système en vigueur, à savoir une cohabitation entre écus d’or, d’argent, demi et quart de franc. C’est une période financièrement trouble, les finances publiques étant plombées par les dépenses énormes, notamment militaires : l’érection de fortification bastionnée, multiplication des effectifs armés etc. La France s’engage en 1630 dans la guerre de trente ans visant à affaiblir l’empire autrichien. L’importante circulation de monnaies étrangères, les variations de prix des métaux précieux et les dépenses croissantes de la Cour déstabilisent sans cesse la monnaie. L’avers des demi et quart de francs reste du même type que précédemment, le buste changeant bien évidemment, et la légende devenant « LUDOVIC. XIII. D. G. FRAN. ET. NAVA. REX. » (« LOUIS XIII ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE PAR LA GRACE DE DIEU »). La lettre d’atelier se trouve à 6h, sous le buste. Au revers, on trouve une croix formée de 4 éléments feuillus et d’un L en cœur. En légende « + SIT. NOMEN. DOMINI. BENEDICTVM » (« BÉNI SOIT LE NOM DU SEIGNEUR ») et l’année de millésime. Il existe encore une fois bien entendu des variantes à ces légendes, selon les ateliers. Louis XIII, demi franc au col fraisé, 1613, atelier de Rouen (B). Diamètre 26mm, poids 6,87g. ©monaiesdantan.com Louis XIII, quart de franc, 1641, atelier de Toulouse (M). Diamètre 25mm, poids 3,49g. ©monaiesdantan.com C’est dans ce contexte que le roi émet un édit le 31 mars 1640, réévaluant l’or et visant à assainir la circulation des monnaies. Cette ordonnance porte sur la création de trois pièces à l’effigie de Louis XIII (et portant son nom) : le demi-Louis de 5 livres, le Louis de 10 livres et le double Louis de 20 livres. L’or sera fourni par la refonte massive des anciens écus d’or et du monnayage d’or étranger (notamment les pistoles espagnoles). A noter qu’il existe des monnaies dites « de plaisir » (car servant à la table de jeu du Roi) de 40 ou 80 livres tournois (quadruple et octuple Louis). Cette ordonnance est suivie le 23 septembre 1641 d’une seconde qui créé une nouvelle espèce d’argent : le Louis d’argent, plus communément appelé écu. L’écu vaut 60 sols, et ses subdivision (demi, quart, douzain) respectivement 30, 15 et 5 sols. L’écu d’argent connu un tel succès que ce nom sera réservé au monnayage d’argent jusqu’en 1793. Cette année 1641 voit les dernières frappes des demi et quart de francs, qui ne seront dès lors plus utilisés. Le franc disparait une fois de plus, et ne reverra le jour qu’à la Révolution Française… Voici illustré à titre informel le nouveau monnayage royal à partir de la réforme monétaire de 1640-1641, en or tout d’abord : Louis XIII, double Louis, 1640, atelier de Paris (A). Diamètre 29mm, poids 13,49g. AVERS : LVD. XIII. D. G. - FR. ET. NAV. REX. Tête laurée à droite, la mèche longue sans baie dans la couronne. REVERS : . CHRS. -. REGN. -. VINC. -. IMP. Croix formée de huit L adossés deux par deux, couronnées, cantonnée de quatre lis. Lettre d'atelier dans un cercle en cœur. ©monaiesdantan.com Louis XIII, Louis, 1643, atelier de Lyon (D). Diamètre 25mm, poids 6.61g. AVERS : LVD. XIII. D. G. - FR. ET. NAV. REX. Tête laurée à droite, la mèche longue sans baie dans la couronne. REVERS : . CHRS. -. REGN. -. VINC. -. IMP. Croix formée de huit L adossés deux par deux, couronnées, cantonnée de quatre lis. Lettre d'atelier dans un cercle en cœur. ©monaiesdantan.com Louis XIII, demi Louis, 1642, atelier de Paris (A). Diamètre 20mm, poids 3,34g. AVERS : LVD. XIII. D. G. - FR. ET. NAV. REX. Tête laurée à droite, la mèche longue sans baie dans la couronne. REVERS : . CHRS. -. REGN. -. VINC. -. IMP. Croix formée de huit L adossés deux par deux, couronnées, cantonnée de quatre lis. Lettre d'atelier dans un cercle en cœur. ©monaiesdantan.com Puis en argent : Louis XIII, écu, 1642, atelier de Paris (A). Diamètre 40mm, poids 27,23g. AVERS : LVDOVICVS. XIII. D. G. FR. ET. NAV. REX. Buste du roi lauré et drapé à droite. REVERS : SIT. NOMEN. DOMINI. (atelier) BENEDICTVM. (millésime). Ecu de France couronné. ©monaiesdantan.com Louis XIII, demi écu, 1642, atelier de Paris (A). Diamètre 33mm, poids 13,54g. AVERS : LVDOVICVS. XIII. D. G. FR. ET. NAV. REX. Buste du roi lauré et drapé à droite. REVERS : SIT. NOMEN. DOMINI. (atelier) BENEDICTVM. (millésime). Ecu de France couronné. ©monaiesdantan.com Louis XIII, quart d’écu, 1643, atelier de Paris (A). Diamètre 27mm, poids 6,83g. AVERS : LVDOVICVS. XIII. D. G. FR. ET. NAV. REX. Buste du roi lauré et drapé à droite. REVERS : SIT. NOMEN. DOMINI. (atelier) BENEDICTVM. (millésime). Ecu de France couronné. ©monaiesdantan.com Louis XIII, douzième d’écu, 1643, atelier de Paris (A). Diamètre 21mm, poids 2,23g. AVERS : LVDOVICVS. XIII. D. G. FR. ET. NAV. REX. Buste du roi lauré et drapé à droite. REVERS : SIT. NOMEN. DOMINI. (atelier) BENEDICTVM. (millésime). Ecu de France couronné. ©monaiesdantan.com A noter que sous Louis XIV, on continue à trouver trace d’écu d’or au soleil, frappés dans le même temps que les Louis d’or. Brièvement (1655-1657), on trouvera même des lis d’or (poids abaissé, valeur de 7 livres, soit 30% de moins qu’un Louis) et d’argent. Louis XIV, lis d’or, 1656, atelier de Paris (A). Diamètre 24mm, poids 3,98g. AVERS : DOMINE. ELEGISTI. LILIVM. TIBI. Paire d’ange soutenant l’écu de France couronné. REVERS : LVDOVIC. XIIII. D. G. FRAN. ET. NAV. REX. Croix formée de 4 lys couronnés et cantonnée de lys, avec en cœur la lettre d’atelier. ©monaiesdantan.com Louis XIV, lis d’argent, 1656, atelier de Paris (A). Diamètre 30mm, poids 7,91g. AVERS : LVD. XIIII. D. G. FR. ET. NAV. REX. Buste du roi drapé à droite. REVERS : DOMINE ELEGISTI LILIVM TRIBI 1656. Croix formée de quatre groupes couronnés de deux L adossés, cantonnée de quatre lis. Lettre d'atelier au centre. ©monaiesdantan.com [nbpagination_toc="En guise de conclusion : la révolution française et le retour au franc…"] En guise de conclusion : la révolution française et le retour au franc… Je ne reviendrai pas en détail sur les évènements de 1789 et les profonds bouleversements qui s’ensuivirent. Cela serait un peu long et dépasserai le cadre de cet article. On précisera seulement que l’État français était profondément endetté dès 1783. La révolution hérite de ces dettes. Afin de pallier au manque d’espèce, la Convention créé dans un premier temps des billets d’escompte, puis des assignats, mettant en gage les bien nationaux. Le système de la livre rappelant trop l’Ancien Régime, le franc est de nouveau utilisé en tant qu’unité de compte. En 1795, l’ancien système duodécimal (basé sur la douzaine) en vigueur depuis le moyen âge est remplacé par un système décimal, plus simple, basé sur la dizaine : 1 franc est désormais divisé en 10 décimes de 10 centimes chacun. Enfin en 1803, le consul Bonaparte, voulant mettre fin à la circulation anarchique de monnaies nouvelles et anciennes, créé le franc germinal. Il s’accompagne de la création du franc-or qui supplante l’ancien Louis d’or royal. L’émission de la nouvelle monnaie (pièce de 40 francs-or, 20 francs-or, 5 francs, 2 francs et 1 franc – ces trois dernières en argent – ) est confiée à la toute nouvelle Banque de France. Le franc germinal restera une grande réussite puisqu’il perdurera jusqu’en 1914. Il sera même à la base d’une première tentative d’uniformisation européenne en 1867 : l’Union Latine qui utilise l’étalon or, aux normes (poids, titre) qui reprennent celles du franc-or alors en vigueur. Quelques exemples des monnaies, de la révolution au franc germinal : Monarchie Constitutionnelle : Louis XVI, 30 sols type François, 1791, atelier de Paris (A). Diamètre 28mm, poids 10,14g. AVERS : LOUIS XVI ROI DES FRANCOIS. Buste du roi à gauche. REVERS : RÈGNE DE LA LOI L’AN 3 DE LA LIBERTÉ. Génie gravant la Constitution posée sur un autel à droite, entre 30 et SOLS ; (Mg) sous le chiffre 30 et la lettre d'atelier sous le mot SOLS. ©monaiesdantan.com Exemple d'assignat : Assignat de 10.000 francs, An 3 de la république (1794-1795). © www.cgb.fr La première République et la réintroduction du franc (le Directoire en ce qui concerne la monnaie ci-dessous) : République Française, 5 francs « Union et Force », an 9 (1800-1801), atelier de Bayonne (L). Diamètre 37mm, poids 24,43g. AVERS : UNION ET FORCE. Hecule nu debout de face avec la léonté, unissant la Liberté debout à gauche tournée à droite tenant une pique surmontée d'un bonnet phrygien, vêtue d'un peplos, et l'Égalité debout à droite tournée à gauche, tenant le niveau, vêtue d'un chiton REVERS : REPUBLIQUE FRANÇAISE*. Au centre en trois lignes 5 / FRANCS / L’AN 9, dans une couronne formée d'une branche de laurier et d'une branche de chêne. ©monaiesdantan.com Puis pendant le Consulat (1799-1804), création du franc germinal : République Française, 2 francs, 1806), atelier de Bayonne (L). Diamètre 27mm, poids 9,98g. AVERS : NAPOLEON - EMPEREUR. Tête nue de Napoléon à droite. REVERS : REPUBLIQUE FRANCAISE./ 2 / FRANCS. / (millésime) (atelier) au centre, dans une couronne formée de deux branches d'olivier.. ©monaiesdantan.com République Française, 20 francs-or, an 13, atelier de Perpignan (Q). Diamètre 21mm, poids 6,34g. AVERS : NAPOLEON - EMPEREUR. Tête nue de Napoléon à gauche. REVERS : REPUBLIQUE FRANCAISE./ 20 / FRANCS. / (millésime) (atelier) au centre, dans une couronne formée de deux branches d'olivier. ©monaiesdantan.com Voici ce qui concluera mon propos sur cette petite histoire du franc. J'espère que ce modeste travail vous aura plu ! Texte : medaille59 Photos : ©monaiesdantan.com / ©inumis.com / ©BNF / ©vinchon.com / © www.cgb.fr /©collection personnelle medaille59 Bibliographie : - Les monnaies royales françaises, A. Clairand et M. Prieur, Édition les Chevaux légers, Paris, 2008. - Monnaies royales de Saint Louis à Herni IV, C. Beaussant, Banque de France, Paris, 1989. - Monnaies royales de Louis XIII à Louis XVI, C. Beaussant, Banque de France, Paris, 1989. - La guerre de Cent Ans, J. Favier, Édition Fayard, Paris, 1980.
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